L’ambiance politique se dégrade bien vite

lundi 5 juillet 2010.
 

Les dernières gesticulations du président affaiblissent à vue d’œil l’autorité du pouvoir. Chaque heure une bêtise de plus. Le licenciement de Didier Porte, la mise à l’écart de Stéphane Guillon ! J’ai d’abord cru que ce n’était pas vrai tellement c’est énorme. C’est tellement bête que même les gens qui ne les aimaient pas se disent que c’est trop. Quand à ceux qui les appréciaient ils sont tout simplement écœurés. Et après ca, ou avant, on finit par ne plus savoir, la réception du footballeur à la place des associations de défense des pauvres ! C’est tellement caricatural ! Et la provocation à la Courneuve ? Nul, bien sur. Pour avoir fait inculper et condamner des militants politiques sur des reprises aussi bénignes que « casse-toi, pauvre con ! » tiré de son propre vocabulaire, le président Sarkozy a vidé toute possibilité que des gens se manifestent pour dire qu’il n’est pas acceptable d’injurier pour de bon le chef de l’Etat. De toute façon ce n’est plus le sujet. Le pouvoir est un canard boiteux.

La deuxième mi-temps du quinquennat se présente comme une errance désordonnée. Ne reste que l’idée absurde d’agresser sans relâche les salariés pour faire la preuve de son pouvoir et refonder sa légitimité. Aujourd’hui c’était le tour des fonctionnaires de faire une fois de plus l’objet de la vindicte haineuse des amis des Bettencourt. Non seulement le point d’indice est bloqué, mais l’augmentation de la cotisation retraite va passer par là. Total, inflation plus cotisation moins cinq pour cent sur tous les salaires. Puis la bouche en cœur, dans le style « je me moque de vous parce que vous êtes des animaux stupides », ils défilent devant les micros pour dire, « non, nous ne baisserons pas les salaires des fonctionnaires ».

Cela ne produit rien d’autres pour l’instant qu’un mépris complet venu d’en bas pour tout ce qui vient d’en haut. Mais c’est le terreau propice pour une furieuse déflagration de dégout. « Qu’ils s’en aillent tous ! » C’est cela qui mûrit. Notez bien que je ne dis pas à qui cela ira dans les mains politiquement. Car le dégout frappe large. Très large. En fait il frappe tout le monde. Tout ce qui incarne une autorité fusse-t-elle symbolique. Les footballeurs à présent sont dans le même sac que les juges, journalistes, politiques, policiers, tous, tout le monde. Tout sent l’argent dont le commun est progressivement privé. A sa façon Copé le comprend quand il évoque le souvenir pour lui détestable de la nuit du 4 aout au cours de laquelle furent abolis les privilèges des nobles d’ancien régime.

Evidemment le pays souffre de toutes les façons possibles. Mais ce dégout nous sert. Il est juste de le dire ouvertement compte tenu du froid cynisme de nos adversaires. L’équipe au pouvoir s’est grisée en croyant à sa propre propagande. Elle n’a tenu aucun compte de ce que voulaient dire toutes les élections intermédiaires. Elle a cru que le passage en force permanent restant impuni, ce serait pour toujours et sur tous les sujets. Ces gens là ne croient qu’à la « com ». Ils ne pensent pas qu’il y ait un peuple réel composé de personnes qui s’efforcent de comprendre ce qui leur arrive et d’ajuster leur comportement à ce qui leur parait utile. Le peuple est une catégorie aussi absente de la pensée du pouvoir que l’est sa représentation sur l’écran de télé. C’est ce peuple là qui tourne et retourne en tâtonnant pour sentir une prise et trouver une issue à son encerclement par les emmerdements et la méfiance.

C’est le moment que choisissent quelques médias pour ramener la gauche à ses misères. Ainsi le phénomène Strauss-Kahn est-il en piste. Un rêve des puissants et des belles personnes. Ou bien pareil ou bien le même et sinon pire. Plus d’alternative. Le désert de l’histoire qui s’achèverait dans les rapports d’étape du FMI ou les comptes rendus du Fouquet’s ! Je donne à présent l’entretien réalisé par Marcello Wesfried pour le journal « l’Express » entre Pierre Moscovici et moi, à propos de l’identité politique de Dominique Strauss-Kahn. Je demande à ceux qui découvrent ce blog de faire un saut jusqu’à la note précédente pour comprendre l’enchainement de mes raisonnements qui se répondent et se complètent d’un entretien de presse à l’autre. Ils saisiront mieux aussi ce que j’avance à propos de la politique du FMI. Ils liront ce que je dis du compte rendu publiée par la mission d’enquête en France de cet organisme le 15 juin dernier.


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