Retraite Une réforme brutale pour un recul social sans précédent Réactions CGT, SUD, CFDT, FO, FSU, UNSA (7 articles)

jeudi 7 juin 2012.
 

7 septembre 2010 : Éric Woerth (ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique) présente devant l’Assemblée nationale un ensemble de mesures durcissant considérablement les conditions du départ en retraite, en particulier :

- âge légal de départ à la retraite repoussé de 60 à 62 ans.
- relèvement de 65 à 67 ans de l’âge à partir duquel ne s’applique plus le mécanisme de décote
- Dispositif pour carrière longue moins favorable (Les personnes ayant commencé après 18 ans sont exclues du dispositif et devraient donc cotiser jusqu’à 62 ans)
- augmentation de 7,85 % à 10,55 % du taux de cotisation de la retraite des fonctionnaires étalé sur 10 ans, sans augmentation de salaire...

Ci-dessous, réactions des syndicats :

1) Une pseudo-concertation pour un recul social sans précédent CGT

Le gouvernement vient de rendre public l’avant-projet de loi sur la réforme des retraites à l’issue d’une pseudo concertation.

Pour la CGT, c’est une réforme brutale pour un recul social sans précédent qui appelle ces premiers commentaires :

• En repoussant l’âge de départ à la retraite à 62 ans et l’âge de la retraite à taux plein à 67 ans (au lieu des 60 et 65 ans actuels), et en confirmant l’allongement de la durée de cotisation à 41,5 ans, les conditions d’acquisition des droits à la retraite en France seraient les plus drastiques en Europe,

• La quasi-totalité des salariés du public et du privé sont concernés,

• L’âge de départ en retraite serait repoussé à partir du 1er juillet 2011 sur un rythme accéléré pour atteindre 62 ans pour les salariés qui peuvent prétendre aujourd’hui à partir en retraite en 2016,

• Le droit à la retraite à taux plein serait porté à 67 ans. Les femmes dont 30 % sont déjà contraintes aujourd’hui de partir à 65 ans en seront les principales victimes,

• Les différentes mesures d’âge vont toucher plus particulièrement les jeunes. Ainsi, d’ici 2016, c’est plus d’un million d’emplois qui ne leur seront pas ouverts parce que leurs parents devront travailler plus longtemps.

• Le traitement des salariés exerçant des métiers pénibles et astreignants relève de la provocation. Il n’y aurait aucun métier pénible. Seul serait apprécié le degré d’usure du salarié qui, le cas échéant, lui permettrait de continuer de partir à 60 ans. On est loin du droit au départ anticipé avant 60 ans pour une retraite en bonne santé, alors que la CGT estime à 15 % les salariés en emploi pénible,

• Pour les fonctionnaires, la cotisation retraite augmentera de 2,7 %. Le dispositif de départ anticipé pour les femmes ayant eu 3 enfants disparaîtrait. Au nom de l’équité, c’est l’alignement des droits par le bas,

• Pour les régimes spéciaux : le gouvernement confirme que les mesures s’appliqueront aux salariés des régimes spéciaux. Il cherche surtout à éviter un front uni de tous les salariés en différant la mise en œuvre en 2017.

Ainsi l’ensemble des dispositions affectant les droits en matière de retraite représenterait une ponction de 22,6 milliards d’euros en 2018, 25,1 milliards d’euros en 2020.

Parallèlement, les propositions concernant la mise à contribution des hauts revenus, des revenus du capital, des entreprises ne font qu’égratigner les dispositions en leur faveur. Leur seule vocation est de créer l’illusion que la réforme est juste. Les recettes attendues sur ce plan sont estimées à 4,4 milliards d’euros en 2020, soit 5 fois moins que les sacrifices imposés aux salariés.

Le projet de loi est très largement marqué de l’empreinte du MEDEF qui réclamait le report de l’âge légal de la retraite. Les entreprises obtiendraient de plus de nouvelles aides financières pour l’emploi des plus de 55 ans.

La brutalité des mesures gouvernementales vise à répondre à la pression conjuguée des marchés financiers et des agences de notation qui exigent une réduction des budgets publics et sociaux dans tous les pays européens.

Non content d’affaiblir encore davantage le système de retraite par répartition, en accentuant les conséquences des réformes antérieures qui amputent déjà le niveau des retraites, le gouvernement n’apporte aucune réponse nouvelle aux défis du chômage, des bas salaires et de la précarité. C’est pourtant dans la réponse à ces problèmes que réside l’essentiel des solutions garantissant la pérennité des retraites.

Pour la CGT, c’est évident, cette réforme des retraites doit être résolument combattue.

Chaque salarié de tout âge et de toute profession doit prendre conscience que c’est de sa mobilisation que tout va désormais dépendre.

