Le 12 octobre 2010, une journée décisive et historique ! (textes Gauche Unitaire, PCF, NPA)

mardi 12 octobre 2010.
 

1) Retraites : le 12 octobre, tout peut basculer ! par Gauche Unitaire

Tout le monde a senti ces derniers jours une accélération de la situation sociale et politique. Un processus de débat très large, très profond s’est engagé parmi les salariés dans les entreprises, dans les administrations, dans les universités sur la question de la reconduction de la grève après le 12 octobre. Après les mobilisations massives du 7, du 23 septembre et du 2 octobre, et face à l’inflexibilité gouvernementale, la prise de conscience s’est accrue sur la nécessité de passer un cap dans le rapport de force. On a souvent tendance à repousser les solutions les plus coûteuses au dernier moment… Ces derniers jours, des préavis de grève intersyndicaux ont d’ors et déjà été déposés dans plusieurs secteurs que ce soit dans le public (transport, éducation, administration…) ou dans le privé (routiers, raffineries…). La réflexion de certains syndicalistes pour qui le démarrage d’une grève reconductible devait reposer sur plusieurs secteurs semble avoir fait son chemin. Ce débat à grande échelle qui a lieu actuellement parmi les salariés est d’une certaine façon une expérience inédite. Alors que les précédents grands conflits sociaux avaient reposés sur la mise en mouvement d’un secteur qui tirait en avant la mobilisation (cheminots en 1995, enseignants en 2003, jeunes, en 2006), aujourd’hui, c’est toute la population qui prend conscience qu’une épreuve de force majeure va se jouer.

Le changement de climat du côté gouvernemental est également éclairant. La tension est palpable. Même le conseiller social du président, Raymond Soubie, qui constitue la « mémoire de la lutte des classes » pour les pouvoirs en place n’arrive plus à masquer une certaine inquiétude (« Ne dite pas que je suis serein » avoue t-il au journal Le Monde). Le psychodrame grotesque sur la vraie fausse démission de Bernard Kouchner, les luttes d’influence qui agitent les uns et les autres pour se placer en tant que futur premier ministre illustrent les fragilités du navire gouvernemental. Quant à la débandade des députés et sénateurs de droite, qui depuis une semaine renient le sacro saint bouclier fiscal, c’est le symptôme d’une panique à bord dont nul ne sait où elle va s’arrêter.

La confrontation est donc à un tournant. L’ampleur de la mobilisation du 12 octobre, sera évidemment un facteur essentiel des prises de décisions. Il ne faut certes pas sous estimer les difficultés qui pèsent sur les salariés, le poids de 30 ans de contre réformes libérales, de déstructuration des collectifs de travail, de précarisation et d’atomisation des individus. Mais le rejet, voire la haine, que suscitent ce pouvoir monarchique et arrogant et l’importance pour chacun d’entre-nous d’une réforme qui touche à une étape essentielle de nos vies peuvent être des moteurs puissants qui décuplent les forces du mouvement social.

Face à l’illégitimité d’un pouvoir enfermé dans sa tour d’ivoire, tenu en laisse par les agences de notation et les marchés financiers, toutes les forces politiques et sociales doivent prendre leur responsabilité. Tout le monde voit que le maintien de l’unité syndicale n’est pas une condition formelle (où en serait-on si elle ne s’était pas maintenue jusqu’à ce jour ?) mais un élément de la confiance des salariés. Les forces politiques de gauche ont aussi une responsabilité dans la bataille en cours. Au delà des divergences réelles qui peuvent exister et sont assumées, sur la question de la hausse de la durée de cotisation par exemple, toutes les forces de gauche – du PS au NPA – se retrouvent pour réclamer le retrait du projet Fillon. Les forces de gauche doivent maintenant affirmer ensemble qu’elles soutiendront jusqu’au bout sur cette base la lutte en cours. Elles se doivent d’envoyer ce signal d’encouragement à tous les salariés et à la jeunesse.

2) Assez Sarko Nous ne lâcherons pas ! PCF

Ce 12 octobre, une nouvelle fois, nous sommes déterminés, salariés du privé comme du public, à refuser le projet Sarkozy-Fillon. Ils continuent de mentir et nient une évidence : leur réforme est très largement contestée et restera illégitime, même votée ! Illégitime car présentée par un gouvernement discrédité par ses rapports de soumission au monde de la finance et au patronat.

Illégitime car votée avec de basses manoeuvres antidémocratiques, aujourd’hui au Sénat hier à l’Assemblée Nationale, imposées par un gouvernement qui refuse depuis des mois de discuter, de négocier. Illégitime car elle s’oppose à l’exigence exprimée par plus de 70% de l’opinion publique et des millions de manifestants.

