Jacques Higelin, musicien de combats

mardi 10 avril 2018.
 

- 1) Higelin, l’esprit de 68
- 2) Jacques Higelin, chanteur et poète, est mort
- 3) Jacques Higelin « La rébellion est un acte amoureux »

1) Higelin, l’esprit de 68

Source : https://npa2009.org/idees/culture/h...

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris la mort de Jacques Higelin. Un camarade dans le combat pour une autre société. Nous avons milité ensemble pendant des années, depuis Mai 1968 jusqu’à ces dernières années où, même s’il s’était éloigné de l’extrême gauche, il était de tous les combats pour les sans-papiers et pour le droit au logement.

Il a commencé à prendre contact avec l’extrême gauche en 68, dans la cour de la Sorbonne où il jouait du piano.

Il a commencé à militer régulièrement au côté de la Ligue communiste au moment de la fête de la Commune.

Peu de temps avant, il avait participé à l’organisation d’une manifestation pour soutenir les luttes internationales, en particulier en Amérique latine et au Vietnam. On avait écrit ensemble le texte du chœur parlé « De Den Hong hà Quang tri, des plaines aux hauts plateaux, vive le peuple en armes ! »

Il était venu organiser cet événement à la Sorbonne, avec les membres de notre service d’ordre, et avait emmené, avec Jérome Savary, un orchestre de saltimbanques, de timbales, etc.

Lors de l’anniversaire de la Commune en 1971, une grande manifestation avait eu lieu et, le soir, lors de la fête, Higelin avait chanté l’Internationale en version reggae. Les camarades de LO et un certain nombre de camarades de la Ligue, choqués, hurlaient et se sont mis à chanter la version classique !

Higelin a participé à la campagne électorale LCR-LO à Bordeaux en 1971, où se présentaient Jean-Jacques Servan-Schreiber et Jacques Chaban-Delmas. Ensemble, on dénonçait la farce électorale. On passait dans les rues, déguisés en JJSS et JCD, et lui faisait le bateleur : « Mesdames et Messieurs je vous présente deux candidats qui ont plein de choses à vous proposer. Du bénef de l’argent, ce que vous voulez ! »… mais avec des nez rouges. Rue Sainte-Catherine, on se retrouve nez-à-nez avec des fachos… et le nez rouge nous a sauvés. Parce qu’ils n’ont pas osé agresser des clowns dans la rue devant les commerçants.

Jacques Higelin avait chanté à la fête de Rouge à Pantin en 1975 et, auparavant en 1971, il avait participé à un camp organisé en Corse avec notre association « le droit à la paresse ». On faisait des concerts, des débats politiques. Il avait organisé une animation sur scène racontant l’histoire de la IVe Internationale et de la Ligue communiste en chansons. Sur des chansons de Johnny, etc.

Il a été très présent dans les mobilisations pour les sans-papiers et pour le droit au logement, même s’il s’était éloigné de l’extrême gauche.

Il y a aussi sa musique. Une musique qui sortait des sentiers battus, reflétait la révolte de la jeunesse des années 68. Une musique qui ne s’est jamais sclérosée, Higelin se renouvelant toujours et cherchant toujours à exprimer les émotions et la révolte contre les injustices.

50 ans après 68, nous entendons toujours ses notes de musique dans la cour de la Sorbonne, nous entretiendrons sa joie et ses combats.

A.L., merci à Alain Cyroulnik

Par Benoît Derrier

2) Jacques Higelin, chanteur et poète, est mort

Source : http://www.lemonde.fr/disparitions/...

vec la disparition de Jacques Higelin, mort vendredi 6 avril à Paris, la scène musicale française perd un personnage engagé et atypique, un poète fantasque de la chanson française. Jacques Higelin naît le 18 octobre 1940 à Brou-sur-Chantereine (Seine-et-Marne) d’un père alsacien et d’une mère belge. Il est issu d’un milieu modeste mais son père cheminot joue du piano et consacre son temps libre à la musique. L’enfant est bercé par les grands chanteurs de l’époque comme Maurice Chevalier et Charles Trenet, ce qui l’influencera plus tard.