La CGT appelle tous les salariés à mener campagne pour des grandes manifestations unitaires et interprofessionnelles le jeudi 24 juin prochain et l’organisation de nombreux arrêts de travail dans le privé et le public.

Source : http://www.cgt.fr/spip.php?article37502

2) Le gouvernement vient de dévoiler son projet de loi sur les retraites par les syndicats Solidaires

Dans le public comme dans le privé, avec le report de l’age légal à la retraite et la confirmation de l’allongement de la durée de cotisations, c’est la baisse des pensions qui est programmée.

Le gouvernement porte à 62 ans l’age légal de départ à la retraite pour les personnes nées après le 1er janvier 1956. Mais dès l’année prochaine, l’age légal sera reporté de 4 mois pour les personnes nées après le 1er juillet 1951.

Surtout, en repoussant à 62 ans le droit de partir en retraite, le gouvernement reporte de fait toutes les autres limites d’âge. Ainsi l’age d’annulation de la décote, aujourd’hui fixé à 65 ans sera reporté à 66 ans en 2019 et 67 ans en 2023.

De même, l’age légal pour les fonctionnaires en catégorie active sera décalé de deux ans passant de 50 à 52 ans ou de 55 à 57 ans, l’age d’annulation de la décote étant repoussé d’autant.

Si les échéances peuvent paraître lointaines, c’est un rythme rapide qu’a choisi d’adopter le gouvernement et les personnels seront affectés dès l’année prochaine.

Ceux et celles qui perçoivent les plus basses pensions seront également touchés par les restrictions annoncées pour l’accès au minimum garanti.

Il faut rajouter à ces mesures la mise en extinction du dispositif de départ avant 60 ans des parents de trois enfants.

En matière de pénibilité, le gouvernement endosse la conception de l’individualisation du MEDEF et il est évident qu’à terme, il utilisera cette méthode pour remettre en cause les catégories actives.

La hausse du taux de cotisation des fonctionnaires, même étalée sur dix ans représente une baisse du salaire et se conclura à terme par la perte d’une journée de salaire par mois.

Cette mesure est à mettre en corrélation avec les pertes de pouvoir d’achat enregistrées depuis 2000, l’annonce d’une « négociation » salariale le 25 juin qui s’annonce plus que tendue et le gel de la participation de l’état au financement des pensions des fonctionnaires.

Ce projet porte l’idéologie de la rigueur libérale et fait payer la crise à tous les salariés.

Le 24 juin est une étape indispensable de mobilisation par la grève et les manifestations pour montrer au gouvernement que son projet est largement rejeté. Au-delà il faut se préparer à un affrontement majeur dès la rentrée.

3) Interview de François Chérèque dans Le Figaro : "cette réforme est une provocation"

Que pensez-vous de cet avant-projet de loi ?

C’est une réforme injuste et à court terme, quasiment une provocation. 85 % de l’effort est supporté par les seuls salariés via le passage à 62 ans et le relèvement des taux de cotisations des fonctionnaires. Le gouvernement justifie cette réforme par la crise qui a gonflé les besoins de financement mais il fait payer l’addition aux seuls salariés car il refuse de toucher aux hauts revenus et du capital. Cette réforme ne résout rien en outre à moyen terme car elle n’est équilibrée qu’en 2018. Ni avant car les déficits continueront à exister, ni après car le problème financier reste entier au-delà.

Au final, cette réforme est un mauvais coup pour toutes les générations et ce sont les jeunes qui vont payer la note. Elle marque en outre une vraie rupture à 2003. On est passé d’une réforme basée sur la durée de cotisation avec prise en compte de l’espérance de vie à la retraite à une réforme basée sur l’âge sans prise en compte de l’espérance de vie.

Le gouvernement juge le relèvement du taux de cotisation dans la fonction publique « indolore ». Partagez-vous cet avis ?

Une augmentation de 0.27 % par an sur 10 ans, c’est quand même raide. C’est une sorte de double peine en matière de pouvoir d’achat pour les fonctionnaires. Non seulement leurs salaires n’augmentent plus mais on va leur prélever des cotisations supplémentaires qui vont peser sur leur pouvoir d’achat.

Allez-vous rechercher un compromis avec le gouvernement pour atténuer le choc de cette réforme ?

