Voici ce que devrait faire un gouvernement de Front de gauche, s’il était aux manettes

vendredi 28 mai 2010.
 

Oui c’est la fin d’un monde

Retraites : "La France peut à peu près tout. Y compris dévaliser les dévaliseurs."

Premièrement : pas de panique ! En toute hypothèse rendre coup pour coup. Evidemment rien dans le Traité de Lisbonne ne nous interdit, sans violer aucun accord international, de nationaliser les banques non mutualistes de ce pays. Je parle de celles dont le bilan n’est pas pourri jusqu’à la moelle. Il y a tant de façon de prendre le contrôle de ces petites choses ! En tous cas la formation d’un pôle public financier est la priorité pour prendre le contrôle des flux sanguins de l’économie qui est aujourd’hui dans les mains maladroites d’addicts aux produits toxiques. L’existence d’un tel pôle, par sa puissance et sa solidité nous permettra d’ailleurs en créant le seul rapport de force ordinaire entre malade et bien portant, de créer une vraie ambiance de travail avec le reste de la finance. Il faut tenir compte du fait que dans ce bras de fer, si les gros bonnets s’y risquaient, nous aurions aussi une bonne partie des salariés du secteur bancaire de notre côté. Autant dire la bombe atomique ! Deuxièmement au lieu de pleurer notre gouvernement se réjouira de voir que plus l’euro se déprécie et mieux on se portera ! Il faudra saisir la situation comme une opportunité. Car cette dévaluation est largement bienfaisante. Elle abaisse le prix des marchandises que nous produisons en Europe et renchérit celle des voyous délocalisateurs. Jouissance pour les nôtres, punition pour les traitres : que du bonheur. Je rappelle aux hypocrites qui font mine de s’indigner que l’euro a commencé à 0,80 contre un dollar et que la tactique des Etats-Unis a été de couler leur monnaie pour rattraper les gains de productivité qu’ils étaient incapables de faire dans un pays où l’investissement privé et l’énergie de la libre entreprise est pour bonne part une fable pour la cléricature libérale européenne. Je rappelle aussi que les chinois rient au nez de tous ceux qui leur demandent de réévaluer leur monnaie. Mais il est vrai qu’eux n’ont pas encore découvert notre géniale invention qu’est une banque centrale indépendante chargée seulement de la stabilité des prix ! Sacrés chinois !

Et voici que s’avancent les comptables d’un soir ! Ils frisent l’apoplexie ! On va importer de l’inflation ! Et alors ? L’inflation ronge la rente ! Bravo ! Le fric doit tourner ou crever ! Vu du sol c’est tout bon aussi. Que les marchandises qui entrent coutent plus cher, voila qui est parfait : il s’en consommera moins. Bonne occasion pour relocaliser ! De toutes les façons, à terme, s’il s’en consomme moins leur prix baissera pour la raison que l’Europe reste le premier acheteur premier producteur et première masse monétaire du monde. Bon, voyons un exemple d’inconvénient relatif. Un cercle vertueux : le pétrole plus cher ! Tant mieux ! Ca vaut la taxe carbone pour ralentir le rythme de la consommation de ce truc nuisible, accélérer le travail pour installer des substituts écologiquement viables, dynamiser les programmes d’économies d’énergie. Nécessité fera loi puisque la raison n’y a pas suffi. Si ca va trop loin la marge est dans les taxes qui y sont affectées. Et si besoin, on peut parfaitement rétablir un contrôle des prix sur ce produit hautement spéculatif. Facile comme un décret. De toute façon les récalcitrants n’ont pas le choix. L’essence qui ne serait pas vendue aux français écroulerait les cours et les compagnies hostiles. Sans oublier que la réquisition est légalement possible dans notre pays comme dans tout le reste des autres nations démocratiques car aucune ne peut laisser croire qu’elle laisserait les intérêts privés s’imposer face à l’intérêt général.

