Les anciens, variable d’ajustement de l’hôpital

vendredi 24 août 2012.
 

Après l’hôpital pédiatrique parisien de Trousseau, Joffre-Dupuytren, à Draveil, entre en lutte contre la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Dans cette structure gériatrique, 68 lits doivent disparaître, avant un possible démantèlement. Inconcevable pour les 1 050 employés mobilisés.

« Direction générale, menteur », la banderole attachée à l’entrée de l’hôpital Joffre-Dupuytren, à Draveil (Essonne), donne le ton. Alors que la structure gériatrique pensait être épargnée par le plan de restructuration de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), le personnel ne digère pas le coup de Trafalgar du directeur général de l’AP-HP. « Le 7 décembre, Benoît Leclercq avait dit publiquement que l’activité serait maintenue, voilà que le 8 février, le maire de la ville reçoit un courrier annonçant que 68 lits vont être fermés. Il s’est bien foutu de notre gueule  ! » s’énerve Jean-Marc Allouche, secrétaire CGT pour l’intersyndicale CGT-FO. Et depuis, l’hôpital bouillonne.

Maintenir l’ensemble des activités

En ce mardi, la sono diffuse de la musique à fond avant l’assemblée générale. Plus de 200 soignants, médecins et agents de nettoyage se pressent dans le hall d’accueil… Certains sont venus sur leurs jours de congé, accompagnés de leurs enfants. Depuis vingt-six jours, ils défilent dans le centre-ville, participent à des opérations escargot comme le 25 février et débrayent quelques heures à l’appel de l’intersyndicale. Pour mettre la pression sur la direction et maintenir l’ensemble des activités. Mais aussi tenter de comprendre cette décision de fermer 68 lits de soins de suite et de rééducation (SSR). Car le bâtiment abritant ces activités est flambant neuf  ! 32 millions y ont été investis. Et en 2009, l’hôpital a atteint 97 % d’occupation. 900 patients y ont même été refusés par manque de place  !

« Avec ces événements, la construction d’un nouveau bâtiment pour remplacer celui de Joffre, avec 240 lits de soins de longue durée (SLD) est aussi remise en question. Les laboratoires de biologie devraient partir à Henri-Mondor, à Créteil (94). Des rumeurs parlent de fermer l’hôpital », déplore Serge Serbera, secrétaire FO. Pour les syndicats, ces 68 lits ne sont qu’une étape vers un transfert plus important des activités à Rothschild, le futur grand hôpital gériatrique francilien. Une logique qui s’inscrit dans le plan de regroupement de 37 hôpitaux de l’AP-HP à 12, supprimant au passage 4 000 postes d’ici à 2012. À Joffre-Dupuytren, 130 emplois seraient ainsi menacés. Ce qui tracasse Michelle, infirmière mobilisée. « Je suis à trois ans de la retraite, j’ai déjà fait la fermeture de Vaugirard, de Broussais avant de venir ici. À cinquante-trois ans, hors de question de retourner à Paris  ! » insiste-t-elle. Pourtant, le quotidien n’est pas une partie de plaisir. Dans son service de soins de suite de rééducation, une infirmière et deux aides soignantes s’occupent de 16 à 21 patients âgés, paralysés ou atteints de cancer, d’Alzheimer. Sa collègue, Marie, aide soignante, avoue même ne pas avoir le temps de débrayer.

Dans cette lutte, le comité consultatif médical (CCM) n’est pas en reste. 97 % des médecins sont réunis en comité de défense. « On ne nous a pas demandé notre avis. Nous avons donc écrit de nombreux courriers aux députés et sénateurs pour les alerter », explique un d’entre eux qui souhaite rester anonyme. La pétition en ligne sur leur blog a déjà recueilli 1 700 signatures. Depuis le début, Georges Tron, maire UMP de la ville, assure aussi son soutien aux grévistes. Il a qualifié l’attitude de l’AP-HP « d’irresponsable et d’irrespectueuse » dans différents médias. Et proposé les dates des 8, 10 et 12 mars pour organiser une réunion avec le directeur général (DG) de l’Assistance publique. Mais celui-ci refuse toujours de rencontrer l’édile et les syndicats avant le 21 mars. Élections régionales obligent.

« Nous allons intensifier le mouvement »

Bille en tête, Jean-Marc Allouche va chercher le directeur de l’hôpital dans son bureau après l’assemblée générale. Pour connaître la date de cette fameuse réunion. Les grévistes le suivent, chahutant. Pas question de se mobiliser dans la morosité. « Alors, on en est où  ? » lance le représentant de la CGT. Gêné, le directeur informe que le DG refuse toujours de discuter avant les élections. « Nous allons intensifier le mouvement. Et ça va être autre chose que de brûler des palettes  ! » martèle Jean-Marc Allouche. Les syndicats ont ensuite décidé d’interpeller Martine Orio, la directrice du pôle hospitalier dont ils dépendent. Hier, 195 personnes de Joffre-Dupuytren ont débarqué à l’hôpital Albert-Chenevier (Val-de-Marne) au milieu d’une réunion. Et ont obtenu une entrevue avec elle aujourd’hui pour discuter du maintien des activités.

Cécile Rousseau


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