Je considère qu’avec 85 % de la réforme financée par les seuls salariés, il n’y a pas grand chose à grignoter. Je vais d’abord reposer la question d’une réforme systémique et lui présenter le contenu de la réforme qui a été validée par les militants de la CFDT la semaine dernière en congrès. Une réforme qui vise à réduire les inégalités, basée sur l’allongement de la durée de cotisation et qui prend en compte la pénibilité, les carrières longues, la situation des femmes, et les polypensionnés. Je lui ferai des propositions alternatives. Les conséquences de la crise doivent être prises en compte par la fiscalité. Franchement, relever de 1 % seulement la tranche supérieure d’imposition sur le revenu, les bras m’en tombent. Je m’attendais à un peu plus de sérieux du gouvernement sur cette question mais le choix a été fait de ne pas toucher aux hauts revenus. 1 %, c’est ridicule et les gens vont s’en rendre compte.

4) RÉFORME DES RETRAITES : INJUSTE ET INEFFICACE ! par FO

Pour Force Ouvrière, les mesures présentées par le gouvernement sont socialement injustes et économiquement inefficaces.

Une fois de plus ce sont les salariés du privé comme du public qui trinquent, ceux qui ne sont pas concernés par l’augmentation de la durée de cotisations seront rattrapés par le recul de l’âge de la retraite ; à titre d’exemple, la génération 1956 (54 ans aujourd’hui) devra travailler 2 années de plus pour bénéficier d’une retraite à taux plein et pour ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans, c’est 44 années de cotisations qu’ils devront supporter.

Ce texte ne peut que provoquer de la confusion et rajouter à la complexité. Les propositions de financement relèvent du tour de passe passe et ne tiennent pas compte de la conjoncture, de la croissance et de l’emploi à l’horizon 2020, les recettes espérées ne combleront qu’à peine le déficit du Fonds de Solidarité Vieillesse qui est de 4,2 milliards.

Pour bénéficier du minimum vieillesse et du taux plein, il faudra désormais patienter jusqu’à 67 ans en survivant avec le RSA ou l’ASS !

S’agissant des fonctionnaires, c’est un recul majeur des droits des agents de la fonction publique avec à terme une baisse programmé des traitements et du niveau des pensions.

Force Ouvrière refuse catégoriquement de s’inscrire dans cette démarche de remise en cause des droits sociaux et appelle les salariés à se mobiliser pour obtenir le retrait du plan gouvernemental.

5) Un projet brutal et injuste Communiqué FSU

Les annonces gouvernementales sur la réforme des retraites constituent un projet de régressions sans précédent, à la fois brutal et injuste. Le discours officiel qui prétend les justifier par de supposées difficultés démographiques en masque la finalité essentielle : faire payer la crise aux salariés et retraités.

Avec le décalage de deux ans à un rythme rapide de l’ensemble des bornes d’âge (âge d’ouverture des droits et à partir de 2016 âge de départ sans décote), tous les salariés vont devoir travailler plus longtemps pour des retraites plus basses. Les fonctionnaires vont en outre avec l’alignement du taux de cotisation voir leurs salaires nets baisser de façon sensible, de l’ordre d’un jour de salaire par mois à terme.

Aucune mesure n’est de nature à améliorer l’emploi, notamment celui des « seniors », alors que chacun sait qu’il s’agit d’une variable fondamentale pour l’équilibre des régimes de retraite.

Au total ce sont les salariés qui vont subir l’essentiel de l’effort dans des conditions qui vont accroître les inégalités< : les femmes et les jeunes vont être particulièrement pénalisés comme tous ceux qui ont connu des périodes de précarité.

L’effort demandé aux hauts revenus et aux entreprises ne couvrira au mieux que 10% des besoins de financement, bien moins que ce qui est exigé des fonctionnaires. Même si devant les mobilisations le gouvernement ne remet pas en cause dans ses actuelles propositions la règle des six derniers mois, les fonctionnaires, outre les mesures d’âge communes à tous les salariés, vont se voir imposer des régressions qui correspondent à terme à 5 milliards d’euros alors que les prélèvements sur le capital et les hauts revenus se monteraient à seulement 4,6 milliards.

En outre seront particulièrement touchées d’une part les plus basses pensions de la Fonction Publique - avec la restriction de l’accès au minimum garanti actuellement versé à des milliers d’agents – et d’autre part les mères de famille, avec la mise en extinction des départs avant 60 ans des parents de trois enfants (16000 départs par an).

Dans le même temps rien n’est envisagé pour améliorer les conditions de travail, et bien loin de prendre en compte la pénibilité dans une dimension collective, ce projet comporte de nouvelles régressions en réduisant à une infime minorité les cas susceptibles d’être pris en compte.

De plus, aucune mesure n’est proposée pour la prise en compte des années d’études.

Derrière ces annonces de nouvelles régressions sont mises en perspective puisqu’elles prévoient des dispositifs visant à ajuster les mesures en cas de déficit accru, par exemple le gel de pensions.

