1929 2010 Crise et plans d’austérité

samedi 12 juin 2010.
 

Le protectionnisme c’était le monstre ! Je pense que tout le monde se souvient des cris d’alerte entendus, il y a quelques mois, au lendemain du crash des banques américaines. Le grand mot d’ordre à l’époque c’était même de "lutter" contre le protectionnisme. Il y en avait plein les déclarations officielles du G20, des gouvernements, des institutions internationales et dans les éditoriaux des bien pensants. Ce danger était dénoncé car, nous disait-on, ce serait le risque d’un terrible recul de l’activité économique. Et tous enfonçaient le clou en nous prévenant : attention c’est comme ça qu’est venue la catastrophe après 1929. Pour ceux qui ne savent pas de quelle catastrophe il est question je rappelle la montée des fascismes et le déclenchement de la deuxième guerre mondiale. Comme la plupart des gens qui cherchent à s’informer, j’avoue n’avoir pas eu le souvenir bien précis de ce que j’avais appris à l’école sur le sujet. Et dans les stages de formation politique ont se contentait d’aller à l’essentiel en signalant la crise de 1929 comme le point de départ des évènements qui déclenchent la montée du nazisme et du fascisme. La curiosité m’a amené à aller chercher ce qui s’était passé. Quelle mesures avaient été prises alors. Histoire de savoir ce qui ne marche pas et conduit à des désastres… Surprise ! Ce ne sont pas des mesures de protectionnisme que j’ai surtout trouvé.

En fait, après 1929, ce sont les politiques d’austérité qui battaient leur plein . En France, en Allemagne, aux Etats unis, en Grande Bretagne. Partout on comprima les salaires des fonctionnaires, réduisit le budget de l’état, tout en s’accrochant bec et ongles à la défense de monnaie supposée forte et qui d’ailleurs ne le restèrent pas longtemps. Et pour bien dire je crois que c’est à peu près la même chose que ce qui se pratique aujourd’hui. Non ? Ou plus exactement, ce qui se fait aujourd’hui est juste un peu plus violent que les plans d’austérité appliqués après la crise de 1929. Heinrich Brüning, le chancelier allemand de l’époque déclare dans ses Mémoires que sa politique déflationniste ne visait qu’" à mettre l’Allemagne en mesure de résister à n’importe quelle contrainte extérieure, [à la rendre] capable de mettre à profit la crise mondiale pour exercer de son côté une pression sur les autres puissances » Décidément, madame Merkel n’innove guère ! Tous ces gouvernements avaient l’obsession de la monnaie forte !

Le gouvernement Churchill en Grande-Bretagne annonce en 1929 le retour à la convertibilité or de la livre sterling ! La monnaie britannique se retrouve d’un coup fortement surévaluée. Les produits industriels fabriqués en Grande-Bretagne sont plus chers et le déficit commercial du pays explose. Exactement l’histoire que je vous ai racontée avec le cas de l’Argentine des années 2000. Que firent alors les habituels très intelligents ? Comme toujours ! Ils ont cogné sur les salaires pour comprimer les dépenses ! Ainsi Pour restaurer la compétitivité du charbon national le gouvernement anglais décida de diminuer les salaires des mineurs. Exit Churchill aux élections suivantes. En 1931, le gouvernement travailliste de Ramsay Mac Donald impose lui aussi une sévère politique de rigueur.

On croirait du Zapatero ou du Socratés avant l’heure. Toute la panoplie est là : réduction des salaires, réduction des indemnités de chômage, augmentation des impôts directs et indirects. J’ose à peine demander si ca vous rappelle quelque chose… La conséquence de cette politique fut une montée considérable du chômage. Il y eu 11,2 % de chômeurs, soit 1,9 millions de personnes en 1931 en Grande Bretagne ! Commencèrent alors les « Marches de la Faim » du nord vers Londres.

Les Français ne se montraient pas plus subtils pendant ce temps là. Le gouvernement Laval en France, mit en place en 1934 une politique de déflation dont on devine les principales mesures maintenant qu’on est habitué : compressions des dépenses publiques, gel des salaires des fonctionnaires. La routine ! Cerise délicieuse sur le gâteau des riches : la Banque de France rachetait aux créanciers les bons du Trésor français ! Exactement de la même manière que la BCE rachète aux banques les bons du Trésor grec aujourd’hui. Les conséquences de cette politique ont vite montré leurs bienfaits pour l’économie française : chute de la production industrielle de l’ordre de 30 %, et 500.000 chômeurs en plus !

J’évoque tous ces exemples pris dans le passé parce que je garde intacte ma capacité de surprise. Comment se fait-il que tous ceux qui se sont livré à des exercices de rappel du passé pour justifier la bestialité de leurs mesures sociales actuelles ne disent jamais ce qui s’est déjà produit ? Où sont les commentateurs, les analystes, les vulgarisateurs dont c’est le devoir de faire ce travail ?


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