7 août 1963 Le guerrillero Ramón VILA CAPDEVILA dit :« Caraquemada » est tué par la guardia civil

jeudi 12 août 2021.
 

Le 7 août 1963, mort de Ramón VILA CAPDEVILA dit :« Caraquemada » dit « Passos llargs », « Maroto » « Jabalí »(le Sanglier) dit « Commandant Raymond » « Ramon LLAUGUI PONS »

Il naît le 2 avril 1908, à Peguera, près de Berga (Espagne), et adhère très jeune à la C.N.T. En janvier 1932, il prend part à l’insurrection de Figols, mais la révolte est matée, et il est arrêté et emprisonné. Remis en liberté, il n’en continue pas moins d’être traqué par la police. Le 18 avril 1936, avec son cousin Ramón Rives Capdevila, il est victime de deux policiers séditieux qui veulent leur appliquer la « Ley de fugas » (les assassiner en faisant croire à une tentative d’évasion). Au cours de la fusillade, son cousin meurt criblé de balles mais un des policiers est également tué et l’autre blessé. Arrêté, il est libéré le 19 juillet 1936 par les révolutionnaires. Il prend alors part aux combats, intégrant la « Colonne de Fer » puis la « Colonne Tierra y Libertad ». Il travaille ensuite comme délégué au ravitaillement de la centrale thermique de Figols. Début 1939, il se réfugie en France où il est interné au camp d’Argelès-sur-Mer. Il s’en échappe en 1940, mais il est arrêté en 1942, et interné dans la citadelle de Perpignan. Libéré, il prend une part très active à la « Résistance », comme le 11 juin 1944, près de Périgueux où avec deux cents maquisards il s’empare d’un train blindé allemand. Il participe également, au sein du « Batallón Libertad » (composé en grande partie d’anarchistes espagnols) à la libération de Royan et de l’estuaire de la Gironde.

Après la libération, il retourne en Espagne franquiste pour y mener des actions de guérilla. Il meurt près de Balsareny, après une fusillade avec la « Guardia Civil ».

Ramon Vila Capdevila dont le surnom de Caraquemada venait des marques indélébiles laissées sur son visage en 1923 par la foudre qui tua sa mère et le blessa, était d’une force physique herculéenne et avait adhéré très jeune à la CNT. Orphelin à l’âge de 12 ans il avait commencé à travailler dans une usine textile de Pobla de Lillet. En 1928 ou 1929 il avait saboté les machines d’une usine de Pobla de Lillet qui avait licencié ses ouvriers ; arrêté il avait été condamné à huit ans de prison et ne fut libéré qu’avec l’amnistie suivant la proclamation de la république.

Sa participation active à l’insurrection de Figols en 1932 lui avait valu d’être emprisonné d’abord à Manresa puis à Barcelone. A sa libération il fut obligé de changer souvent de résidences pour échapper à la répression et travailla notamment comme bûcheron à Berga et dans les mines de Figols où il fera la connaissance de Marcelino Massana Bancells, futur guérillero.

Le 18 avril 1936, à Castellon de la Plana, deux policiers avaient tenté de l’arréter avec son cousin Ramón Rives Capdevila. Dans l’échange de coups de feu Ramón Rives et un des policiers avaient été tués tandis que l’autre policier était blessé. Ramón Vila Capdevila, traqué et encerclé dans une orangeraie, se rendit après avoir épuisé ses munitions. Emprisonné, il fut libéré le 19 juillet 1936 par l’insurrection ouvrière et participa aussitôt aux combats contre les militaires rebelles. Il a été ensuite milicien dans la Colonne Tierra y Libertad jusqu’à la militarisation de la colonne et fit partie des groupes infiltrés sur l’arrière des lignes franquistes à Saragosse. Il avait ensuite été nommé délégué au ravitaillement par les ouvriers de la centrale de Figols-Las Minas. Ultérieurement il fut nommé commandant des carabiniers.

A la fin de la guerre il s’était réfugié en France lors de la Retirada et avait été interné au camp d’Argelès sur Mer dont il s’évada en 1940 pour retourner en Espagne et y organiser les premiers groupes d’action armés contre le franquisme. En 1942 lors d’un voyage en France, il fut arrêté sans papiers et interné à la citadelle de Perpignan où il resta quelques mois avant d’être enrôlé dans l’organisation Todt et d’être envoyé dans une mine de bauxite à Bédarieux (Hérault).