Le gouvernement a fait le choix d’une réforme bien plus brutale que ce qui s’est fait dans la plupart des autres pays et d’une rigueur qui va creuser les inégalités, risque de compromettre la reprise économique et de surcroît ouvre la porte à une spirale de régressions. Seule une mobilisation massive et résolue peut permettre d’obtenir le retrait de ce projet.

La FSU appelle à participer massivement par la grève et les manifestations à la journée unitaire de mobilisation interprofessionnelle du 24 juin et à préparer des suites offensives dès la rentrée.

6) Retraites : une réforme injuste Communiqué UNSA

Le projet de réforme des retraites est désormais connu : pour l’UNSA, c’est un projet injuste.

La principale mesure consiste à reporter l’âge légal de l’ouverture des droits de 60 à 62 ans en 2018. Elle s’accompagne d’une mesure tout aussi nocive et qui a été souvent passée sous silence, celle qui consiste à repousser de 65 à 67 ans en 2018 l’âge à partir duquel il sera possible de toucher une pension sans décote quand on n’a pas suffisamment d’annuités de cotisations. Avec ce projet de réforme, pour beaucoup de salariés, qui ne pourront se permettre d’avoir une retraite amputée par la décote, l’âge effectif de la retraite sera donc de 67 ans. C’est en cela que ce projet est profondément injuste car cette mesure pénalisera avant tout les salariés aux périodes d’activités incomplètes et en majorité, ce sont des femmes.

Pour les salariés effectuant des travaux pénibles, ce recul de l’âge n’est en rien compensé par les mesures contenues dans le projet, alors que leur espérance de vie est la plus faible.

Pour les fonctionnaires, la hausse des cotisations aurait pu se comprendre dans le cadre d’une politique salariale dynamique pour la fonction publique. Or après des années de stagnation des salaires, le gel des dépenses publiques et les 100 milliards d’euros de réduction du déficit jusqu’en 2013 annoncés par le Premier ministre vont amplifier l’austérité pour l’ensemble de la fonction publique.

Quant aux prélèvements nouveaux, ils se feront à dose homéopathique, frappent très peu les hauts revenus et ne correspondent pas à ce que l’UNSA avait demandé. Il suffit d’ailleurs de comparer ce que vont rapporter les mesures d’âge supportées exclusivement par les salariés (19 milliards d’euros en 2018) et les recettes nouvelles (4,4 milliards d’euros). Par exemple, la tranche la plus élevée de l’impôt sur le revenu n’est augmentée que d’un point.

Plus que jamais, la balle est désormais dans le camp des salariés. Depuis des mois, les organisations syndicales assument leurs responsabilités dans le cadre de l’intersyndicale et des mobilisations qu’elle a impulsées. Désormais, à eux de se mobiliser massivement le 24 juin pour bien signifier au Gouvernement que pour nous, rien n’est joué !

7) Les principaux points de la réforme des retraités présentée mercredi 16 juin 2010 par le ministre Eric Woerth

1. L’âge légal de droit commun est porté à 62 ans en 2018. Il sera augmenté chaque année de 4 mois à partir de la génération 1951.

2. L’âge d’ouverture des droits dans la fonction publique et dans les régimes spéciaux sera relevé :

* relèvement à 62 ans en 2018 pour tous les fonctionnaires dont l’âge d’ouverture des droits est aujourd’hui de 60 ans ;

* relèvement de manière parallèle à l’âge légal de droit commun pour tous les fonctionnaires en « catégorie active » : passage à 52 ans ;

* lorsque l’âge d’ouverture des droits est de 50 ans ; à 57 ans lorsque l’âge actuel est de 55 ans, etc. ;

* relèvement de l’âge d’ouverture des droits dans les régimes spéciaux à compter de 2017, pour tenir compte du calendrier de la mise en œuvre de la réforme de 2008.

3. Augmentation de la durée de cotisation en fonction de l’espérance de vie jusqu’en 2020 :

* en application de ce principe, passage à 41 ans et 1 trimestre pour les générations 1953 et 1954 ;

* compte-tenu des estimations actuelles de l’INSEE, la durée de cotisations devrait être de 41,5 ans en 2020.

4. Pour les salariés qui ont commencé avant 18 ans, le départ à la retraite est fixé entre 58 et 60 ans, sous condition de remplir les conditions de cotisation, majorée de 2 ans. Au total, le dispositif concernera 50 000 personnes en 2011 et 90 000 personnes en 2015, assure le ministère.

La retraite à 60 ans est maintenu pour les salariés qui, « du fait d’une situation d’usure professionnelle constatée » (maladie professionnelle ou accident du travail produisant les mêmes effets) ont une incapacité physique supérieure ou égale à 20 %."

Source : http://www.liberation.fr/economie/0...


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