Quand Eric Woerth donnait des leçons de morale politique à Ségolène Royal

dimanche 4 juillet 2010.
 

Tandis que des soupçons de conflit d’intérêts pèsent aujourd’hui sur lui dans l’affaire Bettencourt, Eric Woerth émettait, dès 2008, des doutes sur la légalité des liens financiers entre Ségolène Royal et l’homme d’affaires Pierre Bergé.

Eric Woerth en Père la morale. Aujourd’hui embourbé dans l’affaire Bettencourt, l’ancien ministre du Budget, soupçonné d’avoir reçu des chèques pour le financement de sa propre formation politique dans l’Oise, n’hésitait pas, il y a un an et demi, à mettre en doute la transparence financière entourant les activités politiques de l’ancienne candidate à l’élection présidentielle Ségolène Royal. Au sujet de l’aide apportée à l’association Désirs d’avenir par l’homme d’affaires Pierre Bergé, Eric Woerth déclarait le 25 novembre 2008 sur Radio J que si "Pierre Bergé a ses amitiés" et qu’il pouvait "aider qui il le souhaite", "la question du rapport entre l’argent et la politique" se posait.

Alors que règne une certaine opacité autour de l’argent versé par Liliane Bettencourt au micro-parti de Woerth, ce dernier appelait à l’époque Ségolène Royal à "éclaicir" le financement de sa vie politique. "Le tout, c’est de respecter la loi", ajoutait-il.

Woerth : "il faut beaucoup de transparence"

Deux mois plus tard, celui qui cumulait ses fonctions de trésorier de l’UMP et de ministre du Budget en rajoutait à nouveau une couche dans une interview accordée à Europe 1 et datée du 30 janvier 2009. "Il y a des lois qui régissent les rapports entre la politique et l’argent, et heureusement, parce-que c’était sulfureux à certaines époques... ", rappelait-il.

S’interrogeant sur la nature juridique de Désirs d’avenir (DA), qui sert de base arrière à Ségolène Royal, le ministre, un brin moralisateur faisait un bref rappel à la loi. "Si c’est un parti politique (...) elle ne peut pas toucher au-delà de 7500 euros d’une personne physique. Tout ça est très précis et c’est tant mieux, il faut beaucoup de transparence". Des soupçons qui ont irrité à l’époque Pierre Bergé, "Je connais la loi et la respecte" se défendait l’homme d’affaires. Après avoir obtenu le statut de parti politique, DA est redevenu, en octobre 2008, une association de type loi 1901. Résultat : elle peut désormais recevoir des dons non-plafonnés... mais elle ne peut pas financer des campagnes électorales.

Pas sûr qu’aujourd’hui Eric Woerth puisse de nouveau s’adonner à ce genre d’attaques en règle sur le financement de la vie politique de Ségolène Royal, alors même que des doutes pèsent sur la nature des liens qu’il entretient avec certains généreux donateurs.

de Guillaume Stoll


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