Tout ce que Sarkozy a cassé en trois années à l’Élysée

vendredi 14 mai 2010.
 

Le 6 mai 2007, celui qui se présentait comme le candidat du pouvoir d’achat et de la revalorisation du travail, Nicolas Sarkozy, était élu président de la République. À la tête de l’État UMP, il s’est acharné à liquider notre modèle national.

Bougisme. Un néologisme taillé sur mesure pour Nicolas Sarkozy. Avant lui, jamais un président de la République n’avait ouvert autant de fronts  : « Je veux réhabiliter le travail, l’autorité, la morale, le respect, le mérite. Je veux… Je veux… Je veux… » Au soir de son élection, grisé par ses propres paroles, le candidat UMP disait vouloir être « le président de tous les Français ». L’Humanité a choisi dix lois votées en trois ans qui vont pourrir le quotidien de « tous les Français »… sauf celui de ses amis du Fouquet’s.

Le bouclier fiscal

Symbole de ce que sera son mandat, Nicolas Sarkozy fait voter, deux mois après son élection, en juillet 2007, le fameux bouclier fiscal pour, soit disant, « éviter l’exil fiscal des fortunes » à l’étranger. Les prélèvements fiscaux ne peuvent dépasser 50 % des revenus. Résultat  : 10 % des familles les plus riches de France touchent des chèques de plus de 300 000 euros, sans que pour autant l’investissement et l’emploi soient au rendez-vous. À l’heure de la crise, la droite refuse toujours d’abroger cette mesure injuste.

Le travail du dimanche

Votée le 23 juillet 2009, la loi sur le travail du dimanche devait créer croissance et emploi. Mais « ce qui sera créé dans la grande distribution sera détruit dans le commerce traditionnel, avec un solde pouvant être négatif », explique le collectif Amis du dimanche. Les salariés travaillent soi-disant sur la base du volontariat, mais sans double paiement. Il s’agissait juste de faire plaisir à la grande distribution. Et l’État ferme toujours les yeux sur les enseignes qui contournent une loi pourtant déjà très permissive en ouvrant le dimanche après 13 h 30…

La santé publique

En 2008, Sarkozy qualifiait de « majeur » son projet de réforme des hôpitaux. Il disait sa volonté de regrouper les établissements publics, d’ériger les directeurs en véritables patrons. Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a exaucé ses vœux en portant la loi Hôpital, patients, santé et territoires, jusqu’à sa promulgation, le 21 juillet 2009. Huée par les syndicats, impopulaire auprès des patients, cette loi impose un contrôle budgétaire strict. L’hôpital est maintenant géré à la manière d’une entreprise, bien loin de l’esprit de service public.

L’Education nationale

La loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU), votée subrepticement le 10 août 2007, cache derrière l’autonomie annoncée le désengagement de l’État de l’université publique. Selon l’Unef, elle oublie « la réussite et l’accompagnement social des étudiants, l’insertion professionnelle, la place de la recherche ». La démocratie universitaire recule  : « En précarisant les personnels et en ouvrant la porte au désengagement de l’État par des transferts de compétences », la LRU abandonne l’égalité devant le système scolaire.

Le service public

2,3 millions de citoyens votent contre la privatisation de La Poste, le 23 octobre 2009. La droite refuse d’en tenir compte. Sous couvert de trouver de l’argent pour le développement de La Poste, mais refusant de le faire par le biais de la Caisse des dépôts, elle ouvre le capital de l’entreprise publique aux capitaux privés. La porte est ainsi ouverte à la privatisation, ce qui remet en cause les services publics postaux (péréquation tarifaire, distribution du courrier, rôle du livret A…) et la présence de La Poste sur tout le territoire.

La taxe professionnelle

Au prétexte d’alléger les charges des entreprises pour leur permettre de créer des emplois, le gouvernement supprime, le 18 décembre 2009, la taxe professionnelle qu’elles payent. Un cadeau de 12 milliards d’euros aux patrons. L’État ne compensant pas pleinement cette perte de recettes aux collectivités locales, comme l’a confirmé le secrétaire d’État aux Collectivités, Alain Marleix, il met en danger l’avenir des services publics mis en place par les villes et les départements et reporte la pression fiscale sur les ménages.

Le présidentialisme

C’est la « démocratie irréprochable », version Nicolas Sarkozy. La révision de la Constitution, votée de justesse par le Parlement réuni en congrès, le 21 juillet 2008, entérine la possibilité pour le chef de l’État de venir prononcer une fois l’an un discours devant ce même congrès, sans que les parlementaires n’aient le droit de voter sur sa déclaration. Quant à la « revalorisation » promise du rôle du Parlement et des droits de l’opposition, elle s’est en fait traduite par la restriction du temps de parole des députés.

L’audiovisuel

« J’ai été ministre de la Communication. Je suis ça de près, ça fait partie du travail politique », disait Nicolas Sarkozy devant les journalistes, en 2006. Il a donc choisi, dès janvier 2009, d’asphyxier l’audiovisuel public en interdisant la publicité après 20 heures. Avec le vote du 5 mars, le président de la République allait pouvoir nommer les patrons des chaînes (TV et radio) publiques. Pas encore le « retour à l’ORTF », mais la « réforme de droite » de la télévision théorisée par un proche du château, Alain Minc, dès 1993, est enclenchée…

L’Europe 
antisociale

En ratifiant le traité de Lisbonne, le 4 février 2008, Nicolas Sarkozy a piétiné le vote des Français. Le 29 mai 2005, ils avaient rejeté par référendum le projet de Constitution européenne, la toute-puissance des marchés et le dogme de « la concurrence libre et non faussée ». Après les « non » français et néerlandais, la tactique était simple  : réaliser un copié-collé ne portant plus le nom de Constitution et le faire adopter par voie parlementaire. Ce déni de démocratie aurait pu être évité si les parlementaires socialistes avaient tous joint leurs voix aux communistes. Hélas…

Le retour à l’Otan

L’annonce a été faite au sommet de Bucarest, en avril 2008, devant George Bush, elle a été officialisée le 4 avril 2009, à Strasbourg, en présence de Barack Obama  : la France a réintégré le commandement militaire de l’Otan, instance qu’elle avait quittée en 1966 sur décision du général de Gaulle. La place originale de la France au sein de l’Alliance atlantique, son indépendance stratégique prenaient fin.

Sébastien Crépel, Grégory Marin, Jean-Paul Piérot, Cécile Rousseau, Max Staat


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