En contact avec la Résistance et après s’être évadé de la mine, Ramon Vila Capdevila s’intégra en février 1944 aux maquis du Limousin, et plus précisément au réseau Ménessier où il fut chargé, près de Limoges, de récupérer l’armement parachuté par les alliés. En juin 1944 il s’intégra au groupe Franc Tireur et Partisan (FTP) dirigé en Haute Vienne par le Colonel Bernard Le Lay. Son groupe était basé dans la forêt de Rochechouart et son secteur d’intervention comprenait la ville de Saint Junien et débordait largement sur la Charente.

Après le débarquement allié du 6 juin 1944, il avait participé activement aux opérations de harcèlement contre la division blindée SS Das Reich en route pour la Normandie. Le 7 juin il participait au sabotage du viaduc de Saint Junien et le 8 occupait la mairie. Le 11 juin avec deux cents maquisards il participait en gare de Mussidan, près de Périgueux (Dordogne) à l’attaque d’un train blindé dans laquelle étaient tués une cinquantaine d’allemands. Le 1er août il participait victorieusement à la défense de la petite ville de Chabanais, à 16km de Saint Junien, attaquée par les nazis puis, du 12 au 21 août aux combats pour la libération de Limoges. Il s’engagea ensuite dans le Bataillon Libertad, organisé à Villeneuve sur Lot (Lot et Garonne) en août 1944 et formé d’espagnols pour l’essentiel de la CNT venant d’unités FFI ou FTP du groupe « Nord du Lot n°1 ». Il avait alors le grade de capitaine sous le nom de Capitaine Raymond. C’est avec le Bataillon Libertad qu’il participait jusqu’en mai 1945 à la réduction des dernières poches allemandes de Royan et de la Pointe de Grave, opérations auxquelles participait également le bataillon basque Guernika.

Dès la fin de la guerre, Ramon Vila Capdevila Caraquemada - qui vivait en France sous la fausse identité de Ramón Llaugui Pons, né le 3 mai 1908 - avait repris la lutte en Espagne. Spécialiste en explosifs et guide expérimenté, il allait pendant dix huit ans conduire et ramener les groupes d’action du MLE en particulier ceux de Francisco Sabaté Llopart Quico et de Marcelino Massana Bancells Pancho, tout en menant parallèlement un grand nombre de sabotages.

Le 4 août 1951, dans le tunnel de Santa Mans, il fit dérailler les deux locomotives de l’express Barcelone-Saragosse, sans causer aucune victime. Le 25 juillet 1953 il faisait sauter deux pylônes à Mont Marcet (Vilomara), près de Manresa et quarante huit heures plus tard, à quarante cinq kilomètres à vol d’oiseau, deux autres pylônes de lignes à haute tension du Mont Borrello, district de Gurb, près de Vic. Il fut accusé à tort par les autorités franquistes d’avoir participé le 25 juillet 1953 à la Collada de Toses, sur la route de Ribes de Freser à Puigcerda, à l’interception d’une voiture immatriculée en Angleterre : après avoir forcé le barrage le conducteur Joseph Peck avait été grièvement blessé tandis que son épouse avait été tuée.

A partir de 1953 Ramón Vila Capdevila commença à opérer de plus en plus solitairement.

Le 5 ou 6 juillet 1962, accompagné par le militant Pedro Antonio Sánchez Martínez, Ramon Vila Capdevila partait de Prades, chargé d’armes et d’explosifs, puis gagnait Osseja et le district de Fonolosa où les deux hommes effectuaient le dynamitage de plusieurs pylônes de haute tension, causant pour 66135 pesetas de dégâts et des coupures de courant entre Manresa et Sabadell. Les deux hommes seront accrochés par la Guardia Civil le 28 juillet sur le district de Santa Maria de Marlés (Barcelone) lors de leur voyage de retour vers la France mais parviendront à s’échapper. Ils se sépareront ensuite et tandis que Ramon Vila Capdevila parvenait à franchir la frontière, Pedro Antonio Sánchez Martínez était capturé le 1er août par une patrouille. Traduit devant un conseil de guerre ce dernier sera condamné le 16 octobre 1962 à trente ans de prison.

Le 2 août 1963 Ramon Vila faisait sauter trois pylônes électriques au lieu dit Can Prim près de la voie ferrée, sur le district de Rajadell (Manresa). Le 7 août 1963, vers une heure du matin, Ramon Vila Capdevila, Caraquemada était surpris à la Creu de Perello, district de Castellnou de Bages, par une patrouille de la Guardia Civil près du chateau de Balsareny. Blessé grièvement de deux coups de feu au cou et à l’artère fémorale, Ramon Vila Capdevila décédait à six heures du matin d’hémorragie et sans avoir reçu de soins.

Ramon Vila Capdevila a été enterré à Castellnou de Bages sans la moindre indication sur sa tombe.


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