QUEL AVENIR POUR L’ÉCOLOGIE POLITIQUE  ? (article NPA)

dimanche 9 mai 2010.
 

Les résultats des listes Europe Écologie (EÉ) aux régionales ont relancé le débat sur la structuration et l’avenir du mouvement écologiste. Pour de nombreux protagonistes de la discussion, un stade de développement supérieur passe par une profonde mutation des Verts. Voire par leur liquidation… Depuis longtemps, Daniel Cohn-Bendit ne fait pas mystère de sa préférence pour cette option radicale. Il a donc mené son offensive en deux temps  : d’abord, sans même attendre les régionales, en évoquant la possibilité d’une absence de candidat Vert au premier tour de l’élection présidentielle de 2012 en échange d’un accord avec le PS pour les législatives, garantissant une cinquantaine de circonscriptions aux écologistes. Puis, le 22 mars, dès le lendemain des régionales, il a lancé un appel à constituer une «  coopérative politique  ». Concept des plus flous… sauf sur un point  : la fin des Verts  !

D’autres initiatives, complémentaires ou concurrentes, ont vu le jour comme les «  états généraux de l’écologie et de l’emploi  » pilotés par Eva Joly, Marie-Christine Blandin et Pierre Larrouturou ou encore un appel intitulé «  Europe Écologie à l’heure de l’affirmation  » impulsé par les eurodéputés d’Europe Écologie, notamment Jean-Paul Besset (ancien animateur de la fondation Hulot) et Yannick Jadot (ex-responsable des campagnes de Greenpeace). Et, finalement, la riposte des Verts «  canal historique  » est venue sous forme d’une lettre de Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, se prononçant pour une mutation progressive des Verts, articulée à la mise en place d’un réseau informel et réaffirmant sa conviction que «  les Verts n’ont aujourd’hui ni vocation identitaire ni volonté de se dissoudre dans un ailleurs indéfini  ». À l’évidence, c’est là le point litigieux. Pour ceux des animateurs d’Europe Écologie qui ne viennent pas de la tradition des Verts, «  prolonger la cohabitation entre un parti et un réseau reviendrait à se condamner au surplace, voire à la désagrégation  ». En filigrane est posé le problème de l’adhésion directe à Europe Écologie, de la constitution de collectifs de base et des règles à instaurer pour l’organisation des «  assises pour la refondation de l’écologie politique  », prévues pour l’automne. Et pour la désignation des candidats et candidates aux élections à venir, cantonales puis législatives…

On le voit  : après un succès électoral et politique, le débat au sein de la mouvance écologiste s’est essentiellement focalisé sur les questions organisationnelles. Pourtant, les questions d’orientation politique émergent  : bilan pitoyable du Grenelle de l’environnement, cautionné par les écologistes institutionnels  ; rapport de subordination ou d’autonomie par rapport au PS. Sans compter la volonté de «  lier la question environnementale et la question sociale  », affirmée par Duflot… mais qui peine à prendre consistance du fait de l’incapacité des Verts et d’EÉ à rompre même partiellement avec les contraintes du système capitaliste et productiviste.

François Coustal

* Paru dans Hebdo Tout est à Nous 53 du 29 avril 2010


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