Si on veut gagner, il faut rester unis dans l’action (Jean-Claude Mailly, Force Ouvrière)

jeudi 23 septembre 2010.
 

« LE GOUVERNEMENT PREND LE RISQUE DE PARALYSER LA FRANCE »

Capital.fr : Comment s’annonce la journée de mobilisation du 23 ?


Jean-Claude Mailly : J’espère qu’il y aura au moins autant de manifestants que le 7 septembre. D’après les remontées de nos sections dans toute la France, la mobilisation contre la réforme des retraites monte en puissance.

Capital.fr : Le gouvernement a martelé que manifestations ou pas, le cœur de la réforme, c’est-à-dire le report de l’âge légal de la retraite ne serait pas modifié…


Jean-Claude Mailly : Le gouvernement cherche le rapport de force en s’arcboutant sur ses positions. Il est dans son jeu. Mais la réforme est loin d’être entérinée. Nicolas Sarkozy agit sur ce dossier sans concession pour des objectifs purement politiques. Il cherche à faire un geste envers son électorat et il veut montrer à la veille de la présidence du G20 par la France, qu’il est capable de réaliser des réformes économiques. Le problème c’est que les mesures se font sur le dos des salariés. A eux de se mobiliser pour inciter le gouvernement à revenir sur ce texte.

Capital.fr : Une réforme des retraites est tout de même inévitable…


Jean-Claude Mailly : Bien sur, mais il faut partir sur d’autres bases. Plutôt que reporter l’âge légal, mesure la plus simpliste et la plus injuste, il faut s’attaquer au financement. Nous sommes par exemple prêts à accepter une hausse de la CSG à condition que son assiette soit élargie aux revenus du capital. Plus globalement c’est une réforme profonde de la fiscalité qu’il faut entreprendre en France afin de revenir sur les nombreux cadeaux fiscaux, qui amputent les recettes de l’Etat. Sur la pénibilité nous estimons qu’une faible cotisation des entreprises, qui serait mutualisée, permettrait de financer sans mal des retraites anticipées. Dommage que toutes nos propositions n’aient jamais été étudiées avec sérieux.

Capital.fr : Se dirige-t-on vers une radicalisation du mouvement ?


Jean-Claude Mailly : Le gouvernement prend le risque de paralyser la France. Le contexte économique et social est particulièrement dégradé. Je suis marqué par le pessimisme ambiant qui règne dans les entreprises. Les salariés qui affrontent le chômage et voient leur pouvoir d’achat baisser ont l’impression qu’ils paient encore avec cette réforme des retraites les effets de la crise financière. Avec ce sentiment d’injustice grandissant, le mouvement peut encore prendre de l’ampleur.

Capital.fr : Quelles formes prendront les prochaines actions syndicales ?


Jean-Claude Mailly : J’ai toujours expliqué que les manifestations à répétition avaient des limites. Si le gouvernement ne fait pas de gestes significatifs nous demanderons aux autres syndicats de réfléchir à la possibilité de lancer rapidement une journée de grève.

Capital.fr : Bernard Thibaut, le leader de la CGT, a récemment ironisé sur les "appels incantatoires" à la "grève générale" en visant FO …


Jean-Claude Mailly : Il faudrait que Bernard Thibaut révise ses classiques. Je n’ai jamais appelé à la grève générale qui en France à une connotation particulière. De toute façon, ce type d’action ne fonctionne évidemment pas lorsqu’il vient uniquement des dirigeants des centrales et s’il émane d’un seul syndicat. Si on veut gagner, il faut rester unis dans l’action. Cela ne veut pas dire parler d’une seule voix. FO a une position différente de celles d’autres syndicats, puisque nous demandons le retrait pur et simple du texte du gouvernement. Mais cela ne nous empêche pas de répondre massivement présent lors des journées d’actions.

Propos recueillis par Frédéric Cazenave


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