Thaïlande : Les militaires ont tiré à balles réelles sur les manifestants (Amnesty international)

samedi 29 mai 2010.
 

Que diraient Pujadas, Pernault et Ockrent si cela se passait au Vénézuéla, à Cuba ou en Bolivie ? Mais la Thaïlande est un grand allié des Etats Unis. Alors, ni l’Elysée, ni la Maison Blanche,ni, ni, ni... ne sont intervenus pour faire cesser la tuerie. Lamentable.

1) Amnesty International

« Les récits de témoins oculaires et des enregistrements vidéo montrent clairement que l’armée tire à balles réelles sur des personnes sans arme qui ne menacent ni les soldats ni d’autres personnes, a déclaré Benjamin Zawacki, spécialiste de la Thaïlande à Amnesty International. C’est une violation flagrante d’un droit fondamental – le droit à la vie.

« Tirer à balles réelles sur des personnes non armées, qu’il s’agisse ou non de manifestants, lorsqu’elles ne présentent aucune menace sérieuse pour quiconque, est illégal », a déclaré Benjamin Zawacki.

Depuis jeudi 13 mai, date à laquelle le gouvernement a lancé l’ « Opération Rajprasong », les soldats tirent des balles en caoutchouc et des balles réelles dans les quartiers et autour des sites où sont rassemblés les manifestants dans Bangkok. Selon le gouvernement, 500 « terroristes » se cacheraient parmi les manifestants.

Au moins 35 manifestants non armés ont été tués. Parmi les morts on compte deux membres du personnel médical qui portaient des blouses blanches marquées de croix rouges très visibles, abattus les 15 et 16 mai ; un garçon de 17 ans a également été abattu le 15 mai. Le général Khattiya Sawatdiphon (« Seh Daeng »), conseiller militaire des manifestants, atteint par la balle d’un franc-tireur vendredi 14 mai est décédé lundi 17. Un autre soldat a également été tué.

Plus de 200 personnes ont été blessées, parmi lesquelles plusieurs journalistes thaïlandais et étrangers, ainsi qu’un garçon de dix ans.

« Le gouvernement ne peut autoriser les soldats à tirer sur quiconque se trouve dans une zone qu’il souhaite contrôler », a déclaré Benjamin Zawacki.

Selon les Règles d’engagement du gouvernement, exposées par le Centre pour la résolution de la situation d’urgence (CRES) le 14 mai, les tirs à balles réelles ne sont autorisés que comme tirs de sommation, en cas de légitime défense ou lorsque les forces armées peuvent clairement distinguer ceux que les forces de sécurité considèrent comme des « terroristes ». Samedi 16 mai, le CRES a qualifié plusieurs quartiers proches du lieu où sont rassemblés les manifestants de « zones de tirs à balles réelles ».

Plusieurs témoins oculaires ont déclaré à Amnesty International avoir vu des soldats tirer dans le quartier avec des fusils à longue portée – à une distance à laquelle les victimes ne pouvaient guère présenter de danger.

Le colonel Sansern Kaewkamnerd, porte-parole du CRES, a déclaré vendredi 14 mai que les soldats resteraient à quelque distance des manifestants et ne tireraient à balles réelles que pour empêcher les gens d’avancer. S’ils étaient amenés à tirer pour stopper les manifestants, ils viseraient au dessous des genoux et ne tireraient qu’une balle à la fois.

« Ceci est inacceptable au regard des normes du droit international, qui précisent que les armes à feu ne peuvent être utilisées qu’en dernier recours, pour prévenir une infraction grave mettant sérieusement en danger la vie d’autrui ou procéder à l’arrestation d’une personne présentant un tel risque et offrant une résistance armée, et seulement lorsque des mesures moins extrêmes sont insuffisantes pour atteindre ces objectifs. En dehors des situations claires de légitime défense, le contrôle des affrontements devrait être le fait de policiers entraînés, disposant d’équipement non meurtrier, non par des soldats tirant à balles réelles », a déclaré Benjamin Zawacki.

2) En Thaïlande, l’armée est mise en accusation L’Humanité

« Pas de négociations possibles », a décrété le gouvernement thaïlandais rejetant hier les appels répétés au cessez-le-feu des chemises rouges, alors qu’elles venaient d’accepter une proposition du président du Sénat, Prasobsuk Boondej, de servir de médiateur. Le pouvoir de Bangkok ne l’entend pas ainsi et exige l’évacuation du quartier commercial au cœur de la capitale où plusieurs milliers de manifestants sont sous la menace d’un assaut de l’armée. Le vice-premier ministre Suthep Thaugsuban a qualifié de « non-sens » cet appel au cessez-le-feu, estimant que « les responsables de la sécurité ne tirent pas sur les civils ». « Ceux qui tirent sont des terroristes », a-t-il dit, tentant de masquer la vérité de la répression qui s’abat sur le mouvement populaire.

Depuis le début de la crise à la mi-mars, 67 personnes ont été tuées et environ 1 700 blessées. Tous les morts sont des civils à l’exception d’un soldat et du général, Khattiya Sawasdipol, qui avait rejoint les rangs de l’opposition. Les manifestants ont donc délaissé leurs chemises rouges distinctives pour ne plus être aisément repérés et portent désormais un brassard noir en hommage aux victimes. Les soldats qui ont reçu l’ordre de tirer ont largement usé de ces consignes dans un silence assourdissant de la part de la communauté internationale. « Les récits de témoins oculaires et des enregistrements vidéo montrent clairement que l’armée tire à balles réelles sur des personnes sans arme qui ne menacent ni les soldats ni d’autres personnes », accuse Benjamin Zawacki, d’Amnesty International. Des soldats ont tiré avec des fusils à longue portée à une distance à laquelle les victimes ne pouvaient guère présenter de danger, rapporte encore l’organisation humanitaire . Depuis le 13 mai, date à laquelle le gouvernement a lancé l’opération Rajprasong, les militaires ont alterné balles en caoutchouc et balles réelles dans les quartiers et autour des zones où sont rassemblés les manifestants. Mais le 16, plusieurs de ces sites ont été déclarés purement et simplement « zones de tirs à balles réelles ». Bilan : 35 manifestants tués, parmi lesquels deux membres du personnel médical qui portaient des blouses blanches marquées de croix rouges très visibles et un adolescent de dix-sept ans.

Dominique Bari


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