Christine Lagarde est venue… nous nous sommes parlés, et elle a refusé mon cadeau

lundi 19 juillet 2010.
 

Elle est venue. Elle était là. Je l’ai vue (si, si je vous jure, même si nous sommes assis à des points diamétralement opposés dans la salle) et même... nous nous sommes parlés. Lundi 5 juillet, Christine Lagarde, « la » Ministre des finances, est venue au Conseil de Paris, comme elle le fait finalement deux fois par an. Elle est intervenue pour dénoncer le budget supplémentaire proposé par le Maire de Paris. Elle a siégé jusqu’à 13h00, puis s’en est allée. Elle est donc restée quatre heures, pour une séance prévue sur deux jours.

Le matin même, dans le Parisien, un article racontait encore l’exaspération suscitée par ses absences répétées depuis mars 2008. Il s’agissait cette fois-ci, d’un article donnant la parole à des militants et élus UMP qui en ont assez de ne jamais la voir en séance du 12e arrondissement. Peut-être que cet article a eu pour conséquence de la faire venir, un peu plus longuement que d’habitude. Non ?

Taquin, j’avais décidé de profiter de l’occasion pour lui faire un cadeau. Il s’agissait d’un livre, au titre suivant : « Je me souviens du 12e arrondissement ». Peut-être, cher lecteur, trouverez vous cela un peu lourdingue ? Moi, cela m’amusait, et bon, personne n’est parfait. Lors d’une pause, j’ai cherché Mme Christine Lagarde, pour le lui remettre. Furtive, la rencontre a eu lieu dans un des couloirs de l’Hôtel de Ville, non loin de la salle de presse.

Manque de chance pour moi, sitôt qu’elle m’a reconnu, le sourire de Mme Lagarde a disparu, et elle a refusé mon cadeau. Ayant manifestement suivi avec une certaine attention, ma petite campagne (via ce modeste blog) pour sa démission, un petit échange de quelques minutes a eu lieu entre nous. C’était la première fois que nous nous adressions la parole. Peut être la dernière ?

Petit moment historique pour moi, de mémoire, je vais essayer de le retranscrire le plus fidèlement qui soit dans les lignes qui suivent. Si Mme la Ministre, ou son entourage, conteste ce compte-rendu personnel, je suis ouvert à toutes corrections.

Sur le fond des nos échanges, je laisse chaque lecteur les apprécier en conséquence.

Christine Lagarde : « Ce que vous faites Monsieur est profondément inélégant, vraiment peu correct. Savez-vous Monsieur, que je fais plusieurs dizaines de milliers de kilomètres chaque mois, que je parcours la planète, pensez-vous que j’ai le temps de venir… ? »

Moi : « Madame, je n’ai jamais considéré que vous ne faites rien de votre temps. Je suis conscient que vous avez un emploi du temps très chargé. Je constate seulement que depuis deux ans et demi vous ne pouvez honorer votre mandat. »

Christine Lagarde : « Mais, quand je voyage à travers le monde, je défends aussi les intérêts du 12e arrondissement. »

Moi : « Vous le feriez aussi bien, même si vous n’étiez pas élue du 12e. Je crois plus correct pour vos électeurs de démissionner de votre mandat. D’autres prendront votre place. »

Christine Lagarde : « Non. Je ne démissionnerai pas. Et vous vous trompez, Monsieur Je suis très souvent dans le 12e. J’y rencontre beaucoup de gens, des commerçants, des chefs d’entreprises. Je m’y promène aussi souvent à vélo. Vous pourriez même venir avec moi, si vous le souhaitez. »

Moi (un peu soufflé par la proposition) : « Mffeuu… Pourquoi pas ? Mais je ne crois pas que les électeurs nous aient élus pour nous promener à vélo ensemble dans l’arrondissement. Nous touchons une indemnité, qui nous impose, selon moi, de venir siéger au Conseil d’arrondissement ».

Christine Lagarde : « Mais, vous exagérez. Je viens, je viens autant que possible. Vous le savez bien ».

Moi : « Non, dans le 12e, vous ne venez jamais, depuis mars 2008. Vous touchez pourtant une indemnité pour cela. Vous trouvez cela correct ? »

Christine Lagarde : « Et bien, vous allez être très surpris à l’avenir. Vous allez voir. Vous allez être surpris. Si, si. Vous verrez. Bon allez, au revoir, au revoir… »

Voilà. C’est tout. Entourée de ses deux conseillers, elle est repartie à sa place. L’après-midi, elle n’était plus là. Moi, j’ai gardé le cadeau qui lui était destiné. Pour une prochaine fois ?

En attendant, hier, deux ministres ont démissionné pour avoir gaspillé de l’argent public. Et les autres ? Rarement crise du régime n’a été aussi profonde. Désormais, quelle est la légitimité de de ce gouvernement pour mener sa politique réactionnaire ? Libération d’aujourd’hui publie une enquête de Vivavoice assurant que 64 % des français considèrent "que les dirigeants politiques sont plutôt corrompus".

Enfin, pour solder ses absences lors de 23 séances successives (depuis mars 2008) au Conseil d’arrondissement du 12e, Mme Christine Lagarde me propose de faire, avec elle, des balades à vélo...


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