A 14 ans, il quitte l’école et commence par exercer comme cascadeur puis comme acteur. Il se retrouve dans une comédie musicale, Nouvelle Orléans, aux côtés du jazzman américain Sidney Bechet. Au début des années 1960, il s’inscrit aux cours d’art dramatique de René Simon, puis part faire son service militaire. Après son passage à l’armée, il tourne plusieurs films et joue au théâtre et dans des cafés-théâtres.

Fin 1964, il fait la connaissance à La Vieille Grille de la chanteuse Brigitte Fontaine. C’est une rencontre déterminante. Le duo se produit sur les scènes pari­siennes et enregistre plusieurs chansons. Ils sortent un album en 1966, 12 chansons d’avant le Déluge. En 1969, il sort un album avec le compositeur Areski Belkacem, un de ses amis de régiment. Higelin lui présente Brigitte Fontaine qui deviendra sa compagne. Fontaine et Belkacem l’incitent à tenter une carrière solo.

En 1971, sort son premier album solo, Jacques Crabouif Higelin. Puis il fait une pause, quitte Paris, et entre 1971 et 1973 vit dans des communautés dans les Alpes ou le Lubéron. Il s’oriente ensuite vers le rock, provocateur et sombre. C’est l’album BBH 75 en 1974 puis Irradié en 1976, auquel participe Louis Bertignac, futur guitariste du groupe Téléphone. Avec l’album Alertez les bébés ! en 1976, il reçoit le prix de l’Académie Charles-Cros. Il marque pour l’artiste la reconnaissance publique et critique. Son premier très gros succès survient avec la chanson Pars dans l’album No Man’s land, en 1978.

Il devient alors un artiste reconnu et une bête de scène. En 1979, Jacques Higelin connaît un succès populaire grâce à un double album resté célèbre, Champagne pour tout le monde, caviar pour les autres. Le succès du double album marque un des sommets dans la vie musicale de Higelin. Il enchaîne les tubes : Tête en l’air, Hold Tight, et surtout son titre-phare, Champagne.

Il se produit dans de nombreux concerts, durant lesquels il fait la part belle à l’improvisation, ce qui accroît sa proximité avec le public. Il organise aussi de véritables spectacles comme en 1983 au Trocadéro où il mêle jazz et cirque. Son éclectisme étonne, ses influences musicales sont multiples. Parfois, c’est l’échec comme pour le spectacle à Bercy de 1985, un show mis en scène par Patrice Chéreau où il présente deux artistes africains, le Sénégalais Youssou N’Dour et le Guinéen Mory Kanté. Il prend alors du recul et écrit un nouveau disque, Tombé du ciel, qui sort en décembre 1988. C’est un énorme succès.

Causes sociales et humanitaires

En 1989, il part en tournée et rassemble en six mois quelque 700 000 spectateurs. Il utilise désormais sa notoriété pour soutenir des causes sociales ou humanitaires comme l’association Droit au logement. En 1990, Jacques Higelin devient à nouveau père. Sa fille Izia naît le 24 septembre 1990. Il a 50 ans. Ses fils Arthur et Ken étaient nés respectivement en 1966 et 1972. Dans les années 1990, iI enchaîne les tournées et les festivals : Printemps de Bourges et Francofolies, notamment, dont il est un des piliers. Au début des années 2000, il tourne en France et à l’étranger.

Au sommet de son art en 2016

Il revient également en force avec les albums Coup de foudre en 2010, puis Beau repaire en 2013. Il enchaîne plusieurs représentations au Casino de Paris pour ce dernier opus, disque d’or fin 2013. Télérama souligne qu’il s’agit « peut-être du meilleur album de Higelin, qui le remet enfin à sa place : au sommet de la chanson ».

Enfin, en 2016, c’est l’album Higelin 75, un album audacieux avec seulement huit titres dont l’un dure vingt et une minutes. Et une chanson en l’honneur de sa fille : Elle est si touchante. Higelin est au sommet de son art.

La sensibilité artis­tique et musicale d’Higelin ne s’éteint pas avec la disparition du chanteur. Ses trois enfants évoluent égale­ment dans le milieu avec le chan­teur Arthur H, le réali­sa­teur et acteur Kên Hige­lin et la chan­teuse Izia Hige­lin.

3) Jacques Higelin « La rébellion est un acte amoureux »

Source : http://www.humanite.fr/2010-03-10_C...

