Comment produire autrement ? D’abord en respectant ceux qui produisent : les salariés.

mercredi 9 juin 2010.
 

Le salariat produit toutes les richesses énormes de ce pays et n’en reçoit pas la part qu’il mérite.

Le salariat, en 1945, c’était un peu plus de 50 % des actifs. Les autres étaient agriculteurs, artisans, commerçants, indépendants, comme on disait. Mais en 65 ans l’histoire à tranché, c’est le salariat qui a gagné. Les salariés représentent aujourd’hui 93 % de la population active, les autres catégories ne sont plus que 7 % des actifs. D’où l’importance du Code du travail, que nous appelons à reconstruire dans le texte que nous votons tous ensemble aujourd’hui. Car la droite depuis 8 ans l’a passé à l’acide des exigences du Medef. Elle l’a entièrement ré écrit, recodifié, destructuré, affaibli, il s’agit d’un droit républicain désormais dénigré, faussé, fraudé. Et d’année en année, depuis 8 ans, ça s’aggrave.

Vous savez, au début le code du travail, c’est le rapport du Dr Willermé, en 1840. A cette époque, il enquête dans une vingtaine de villes, de fabriques sur les conditions de travail, et il y voit les travailleurs, des femmes, des enfants, faire des journées de 15, 16 , 17 h et y mourir. Alors le Dr Willermé dit : « Il faut tra – vail - ler moins ! ».

L’histoire du code du travail, en 160 ans, c’est l’histoire de la réduction du temps de travail. Il faudra 80 ans pour qu’on passe de la journée de 17 h à celle de 10 h. Il faudra encore 70 ans pour qu’on passe de la semaine de 40 h à celle de 35 h entre 1936 et 2002, avec la gauche, avec les socialistes. Et en 70 ans, on a fait 4 choses à la fois, dans la vie réelle, on a crée davantage d’emplois, on a augmenté la productivité, on a augmenté les salaires, et on a réduit la durée du travail. Oui, cela faisait 70 ans qu’on travaillait moins et qu’on gagnait plus.

Et depuis 8 ans on a des intégristes, néolibéraux, thatchériens, reaganiens qui tentent de faire tourner la roue de l’histoire à l’envers et de nous faire travailler plus. « Travailler plus pour gagner plus » qu’ils disent, c’est un slogan mensonger et mortifère. Ce ne sont plus les coups de grisou qui tuent aujourd’hui mais les accidents cardiaques et vasculaires, il y en a 180 000 par an dont la moitié est liée au travail. Dans tous les secteurs.

Qui n’a vu un ouvrier du bâtiment derrière son marteau piqueur ?

Quelqu’un pense t il que c’est un dogme, pour lui, la retraite à 60 ans ? En fait c’est à 55 ans qu’il y a droit, s’il veut en profiter. Et c’est pourquoi il faut lutter contre l’allongement des durées du travail qui fatiguent, usent, tuent.

Il faut réduire les durées du travail, sur la semaine, sur le mois, l’année et sur la vie, pour la santé, et dans l’intérêt de l’emploi. La droite est en train d’allonger la durée du travail sur la vie pour les infirmières en échange de quelques sous… mais qui ne comprend qu’après 25 ou 30, 35 ans au bloc, dans les services et les couloirs de l’hôpital, on ne peut pas continuer ce métier, qu’il est trop dur après 55 ans ? Même les instituteurs, qui sont passés de 55 ans à 60 ans, ce n’est plus pareil après 35 ans de classe, quand il faut faire la rentrée en septembre à 57 ans, 58 ans, avec ses trente élèves…La biologie du corps humain n’a pas changé. Il y en a qui voit des nains partout, maintenant il y en a, comme Parisot, qui voient des centenaires partout…

Or entre 55 ans et 65 ans le travail est de plus en plus dur. A partir de 55 ans, il y a 2 maladies sur 3 liées au travail. A partir de 60 ans, c’est 2 maladies sur 3 liées au travail. L’INSEE calcule que l’espérance de vie en bonne santé, est de 63 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes. Et de 59 ans pour les ouvriers. Ce n’est pas un dogme que de dire que les plus belles années de la retraite sont entre 60 et 65 ans et les plus dures années au travail sont entre 60 et 65 ans.

Ils ont destructuré, disloqué les durées légales du travail : depuis 8 ans, ils ont crée 600 000 chômeurs de plus en 2009, on en a 4 millions au total, Sarkozy est allé chercher le chômage avec ses dents en refusant de contrôler les licenciements. Ils ont aussi imposé 600 000 chômeurs à temps partiels, ils leur ont imposé de “travailler moins pour gagner moins”. Et même ils ont versé 300 millions d’euros pour les y contraindre ! Beau résultat pour le « roi » du travailler plus pour gagner plus ! Et ils ont, en même temps, ce qui est un comble, versé des milliards au titre de la loi TEPA pour financer des heures supplémentaires non cotisées et défiscalisées. Sarkozy a même supprimé 100 000 fonctionnaires pour économiser 3 milliards qu’il a donné aux restaurateurs qui n’ont pas créé un seul emploi. Tout ça relève de la faute lourde, n’importe qui serait viré pour moins que ça. Surtravail, sans travail sous travail, ils alimentent délibérément le chômage qui leur sert d’argument pour parler de crise, de faillite, pour baisser les cotisations retraite et maladie. Alors nous, on ne va pas laisser faire. Nous ne sommes pas incohérents, nous socialistes, nous avons baissé la durée du travail sur la semaine à 35 h, pour créer 400 000 emplois, ce n’est pas pour la laisser augmenter sur la vie, au-delà de 60 ans. Nous n’allons pas laisser annuler la nécessaire réduction du temps de travail sur la semaine, accroître le chômage et la souffrance, en travaillant 3, 4, 5 années de plus sur la vie ! Qui peut choisir l’allongement du travail des « seniors » alors que nous avons 25 % de « juniors » au chômage ? S’il y a une priorité pour l’emploi, qu’elle soit pour les jeunes. Pas pour forcer des salariés usés, tressés, souffrants, comme ceux de France Télécom et d’autres à se faire exploiter au-delà de 60 ans.

Ils parlent de l’allongement de l’espérance de vie, mais à quoi est-elle due ? A la retraite à 60 ans ! Si vous travaillez plus longtemps, vous mourrez plus tôt ! Regardez ce qu’en disent les assurances, ces rapaces qui vous déversent des tombereaux de prospectus dans vos boites à lettres pour dénigrer et remplacer vos retraies par répartition ? Elles ont des tables de mortalité : si vous travaillez un an de plus vous vivrez six mois de moins. Si vous travaillez deux ans de plus vous vivrez un an de moins. Voilà, il y a des journées de 14, 15, 16 h à nouveau comme du temps du Dr Willermé. Et on veut nous refaire travailler jusqu’à 65, 67, 70 ans comme au siècle dernier. Rien ne le justifie : la France est riche et l’argent, il y en a, mais les richesses ne sont pas redistribuées, ce qui freine la sortie de crise. Il faut hausser les salaires et les cotisations sociales, au détriment des profits fabuleux qu’ils font et qu’ils gaspillent aussitôt dans les casinos financiers. On peut, on doit travailler mieux, moins, tous.

35, 60, 1600, 20. 35 h. rapprocher les durées réelles de la durée légale. 60 ans. A taux plein, pas un an de plus, pas un euro de moins. 1600 euros pour le Smic. Pas de revenu supérieur à 20 fois le Smic.

Gérard Filoche le samedi 29 mai, St Denis, convention du PS, 13 h.


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