La mobilisation et la radicalisation anti-CPE ont franchi un pas en Aveyron le 23 mars

samedi 25 mars 2006.
 

La mobilisation des jeunes aveyronnais contre le CPE n’ a jamais été aussi forte en Aveyron que ce 23 mars :

- à Villefranche, 300 lycéens ont bloqué la circulation autour du marché le matin, pour expliquer les raisons de leur lutte. ils ont continué l’après-midi sur le Tour de ville.

- Rodez compte peu d’étudiants et la pression "paternaliste" est forte. Pourtant, l’occupation des locaux de l’université Champollion a été votée et mise en pratique jeudi. Les étudiants en Education Physique et Sportive étaient particulièrement motivés contre le CPE, mais aussi contre la réduction de 50% des postes ouverts aux concours de recrutement, s’ajoutant à une réduction précédente de 40%. Ce mouvement est soutenu par les enseignants qui ont envoyé un courrier au Ministère de l’Education nationale. Suite à l’occupation, la direction a préféré suspendre toute activité pédagogique jusqu’au mardi 28 mars où une assemblée générale se tiendra à 10 heures dans les bâtiments.

- Des mouvements de grève ont éclaté dans presque tous les établissements secondaires de l’Aveyron : Decazeville, Millau, Villefranche, Rodez, IUT, Fac, CFA...

Voici quelques propos de lycéens glanés jeudi matin devant le lycée Monteil :

"Nous avons commencé le blocage de toutes les portes du lycée à 5 heures et demi du matin. A part quelques incidents avec un membre de l’administration un peu énervé, ça c’est bien passé".

" Il y a une grosse différence avec l’an dernier, c’est que la trés grande majorité des élèves nous soutient, même s’ils ne sont pas tous actifs dans la mobilisation".

"Moi, je trouve que la plus grosse différence avec l’an dernier, c’est que les élèves se sentent beaucoup plus concernés par le CPE que par la loi Fillon. Ils comprennent beaucoup plus les conséquences pour leur vie".

"Moi, je sens qu’on est plus fort que l’an dernier parce qu’il y a beaucoup moins d’opposition quand on bloque et qu’on est plus nombreux à bloquer".

"pour ceux qui animent le mouvement, ça nous permet de moins nous épuiser au bloace ; on a le temps de penser à l’élargissement du mouvement, au lien avec les autres lycées, avec les enseignants".

"A 15h 30, une délégation de notre Mouvement Jeunes Lycéens sera reçue à la préfecture par le Ministre de la Fonction Pulique. On va bien lui faire comprendre pourquoi on ne lâchera pas".

"L’ambiance est bonne parmi les animateurs du Mouvement Jeunes Lycéens ; à midi, on va manger tous ensemble". "Hier soir, on a tenu une réunion avec des délégués de tous les lycées de Rodez pour mettre en place une coordination".

"Villepin et Sarkozy ne se rendent pas compte ; il y a un mois, beaucoup de lycéens ne savaient pas trop la différence entre droite et gauche ; aujourd’hui, tous savent qu’ils ne sont pas de droite". "Aujourd’hui, c’est juste une mobilisation lycéenne et étudiante. Mardi, on sera tous ensemble".

"Voilà le tract qu’on distribue pour cet après-midi :

"Le jeudi 23 mars 2006 A 14h30 Place d’Armes à Rodez

Nous refusons de voir notre avenir réduit à : Chômage Précarité Exploitation Prenons notre avenir en main, agissons ensemble.

Le Mouvement Jeunes Lycéens"

A 14h 30 environ 800 lycéens de Monteil, Foch, Jeanne d’Arc, IUT, CFA se sont regroupés devant la préfecture. Julien Mathis, président du Mouvement jeune Lycéen intervient : "Si nous sommes aujourd’hui encore dans la rue, c’est parce que le gouvernement ne veut toujours pas entendre notre cri. Nous voulons le retrait pur et simple du CPE, et rien d’autre. Ce contrat, inégalitaire plus qu’autre chose, c’est la mort des jeunes". Aussitôt, comme prévu, les 800 jeunes se couchent sur la place. Peu après, Une délégation de 5 délégués du MJL est reçue par Christian Jacob, ministre de la fonction publique. Celui-ci avance que "la rue n’est pas la démocratie" ; "le CPE a été voté librement". puis, devant la détermination des jeunes, il concède "On va trouver des arrangements".

Pendant ce temps, les esprits s’échauffent sur la place, quadrillée par les CRS comme ce fut trés rarement le cas en Aveyron. Cinq à six tomates atterrisent sur la façade de la Préfecture ; aussitôt, une quinzaine de policiers, en civil pour la plupart, entourent un groupe de jeunes et conduisent sans ménagement l’un d’entre eux au commissariat. Quel est ce groupe de jeunes ? Il s’agit d’élèves du CFA trés remonté contre le CPE qui leur a été proposé après 3 ans d’apprentissage. Ils ont pris le risque de faire grève et de venir à la préfecture. Leur problème face au CPE, c’est de gagner sinon certains expriment leur doute de tenir plusieurs années, CPE après CPE. Des militants de PRS discutent avec eux, essaient de les rassurer un peu, leur donnent des coordonnées téléphoniques pour le cas où ils en aient besoin. Deux minutes après, un jeune fait le mouvement de lancer un oeuf en direction des forces de l’ordre ; d’autres policiers en civil se précipitent ; une longue course poursuite s’ensuit dans les vieilles rues du centre ville. Le trublion est arrêté ; il s’agit d’un jeune travailleur au chômage.

En soirée, Guilhem Serieys, conseiller régional profite d’une rencontre avec le secrétaire général de la préfecture pour expliquer le contexte des tomates, s’enquérir du sort des deux jeunes et demander, si possible, de ne pas les garder 24 h au commissariat comme cela lui a été signifié. Merci à celui ou ceux qui ont compris et ont permis leur libération aussitôt après.


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