Volcan islandais Laki : dans la représentation du monde portée par les medias, les pauvres ne tiennent pas le premier rôle

lundi 26 avril 2010.
 

Il y a beaucoup à apprendre de la manière dont la société réagit à l’éruption du volcan islandais. L’événement occupe une place considérable dans les médias. C’est normal ? Sans doute, mais rappelons tout de même qu’à cette heure l’éruption n’a fait aucun mort. Estrosi a osé une lamentable comparaison en déclarant que les travailleurs de la SNCF qui faisaient grève malgré le volcan auraient été capables de faire la grève du déblaiement à Haïti après le séisme. Or le tremblement de terre d’Haïti a fait, lui, au moins 220 000 morts. On dénombre 1,3 million de sans-abris. A comparer aux quelques milliers de sans-vacances cloués dans les aéroports. Pourtant la presse ne parle plus de la catastrophe d’Haïti. Utile piqure de rappel : le traitement médiatique de la réalité n’est jamais objectif. Il exprime une représentation du monde socialement construite dans laquelle les pauvres ne tiennent pas le premier rôle.

Ensuite il est frappant de lire beaucoup d’éditoriaux sur les conséquences de l’éruption qui expriment le sentiment nostalgique qu’un monde est en train de mourir. La « mondialisation est fragile » nous dit Le Monde. Ce sont les mêmes qui avaient expliqué pendant des années qu’elle était aussi incontournable que la course du soleil ! C’est que cette fragilité est devenue incontestable. Le volcan n’y est pas pour grand chose. C’est d’abord l’urgence écologique et le désordre social produit par la domination de la finance qui condamnent l’actuelle mondialisation. Mais ils ne peuvent pas le dire ! En revanche leur spleen peut s’exprimer sans risque sous couvert de catastrophe naturelle.

Enfin, le volcan nous a donné l’occasion de quelques « journées sans avion » qui ont la même vertu pédagogique que les journées sans achat, sans télé ou encore sans voiture organisées par les mouvements alternatifs. Les productions délocalisées se retrouvent en difficulté. Le train regagne des parts de marché. Les consommateurs doivent renoncer aux consommations de produits agricoles venus de l’autre bout du monde. Les vacanciers retrouvent le chemin du tourisme en France. Tout un mode de vie présenté comme désirable est rendu impossible. Bon exercice pour préparer la relocalisation de l’économie rendue nécessaire par le réchauffement climatique et l’épuisement programmé des réserves de pétrole.


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