Mais, monsieur Mélenchon combien de temps faudra-t-il pour que ces inconvénients relatifs dont vous vous accommodez si facilement fassent leurs effets ? Et voici ma réponse : un certain temps. Et à mon tour je pose une question : Quand pourra-t-on jouir des effets positifs de vos merveilleuses cures d’austérité dont vous vous accommodez si facilement ? Et je suis obligé de reconnaitre que vous, au moins vous le savez parce que vous les avez déjà expérimentées partout dans le monde. Et voici la réponse : jamais. Parce que ça n’a jamais marché. Et il suffit de voir dans quel état sont vos cobayes en Europe de l’est après que le docteur FMI les a soignés ! Vous êtes au courant ? Voyez les bons élèves lettons et estoniens ! Ah, comme ils ont été encensés pour leurs dirigeants jeunes, tellement jeunes mon cher, sortis des bonnes écoles étasuniennes, initiateurs d’une magnifique économie bâtie sur les dettes privées, l’immobilier facile et tout le business qui a fait aussi la fortune des irlandais, des espagnols et de tant d’autres ! On leur a pardonné de voter des retraites aux anciens SS, leur ministre qui participe à des rassemblements d’anciens nazis et toutes ces choses tout à fait secondaires quand il s’agit d’insulter les russes. Bref, en dépit de tous ces talents, la rigolade n’a pas duré. Les remèdes de tonton FMI ont frappé forts ! L’économie s’est contractée de 25% en Estonie et de 20% en Lettonie ! Bien sur cela a un coût humain : 22 % de taux de chômage en Estonie et 15,5% en Lettonie ! Salaires et retraites se sont effondrés ! Budget de la Santé rabiotée, celui de l’éducation amputée, tout ça se paiera un jour ou l’autre plus cher que le présent déjà cruel ! Tout ça est horrible ! Pas pour notre chère « Europe qui protège » ! Elle au contraire cite cette purge en exemple. L’Estonie est régulièrement félicitée pour sa prochaine entrée dans « l’euro qui protège ». Imaginez que grâce à ces remèdes la dette publique est seulement de 7% du PIB (60 % autorisés par le pacte de stabilité !) et le déficit budgétaire est limité à 1,7% du PIB (3% autorisés).

Bien sûr il y a quand même une face cachée. Ce sont les milliards injectés par notre chère « Union qui protège » dans l’économie lilliputienne de l’Estonie. Jusqu’à 8 % de son PIB ! Eh bien ? A quand le rétablissement de la prospérité ? Où s’arrête la potion amère et commence le cercle vertueux ? Malgré toutes ces merveilles et fées bienfaisantes appliquant la torture sans discontinuer, aucun économiste ne prévoit un mieux avant 2015 ! Et encore : le mieux en question consistera seulement en une situation encore inférieure à celle de 2007 pour la Lettonie et 2006 pour l’Estonie ! Sachant que la crise a éclaté en 2008 cela fera sept ans de malheurs avant de commencer à se retrouver au niveau de brutalité antérieur ! A bon entendeur salut ! Sachant qu’aucune des grandes économies du reste de « l’Europe qui protège », comme celle de la France, de la Grèce de l’Espagne ou de l’Italie ne pourra jamais bénéficier du niveau de transferts européens auquel ces économies naines ont eu droit, la démonstration est faite. Cette politique ne mène nulle part, à aucun horizon rationnel, tout simplement. Dès lors, faute d’efficacité, quelle est la légitimité des politiques d’austérité et de rigueur ? « Aucun gouvernement ne devrait accepter des mesures qui l’obligent à saigner son économie pendant une durée indéterminée pour pouvoir se redresser » Ce n’est pas une résolution du secrétariat du Parti de Gauche qui le dit mais le journal « The Guardian » sous la plume de Mark Weisbrot, économiste américain codirecteur du center for économic and policy research, à Washington, que j’ai lu dans le journal peu suspect de gauchisme « Le Courrier International ».

Juste pour le fourniment en arguments, dans le cas où cela serait nécessaire aux lecteurs de ce blog. Je voudrais signaler la publication de ma tribune dans « le Monde » en réplique à monsieur Peyrelevade et à ses accusations de mensonges, à propos du partage de la richesse dans notre pays, dont il m’accable, moi et mes semblables en hérésie, depuis maintes semaines. Et une interview dans « Libération » à propos des inepties de la Commission Européenne sur le contrôle du budget des Etats ! Un nouveau palier de franchi dans les prétentions tyranniques de cette commission avec l’idée de soumettre les budgets aux commissaires avant leur examen par les assemblées des Etats souverains qui composent l’union ! Non seulement c’est une monstruosité anti démocratique mais c’est une aberration quand on pense à qui on confiera ce contrôle. Non seulement ils ne sont élus par personne mais en plus, quoi, vous voyez le niveau ? Un Herman VanRumpuy décider le budget de la France, lui qui était incapable de s’occuper de celui de la Belgique ? Vous voyez la baronne Ashton obligée d’apprendre où est Paris avant de se prononcer sur le niveau de nos dépenses pour la défense nationale ? Ou un Barroso, viré du Portugal par les électeurs, apprécier le niveau de nos dépenses d’éducation ou de sécurité sociale ? Il est largement temps de clouer le bec de ces illuminés.


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