Énergie et générosité à revendre, nouvel album, Coup de foudre, porté par l’amour et le goût de la révolte, show à la Cigale : Jacques Higelin fait son retour en « homme qui chante ». Plus en forme que jamais.

Interviewer Jacques Higelin, c’est aller à l’aventure et partir pour un monde où les images s’enchaînent sans cohérence apparente. Quant à venir avec des questions trop cadrées, c’est à coup sûr s’assurer un refus poli. Si l’ami Jacquot possède l’art de l’esquive, c’est qu’il préfère butiner sur des sentiers bien plus poétiques que le chemin balisé par le journaliste en mal d’information. Higelin aime la folie joyeuse, inventive, créative. Un exercice dans lequel il excelle. En témoigne l’entretien qu’il nous a accordé à l’occasion de la sortie de son nouvel opus, Coup de foudre, et de son retour très attendu à la Cigale, où il se produit jusqu’à dimanche.

Votre album enregistré dans un studio-ferme à Sainte-Marie-aux- Mines donne l’impression d’une certaine insouciance. Notamment dans la chanson Bye Bye Bye, où on vous sent heureux d’être à la campagne. Pourriez-vous y vivre de manière définitive ?

JACQUES HIGELIN. Il y a une poésie incroyable dans cet endroit, cette maison avec un studio. C’est vrai que je suis très à l’aise à la campagne, mais je ne pourrais pas y vivre en permanence. C’est bien pour composer, rêver, être tranquille…

Est-ce à dire que vous avez besoin du stress, de l’énergie propre à la ville ?

JACQUES HIGELIN. Le stress et moi, ça fait deux. Je le supporte assez mal. Dans la ville, il y a une énergie qui n’est pas forcément positive. À Paris, les gens sont devenus trop nerveux. Ça pourrait être plus sympa s’il y avait moins de bagnoles. Pour se garer c’est un problème, c’est fliqué à outrance. Il y a des villes, comme Montréal, où dans le vieux quartier les gens sont plus cool. Le côté province fait que les gens sont plus aimables, détendus. La nervosité, ce n’est pas un truc naturel chez l’être humain. Aujourd’hui, c’est trop. Entre les sirènes, les flics, le côté « pousse-toi » en bagnole… Des fois, il suffit juste de passer le périphérique vers la banlieue pour se sentir tout de suite mieux. On a l’impression de sortir de la guerre. Il y a un côté agressif que je ne supporte pas. Avant à Paris, il y avait une vie de quartier, une vie nocturne. J’ai connu une époque où, par le fait des anciennes halles, Paris était une ville plus marrante. Les cabarets, les cafés-théâtres fermaient tard et, si on buvait un coup, personne ne venait vous emmerder. À un moment donné, tous les endroits qui étaient sympas sont devenus, sous l’impulsion de Chirac d’ailleurs, des quartiers à touristes au détriment du vieux Paris. Ce côté-là des gens poussés à bout sans aucun programme d’aération, forcément, tôt ou tard, ça coince au portillon. On est tendus, pas joyeux, et il y a de quoi. Il y a tellement de licenciements. Tous les jours, on entend que telle ou telle usine va fermer. On voit de plus en plus de gens en fin de droits, des clochards, des gens à la rue… et un président qui s’agite. Il promet tout et son contraire et finit par appliquer une politique de droite, voire d’extrême droite sur le mode « fais du pognon, sinon t’es un con » et si t’as pas la Rolex, t’as raté ta vie. C’est tout pour le fric.

Qu’avez-vous pensé du débat sur l’identité nationale ?

JACQUES HIGELIN. Nul ! Un débat sans intérêt, complètement ridicule. Il n’y a pas un être humain sur terre qui ne vient pas de plusieurs influences, racines. Il n’y a qu’une race : l’humanité. Je me souviens d’un chercheur qui expliquait que le terme « raciste » ne pouvait pas marcher parce qu’il n’y avait qu’une race humaine qui prenait différentes formes. Il y a des Pygmées, des Esquimaux, des Indiens, des Asiatiques, des Africains, différentes civilisations. Mais ce que je vois, c’est un durcissement. La chasse au faciès, de plus en plus de flics. Ça devient intolérable. Moi, je me sens bien de faire partie de ce peuple cosmopolite, mondial où tout le monde vient de partout.

