Vous prétendez vouloir sauver la retraite par répartition alors que vous organisez sa liquidation au profit des assureurs privés

samedi 23 octobre 2010.
 

Par Nicole Borvo Cohen-Séat, Sénatrice du groupe des sénateurs communistes et du parti de gauche

Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, Mes chers collègues,

La grande majorité de notre peuple exprime son opposition à votre projet de loi de réforme des retraites.

Pourtant, le Président de la République, son gouvernement répètent depuis le printemps dernier le même discours : il n’y a pas d’autre réforme possible : les caisses sont vides, les salariés doivent cotiser plus et plus longtemps. Monsieur le ministre, la méthode « Couet » a des limites. Pourquoi ?

Parce que nos concitoyens constatent que l’argent public a servi à sauver sans aucune contrepartie les banques et les actionnaires qui ont provoqué la crise financière que nous connaissons.

Parce que nos concitoyens constatent que pendant que vous prétendez vouloir sauver la retraite par répartition, vous organisez sa liquidation au profit des assureurs privés qui, comme Guillaume Sarkozy, frère du Président et PDG de Malakoff Mederic, attendent avec impatience, le vote de la loi et sa suite, c’est-à-dire un basculement vers la capitalisation.

Parce que nos concitoyens constatent que les jeunes de 18/25 ans sont de plus en plus chômeurs ou précaires et que les salariés de plus de 50 ans le sont aussi, situation insupportable que votre réforme va encore aggraver.

Parce que nos concitoyens constatent que vous vous refusez à toucher un tant soit peu les privilèges exorbitants de quelques uns, tandis que vous taxez toujours plus les salariés.

M. le Premier Ministre, vous avez certainement lu un article d’un quotidien économique ce matin, intitulé : « le trésor de guerre des vedettes du CAC 40 ». Elles disposent de 146 milliards d’euros de trésorerie et caracolant en tête avec 14 milliards de trésorerie le groupe Total.

De toute évidence, l’argent public ne va pas à l’investissement pour l’emploi, mais à la spéculation financière.

M. le Premier Ministre, notre peuple n’en peut plus de l’injustice et des privilèges. M. le Premier Ministre, les organisations syndicales vous demandent, raisonnablement, de suspendre le débat et de vous asseoir enfin à la table des négociations.

M. le Premier Ministre, nous demandons au Président de la République, de cesser de provoquer les salariés et les jeunes en les assimilant aux casseurs, de retirer ce projet et d’accepter enfin le dialogue.

1) Retraites : une réforme tout bénef... pour les assureurs !

En toute discrétion, pendant l’été, plusieurs députés ont déposé quelques subtils amendements à la nouvelle loi sur les retraites. Objectif : généraliser la retraite par capitalisation. Et tant pis si l’exemple américain vire au cauchemar.

Ce n’est un secret pour personne. Les pensions des retraités baissent. Et elles continueront de baisser. Encore et encore. A tel point qu’Aviva, sixième assureur mondial, affirme que les 27 pays de l’UE devront trouver 1.900 milliards d’euros pour assurer une "retraite décente" à leurs citoyens qui prendront leur retraite entre 2011 et 2051. Dont 243 milliards pour la France. Ainsi, Aviva estime que le Français moyen devra épargner 8 000 euros par an pour compléter sa retraite future. Une aubaine pour les assureurs...

Amendements à buts très lucratifs

Un journaliste du site miroirsocial.com s’est penché sur le texte de la nouvelle loi sur les retraites. Et devinez ce qu’il y a trouvé : quelques discrets amendements, déposés sans tambour ni trompette, destinés à développer les "plans d’épargne collectifs pour la retraite" (PERCO) et les "plans d’épargne-retraite populaire" (PERP). Créés par Fillon en 2003, ces fonds de pension investis en Bourse sont abondés par le salarié, selon ses moyens, et son employeur, selon sa volonté. Avec en général une contrepartie : le gel des salaires. Et donc une baisse des cotisations du régime général, comme le souligne le Canard Enchainé de cette semaine. Une façon discrète de transférer des fonds du système par répartition vers la capitalisation individuelle...

Modernité, quand tu nous tiens...

Jusqu’à présent, les PERCO étaient réservés aux grandes entreprises. Un amendement propose de les généraliser aux PME. Un autre suggère d’y affecter la moitié des sommes versées au titre de la participation. Un troisième demande aux entreprises offrant une retraite chapeau à leurs dirigeants de créer systématiquement un PERCO à destination de leurs salariés. Et enfin, un dernier propose à ceux qui n’auraient pu profiter de leurs RTT de les reverser sur un fonds d’épargne retraite. Bref, tout est fait pour que la retraite par capitalisation se généralise, alors qu’elle restait jusqu’à présent une exception.

Un Sarkozy peut en cacher un autre

En 2009, les plans de capitalisation représentaient près de 10 milliards d’euros de cotisations, sur les 230 versés au régime général. C’est peu, mais déjà beaucoup pour un produit aussi jeune. Et les nouvelles mesures ne manqueront pas d’accélérer encore le mouvement. Une catastrophe, pour les salariés. Une opportunité, pour les assureurs, qui multiplient les offres d’assurance retraite par capitalisation. Ainsi, le groupe Malakoff-Mederic, dont le PDG, Guillaume Sarkozy, n’est autre que le frère de notre président... s’apprête à lancer son offre PERCO. Ça marche comme ça chez les Sarkozy : Nicolas réduit les montants des pensions de retraite pendant que Guillaume propose des complémentaires aux salariés les plus aisés.

Oncle Sam floué...

Pourtant, la retraite par capitalisation est une catastrophe. Une récente étude universitaire montre qu’il manque 6.600 milliards de dollars aux fonds de pension américains pour maintenir le niveau de vie de leurs assurés pendant leur retraite, soit 45% du PIB des Etats-Unis. Excusez du peu ! Les fonds de pension US sont dans une situation financière abracadabrantesque. Ceux des 100 premières entreprises américaines accusent un déficit de 460 milliards de dollars. A ce jour, les retraités américains ne sont pas sûrs de recevoir le fruit de leur épargne. Loin de là. Un exemple de modernité, à suivre de toute urgence...

de Napakatbra

http://www.agoravox.fr/tribune-libr...


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