On parle d’un risque de blocage ! Mais qui bloque, si ce n’est le gouvernement et Nicolas Sarkozy. Ils bloquent et choisissent de passer en force car ils veulent nous faire payer la crise pour continuer à gaver les marchés financiers et les grandes fortunes. Un seul exemple, après avoir voté à l’Assemblée nationale le report des âges de départ à la retraite pour « sauver notre système de retraite », les mêmes s’apprêtent à supprimer l’ISF (impôt sur les grandes fortunes) ! Après le 12 octobre, unis et déterminés continuons à agir pour faire reculer ce pouvoir impopulaire. Un pouvoir qui s’apprête à amplifier son projet antisocial au service du MEDEF avec la remise en cause des 35h00 la casse des services publics, la baisse des budgets de la sécurité sociale... !

Le Parti Communiste soutiendra toutes les formes d’action décidées par les salariés et leurs syndicats dans l’unité.

3) Une seule solution  : grève générale reconductible  ! NPA

Les mensonges du gouvernement n’y feront rien, une chose est sûre  : la mobilisation contre la réforme Sarkozy-Fillon-Woerth des retraites ne faiblit pas.

Le 2 octobre, beaucoup de nouveaux manifestants ont défilé dans plus de 200 villes sur tout le territoire. Les cortèges étaient différents de ceux des 7 et 23 septembre. Moins de salariés venus des grandes entreprises, mais plus de salariés de catégories et de métiers qui ne peuvent faire grève ou ne sont pas organisés syndicalement, un public beaucoup plus large, et plus de jeunes. Plus familiale mais tout aussi déterminée. En fait, il s’agit bien d’un nouvel élargissement de la mobilisation, représentatif du rejet de la politique de Sarkozy par plus de 70 % de la population. Mais après ce nouveau succès nous ne devons pas nous arrêter là. Le gouvernement n’est pas décidé à reculer sous la seule pression de l’opinion publique exprimée par les sondages et la participation aux manifestations. La septième loi en dix ans sur l’immigration, les propos racistes des ministres et l’agitation de la menace terroriste ne permettent même pas à ce gouvernement de retrouver une quelconque légitimité.

Il faut donc franchir un pas dans la mobilisation. Il n’y a pas d’autre solution pour bloquer ce plan de destruction de notre système de retraites, que de bloquer l’activité économique et sociale du pays. Le gouvernement veut non seulement nous imposer une défaite sur les retraites, symbole de son quinquennat, mais aussi continuer par la casse de la Sécurité sociale, de l’école, de l’hôpital public, ce qui reste des 35 heures et par de nouvelles atteintes aux libertés publiques.

Les salariés de nombreuses professions, de nombreuses régions ont bien compris cette volonté du gouvernement de nous attaquer sur tous les terrains. C’est bien pourquoi beaucoup de mobilisations se développent sans attendre les journées nationales. Ainsi, plusieurs milliers d’infirmiers anesthésistes ont défilé vendredi 1er octobre dans les beaux quartiers de Paris, les dockers de plusieurs ports sont en grève non seulement pour leurs emplois et la pénibilité mais aussi, parce que pour eux aussi tout est lié, pour les retraites. Plusieurs centaines de salariés de Ford-Bordeaux ont troublé la fête du Mondial de l’automobile en manifestant dans le Salon pour la sauvegarde de leurs emplois.

Certes, salariés et équipes syndicales restent marqués par les échecs et les reculs des dernières années. La dernière déclaration de l’intersyndicale du 4 octobre cache mal le refus des principales confédérations d’engager l’affrontement avec le gouvernement. Mais dans les entreprises, les bureaux, les quartiers, les écoles, les hôpitaux... la dégradation des conditions de vie et de travail, la politique raciste du gouvernement provoquent la colère et la révolte. Partout nous devons susciter, amplifier les mobilisations, les grèves, les débrayages, les blocages. Il ne faut plus seulement débattre de la grève reconductible mais gagner partout l’engagement de la mobilisation sur cette voie. Face à la chape de plomb médiatique, nous devons faire circuler les informations, prendre contact de secteur en secteur, de ville en ville. Moins que jamais le développement de la grève reconductible ne sera le seul résultat de consignes nationales ni de spontanéités locales. Si quelques décisions fermes sont d’ores et déjà prises dans cette direction (RATP) de nombreuses structures semblent prêtes à s’y engager (SNCF, Éducation, CGT Seine-Maritime, Bouches-du-Rhône et Paris, intersyndicales Ville de Paris et plusieurs «  territoriaux  », Fédération chimie CGT, etc.). L’action concertée des équipes syndicales et des militants convaincus et sincèrement engagés dans la construction de l’affrontement peut modifier le rapport de forces et faire reculer le gouvernement.

N’attendons pas le 12 octobre, ne nous arrêtons pas au 12 octobre.

Robert Pelletier


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message