La chanson Terminus Hôtel, c’est l’idée du bout de la route ?

JACQUES HIGELIN. C’est le dernier truc. Un squat où les chambres sont en plein air. Un hôtel des courants d’air où on retrouve des travailleurs, des gens courageux, des Africains qui en ont marre de ne pas avoir de papiers, qui paient des impôts. Ils sont à la rue. Est-ce qu’on voit ce qui se passe ? Chaque fois qu’une usine ferme, que l’on renvoie des gens par paquets pendant que d’autres se font des couilles en or de bénéfices, qu’est-ce qu’ils deviennent ? Quand on arrive en fin de droits, que faiton ? Les gens ont peur.

Votre reprise d’Aujourd’hui la crise que vous chantiez déjà en 1976 dans l’album Alertez les bébés est, de ce point de vue, dramatiquement d’actualité…

JACQUES HIGELIN. Hélas, oui. On pourrait donner une part du surplus des bénéfices et le répartir pour que les gens vivent dignement avec un toit, aient de quoi manger tous les jours et puissent envoyer les enfants à l’école. J’ai vu comment ça se passe dans les hôpitaux récemment : des infirmières débordées, de moins en moins de personnel. Ils ne peuvent pas faire autrement, il y a de moins en moins de gens. Dans le secteur de l’éducation, la recherche, c’est pareil… Ça déconne de plus en plus gravement.

Comment faites-vous, dans ce monde en crise, pour garder vos yeux de poète ?

JACQUES HIGELIN. J’avais écrit pas mal de choses très noires, mais je n’avais pas envie d’en rajouter une couche. C’est le devoir d’un artiste d’être à l’écoute de ce qui se passe autour de nous. S’il ne voit pas et n’entend pas, pourquoi alors faire de la musique, de la peinture ?

Le bonheur pour Jacques Higelin, c’est quoi, vous qui chantez Tout bonheur que la main n’atteint pas est un leurre ?

JACQUES HIGELIN. Dans cette chanson, j’essaie de dire que si on ne se touche pas, si on n’essaie pas de danser ensemble, qui est un truc très sensuel, eh bien l’idée de bonheur reste un leurre. Dans une journée, il y a plein de moments de bonheur. C’est peu de chose. Un bébé, une personne qui donne un sourire, un coup de foudre. J’ai toujours été attiré par la beauté, la grâce. L’existence nous donne plein de choses. Pour moi, ça aurait été comme une trahison, après avoir été nourri par la vie, de baisser les bras. J’ai toujours été heureux avec ça : le cadeau de la vie. Je viens de ce qu’on appelle les petites gens. Je suis resté dedans. Je ne dis pas que la vie est rose. Mais ça serait horrible de dire à un moment donné « je vais vous chanter la merde ». Je quitterais la scène autodéprimé. Il est hors de question de lâcher prise sur l’amour de la vie.

Il y a dans votre album des ambiances de jazz New Orleans. Aviez-vous déjà abordé ce style de musique ?

JACQUES HIGELIN. Quand j’étais plus jeune, j’écoutais sur un vieux phonographe qu’on m’avait donné Miles Davis, Charlie Parker, Dizzy Gillespie. Je suis né au début de la guerre mondiale et, à vingt ans, je suis parti pour le service militaire en Algérie, où je suis resté cinq mois, après j’ai été en Allemagne deux ans. Je me souviens avoir lu la Question d’Henri Alleg, qu’on m’avait envoyé, et commencé le Capital… Je n’ai jamais été dupe, mais j’avais l’estomac serré et la peur au ventre. Tout cela ne m’a pas empêché d’être amoureux. C’est pour ça qu’il y aura toujours cohabitation dans la même personne. Les deux sentiments, de bien-être et de rébellion contre des lois scélérates, un pouvoir aveugle et sourd. Ainsi, j’ai toujours été sensible à tous les artistes de la planète, des gens comme Brassens, Brel, Ferré, Nougaro, Gainsbourg, Trenet bien sûr. Un jour, il avait eu cette phrase : « Il faut savoir se glisser dans les interstices du malheur. » Une manière de dire qu’il faut continuer à progresser. Après le jazz, il y a eu le rock et le blues. Au moment de composer, ça m’a évoqué mon enfance. Mon père disait : « Arrête d’écouter ça, c’est de la musique de sauvages. Ce n’est pas de la musique c’est du bruit. » Mais il pensait également que Brassens, c’était triste, alors que moi je trouvais ça magnifiquement léger. Il parlait de la vérité qui n’est pas forcément une chose triste. J’ai toujours vu la rébellion comme quelque chose de nécessaire et de joyeux. C’est un acte amoureux.

