La révolution des paysans de 1525

mardi 11 mai 2010.
 

La Guerre des paysans. L’Alsace et la révolution du Bundschuh. 1493-1525,

de Georges Bischoff. Éditions La Nuée Bleue, 2010, 494 pages, 25 euros.

Georges Bischoff propose avec cet ouvrage de revisiter la « révolution populaire » qui avait profondément bouleversé l’ordre politique et social régnant au cœur de l’Europe il y a près d’un demi-millénaire. Au printemps 1525, en Alsace comme dans une grande partie du Saint Empire romain germanique, les paysans prennent les armes au nom de l’Évangile pour promouvoir un monde fraternel, sans seigneurs, ni maîtres. Cette guerre des paysans qui s’était achevée par un bain de sang avait fortement marqué les esprits. On sait que trois siècles et demi plus tard elle suscitait encore l’intérêt et l’admiration du jeune Friedrich Engels, qui lui a consacré une étude, jugeant cependant cette révolte prématurée. De même, au début du XXe siècle, Ernst Bloch avait consacré un ouvrage passionnant à l’un des protagonistes de ce soulèvement  : Thomas Münzer.

Les insurgés s’attaquent aux symboles de l’ordre religieux, brûlent les édifices ecclésiastiques, menacent les châteaux des possédants, rallient à leur cause l’immense majorité des habitants des villages et d’un grand nombre de villes, toutes les professions sont représentées. Leur emblème est le Bundschuh, le soulier à lacet des gens du peuple. Au soir du Moyen Âge et à l’aube des Temps modernes, la guerre des paysans est une vraie révolution, « une vague de fond provoquée par des mutations structurelles inouïes, par des contradictions sociales exacerbées par une “conscience de classe” toujours plus vive et toujours mieux argumentée, et, enfin, par une culture politique nouvelle ».

L’auteur du présent ouvrage, professeur d’histoire médiévale à l’université de Strasbourg, se propose d’aller à la rencontre de la face cachée de la guerre des paysans, celle qui n’a pas été enregistrée par les archives, « en braquant le projecteur sur l’Alsace et son environnement immédiat, de la Forêt-Noire au versant lorrain des Vosges ». Il s’inscrit par ailleurs dans la perspective d’une « histoire régionale, rajeunie et décomplexée ». L’érudition de l’auteur est impressionnante, la rigueur n’exclut pas certains « raccourcis buissonniers » et une bonne dose d’humour. Ajoutons que l’édition est soignée et accompagnée d’une soixantaine d’illustrations en noir et en couleurs.

Roland Pfefferkorn, sociologue


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