La droite et les affaires : l’exemple de LVMH

samedi 31 juillet 2010.
 

Florence Woerth siège au conseil d’administration d’Hermès, filiale du géant du luxe LVMH, contrôlé par le milliardaire Bernard Arnault, qui a prospéré à l’ombre du pouvoir politique et des banques.

Le 7 juin 2010, Florence Woerth, l’épouse du ministre du Travail, fait une entrée remarquée au conseil de surveillance de la société Hermès, filiale du géant du luxe LVMH. À quel titre  ? Est-ce en raison de son activité de gestionnaire du patrimoine de la 3e fortune de France, Liliane Bettencourt  ? Cela paraît peu crédible. Reste une seule et unique raison  : son titre d’« épouse de... ». Au sein de LVMH, le cas de Florence Woerth n’est pas une exception. Le 15 avril précédent, l’épouse de l’ancien président de la République, Bernadette Chirac, l’a précédée au sein du groupe. L’assemblée générale des actionnaires l’a élue au conseil d’administration du numéro un mondial du luxe. On peut certes concevoir ces promotions dorées comme une petite affaire de copinage – ainsi, la proximité du 1er actionnaire de LVMH, Bernard Arnault, première fortune d’Europe, avec Jacques Chirac, est connue depuis longtemps. De fait, cela va au-delà.

Le conseil d’administration de LVMH constitue en effet un vrai cas d’école sur les liens entre la droite et les grands groupes de l’industrie, de la finance et des services. Y siège notamment Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d’Édouard Balladur. Cet énarque est passé en 1995 du public au privé en entrant chez Rothschild & Cie. Par la suite, il a agrandi sa carte de visite  : il est devenu directeur général du groupe Arnault, administrateur de LVMH, de Carrefour, de Suez Environnement. Chez LVMH, il a retrouvé un vieux routier des cabinets ministériels, passé sans états d’âme du ministère de l’Économie au Crédit commercial de France et du CCF au cabinet d’Édouard Balladur, Charles de Croisset. Ce dernier est ensuite revenu au CCF, et siège maintenant au conseil d’administration de Bouygues, d’Hermès, de Renault, des Galeries Lafayette. Il occupe ses loisirs en collaborant aux activités de la banque américaine Goldman Sachs International. Nicolas Bazire et Charles de Croizet siègent avec un autre ancien membre des cabinets d’Édouard Balladur, qui a aussi été précédemment l’un des conseillers de Jacques Chirac, l’ancien commissaire européen Yves-Thibault de Silguy.

Mais le groupe LVMH et son principal actionnaire, Bernard Arnault, doivent leur bonne fortune à l’aide conjointe du pouvoir politique et des banques. C’est Laurent Fabius qui, d’une certaine façon, ouvre le livre d’heures du milliardaire. En 1984, il lui permet de mettre la main sur ce qui reste du groupe Boussac, avec Dior notamment dans la corbeille. Le Crédit lyonnais apporte les munitions. C’est d’ailleurs cette même banque qui va lui donner la clé de l’empire du luxe LVMH en le finançant à tour de bras pendant des années. Une aide décisive qui, à partir de 1986, sera encouragée par la droite revenue aux affaires.

Pierre Ivorra


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