Troubadour conscient, ça vous va comme définition ?

JACQUES HIGELIN. Troubadour n’est pas un mot que j’adore. En même temps, c’est plus joli que tueur. Un troubadour, c’est quand même un homme qui chante l’amour, la paix, la beauté du monde. François Villon n’était pas inconscient, Rimbaud non plus, Artaud, Jean Genet pareil. Tous les poètes sont des gens hors la loi. Hors les lois de la bienséance et du rangement dans des cases.

Le temps qui passe ?

JACQUES HIGELIN. L’âge ne me dérange pas. Il y a des passages, des révolutions, des bouleversements physiques, intellectuels. À un moment donné, on a une expérience de sa propre vie. Une vie que je n’ai jamais voulu coller à qui que ce soit. J’adore voir pousser les enfants en liberté. C’est ce que disaient ma fille et mes fils : « Mon père nous a appris la liberté de penser. » Le goût de la liberté. Je ne dis pas qu’on peut être parfait. C’est une trajectoire guidée par la soif de libération. La part secrète de l’amour, la part sensuelle, la part sexuelle, intellectuelle, romantique, je ne l’ai jamais exclue. J’ai toujours dit à mes enfants : « Je vous aime. » Parfois, j’ai manqué de présence parce que j’étais sur les routes, mais après on a discuté, surtout avec les deux garçons. Pour la petite, j’étais plus présent. Ouais, des fois j’ai manqué à mes enfants. C’était ça qu’ils me reprochaient, pas de ne pas les aimer.

Diriez-vous que la musique, les arts, vont ont sauvé d’un monde parfois très sombre ?

JACQUES HIGELIN. Il y a toujours eu un piano à la maison, une guitare, des amis musiciens, des fêtes… Par bonheur, la musique a accompagné ma vie. C’est sans doute pourquoi je regarde beaucoup le ciel, l’infini. On est une petite boule bleue perdue dans l’univers. Il y a des rivières magnifiques, des torrents, des couchers de soleil, la nuit, les étoiles. On est au milieu de centaines de milliards de galaxies. Ça aide à relativiser. On est là parfois à s’engueuler les uns les autres, alors que l’on pourrait jouir de l’existence… La vie c’est tellement fort. C’est une énergie vitale.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR VICTOR HACHE

GALVANISANT COUP DE FOUDRE

Après Amor doloroso, Jacques Higelin revient avec Coup de foudre. Un album où il redit son goût pour l’amour, la révolte et l’engagement social. Un bol d’air pour le chanteur, qui est allé à Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin) enregistrer dans une ferme-studio, en compagnie de l’ex-leader de Kat Onoma, Rodolphe Burger, de Dominique Mahut et de quatre autres musiciens, complices de l’aventure. Au milieu des vertes vallées, Higelin a retrouvé sa verve poétique. À l’image du bucolique et joyeux Bye Bye Bye, prélude à un répertoire qui invite à la rêverie sur fond de crise. Un opus amoureux dans lequel le chanteur observe le monde avec le recul de celui qui est devenu un classique de la chanson. Il y a des moments de grâce (J’ai jamais su), des chansons funkyfoutoir extra (Août put). Bref, du Higelin comme on l’aime, vivant, créatif, lumineux. Et toujours prêt à s’enfl ammer pour une trouvaille musicale entre ambiances folk-song, jazz New Orleans, bastringue et rock. Un artiste en liberté qui, à bientôt soixante-dix ans, n’a rien perdu de son énergie ni de sa générosité. Une belle leçon de vie !

V. H.

Album Coup de foudre, EMI/Capitol. Concerts à la Cigale du 9 au 14 mars, 120, bd Rochechouart, Paris 18e. Rens. : 01 42 23 15


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