Rencontre Hamon-Besancenot : enfin une bonne nouvelle à gauche ! (Par Philippe Marlière)

dimanche 5 septembre 2010.
 

Ne boudons pas notre plaisir, les bonnes nouvelles ont été rares à gauche ces derniers mois. Réjouissons-nous donc de la rencontre entre Olivier Besancenot, le porte-parole du NPA et Benoît Hamon, porte-parole du PS et leader d’Un monde d’avance, le courant de gauche du PS.

Besancenot sera présent à l’université d’été d’Un monde d’avance le 19 septembre au Vieux-Boucau (Landes). Il interviendra lors d’un meeting de clôture consacré aux retraites. Il sera entouré de Benoît Hamon et d’Henri Emmanuelli (PS), de Pierre Laurent (PCF) et de Vincent Placé (Verts).

Notons que l’année dernière, Pierre-François Grond, un proche de Besancenot, avait été invité par la gauche du PS sans que cela ne provoque le moindre remous politique et médiatique.

Des deux côtés, on indique que le NPA et le PS sont pour la défense de la retraite à 60 ans. C’est un point de départ, car il existe également des divergences. Ainsi, le PS a accepté une hausse des cotisations, ce que refuse fermement le NPA.

On pourrait aussi ajouter qu’il s’en est fallu de peu pour que le PS ne suive Sarkozy sur le départ à la retraite à 62 ans. L’aile néolibérale du PS (qui persiste aujourd’hui en sourdine), mais également un court moment Martine Aubry, avaient paru s’aligner sur la droite. Mais Aubry a compris qu’en entérinant cette régression sociale historique, elle hypothèquerait toute chance de victoire à l’élection présidentielle. Sur ce dossier, l’influence de l’aile gauche socialiste est donc indiscutable.

Après 2007, la course à droite du PS La rencontre Hamon-Besancenot apparaît dictée par le réalisme politique : l’unité de toutes les forces de gauche est nécessaire pour faire reculer le projet de Nicolas Sarkozy. Hamon et Besancenot devraient partager la même tribune dès le 8 septembre à Montreuil, à l’occasion d’un meeting de la gauche contre le projet de la droite.

Olivier Besancenot a pu ironiser que le NPA n’est plus infréquentable sous Aubry. Il s’agit effectivement d’une rupture avec la période brejnévienne du PS sous la coupe de François Hollande. Pendant cette longue phase de régression politique (1997-2008), le PS eut pour interlocuteur privilégié le PCF de Robert Hue, dont l’objectif majeur était de coller au plus près le PS pour sauver ses élus.

Après la défaite de leur candidate New Age en 2007, les dirigeants du PS se sont lancés dans une course à droite aussi navrante que suicidaire :

* défections à la chaîne de socialistes partis rejoindre le gouvernement Fillon,

* proposition d’alliance avec le MoDem de François Bayrou (qui en parle encore aujourd’hui ? ),

* vote inique du Traité de Lisbonne par le Congrès obtenu grâce à l’abstention de parlementaires socialistes,

* discours inaudible lors de la crise capitaliste,

* et, après l’élection européenne, ouverture au libéral-libertaire Cohn-Bendit, hier follement « moderne » dans son rôle de pourfendeur de la « vieille » gauche, aujourd’hui redevenu has been politique.

Tous ces projets ont été des échecs car leur mise en œuvre (droitière) n’aurait répondu à aucune attente populaire dans le domaine social. Les thèses des néolibéraux du PS ont en outre été discréditées par les événements.

Le PS a besoin du NPA Cependant, il en faut plus pour que leurs concepteurs rentrent dans le rang. Dès l’annonce de la rencontre Hamon-Besancenot, deux caciques de la droite ont dénoncé l’« irresponsabilité » de Benoît Hamon et affirmé que les positions du PS et du NPA sur les retraites sont « incompatibles » (les deux partis sont pourtant pour le maintien de la retraite à 60 ans ! ).

L’un, Pierre Moscovici, est le lieutenant de Dominique Strauss-Kahn et fervent défenseur du Traité constitutionnel européen rejeté par les Français.

L’autre, Gérard Collomb, allié à Ségolène Royal en 2007, est l’homme de toutes les surenchères droitières dans le PS. Il apporta son soutien à Georges Frêche lors des dernières élections régionales. Collomb demanda à son parti de faire un geste d’« apaisement » en faveur du président de la région Languedoc-Roussillon pourtant condamné par la justice pour propos racistes, puis exclu du PS.

Pour stopper la loi sur les retraites et battre le sarkozysme, le PS a besoin du NPA et de l’ensemble des forces de gauche. Chaque grande victoire législative de la gauche en France (1936, 1981 et 1997) a été acquise à l’issue d’une période de rapprochement entre les principaux partis.

Décalage entre les stratégies et les attentes populaires Les défaites successives du PS à l’élection présidentielle ne sont pas que des erreurs de casting (Jospin avait l’étoffe d’un Président), mais elles ont été essentiellement causées par des stratégies et des programmes en porte-à-faux avec les attentes populaires (Jospin en 2002 et surtout Royal en 2007).

L(e) candidat(e) socialiste ne pourra espérer l’emporter en 2012 que s’il/elle prend la pleine mesure de l’exaspération populaire suscitée par un quinquennat de politiques antisociales et sécuritaires. Les électeurs éliront le/la candidat(e) qui donnera un débouché politique à la volonté de rupture avec le sarkozysme.

Après ses contre-performances aux élections européennes et régionales, le NPA va devoir trancher entre deux stratégies :

L’une, « gauchiste », consisterait à confirmer l’isolement et la surenchère verbale à gauche. Celle-ci n’offrirait aucun débouché au vote NPA et entraînerait de nouveaux reculs électoraux et une crise militante. L’autre, « unitaire » (dans la tradition trotskyste), tenterait de canaliser la radicalité des mouvements sociaux (explicite ou diffuse) pour favoriser un « arc » de réformes sociales radicales.

Rappelons-nous qu’en 1936, la gauche s’était engagée en guise de programme commun à dissoudre les ligues factieuses. Cette mesure minimaliste ne contenta pas le peuple qui voulait des réformes sociales ambitieuses. Elle le lui fit savoir en lançant des mouvements de grève de grande ampleur. Il en résulta l’instauration des deux semaines de congé payé et la semaine hebdomadaire de 40 heures.

Aujourd’hui encore, la gauche doit urgemment répondre aux attentes sociales du peuple. L’unité d’action sur des questions comme la sauvegarde des retraites est donc cruciale. Espérons que la rencontre Hamon-Besancenot ne soit qu’un début.


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