Suppression d’emploi dans l’industrie : Ce record que Sarkozy veut cacher

jeudi 12 août 2010.
 

La France a remporté en fin de semaine dernière un record historique, sur lequel le gouvernement s’est montré fort peu disert. En une seule année, 168 200 emplois ont été détruits dans l’industrie. Alors que, tous secteurs économiques confondus, le nombre de postes de travail disponibles a baissé de 1,5 %, les emplois dans l’industrie chutent de 5 %. Du jamais-vu. Derrière ces chiffres tranchants comme un couperet, il y a des hommes et des femmes, 
des vies abîmées, des familles affectées, des jeunes qui voient leur avenir chavirer. Aux trois cinquièmes 
du mandat présidentiel, pareille détérioration sur le front social est le signe d’un grave échec pour Nicolas Sarkozy. Le candidat Sarkozy avait placé sa campagne sous 
le signe de la valeur travail. Le président Sarkozy a laissé les jobkillers de tous poils affaiblir la France.

N’en déplaise au chef de l’État, la réalité existe indépendamment de ce qu’il en dit. La France racontée dans les discours présidentiels ne ressemble pas toujours à la France 
dans laquelle vivent 
les Français. En octobre 2008, en plein débat 
sur le plan de sauvetage 
des banques, Nicolas Sarkozy affirmait à Rethel, dans les Ardennes, 
que le second volet du plan consistait en des mesures destinées à soutenir l’activité économique 
et l’emploi. La suppression de la taxe professionnelle allait encourager les patrons à investir et à créer 
des emplois. L’assouplissement des règles de licenciement permettrait aux entreprises d’embaucher sans risque.

Jamais le monde patronal n’a disposé d’un gouvernement plus complaisant. Au passage, observons que les laboratoires pharmaceutiques, 
dont Sanofi-Aventis, troisième au palmarès semestriel du CAC 40, doivent beaucoup à Roselyne Bachelot  ; la dramatisation des effets de la grippe A a dopé leurs profits, mais le rapport accablant du Sénat est vite oublié dans les médias… Le monde du travail mesure aujourd’hui les effets de la politique sarkozyenne. 
Des emplois sont détruits par une intensification 
des charges de travail obtenu par un harcèlement pouvant conduire au suicide. Des emplois sont délocalisés 
dans des pays où l’on peut exploiter encore plus durement les travailleurs. Les restructurations opérées dans le cadre d’une guerre économique sans merci laissent des milliers d’emplois sur le champ de bataille.

La réduction de la part de l’industrie dans l’économie française n’est certes pas nouvelle  : elle a baissé de 9 % depuis 1993, mais le rythme atteint aujourd’hui nous place dans une situation critique. D’autant que les emplois sacrifiés sur l’autel du profit actionnarial ne se recréent pas aussi facilement que 
le Phénix renaît de ses cendres.

C’est pour éviter que les Français demandent des comptes que l’Élysée allume des contre-feux. Hortefeux, avec la même ardeur que Bachelot 
sur la grippe A, tente de persuader l’opinion que 
le chef-lieu de l’Isère est subitement devenu le Chicago du Dauphiné, déclare «  la guerre nationale aux voyous  » et, pour parfaire le dispositif, désigne un ennemi intérieur  : les Français ignoraient que leurs préoccupations, 
ce n’était pas l’avenir des retraites et la peur 
du chômage pour les enfants ou pour soi-même, 
mais les Roms, les «  étrangers  ». Tout est bon, même 
ce qu’il y a de plus abject, pour étouffer le débat sur 
le bilan du gouvernement.

Par Jean-Paul Piérot


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