Suspension des allocations familiales : une politique de haine de classe

dimanche 25 avril 2010.
 

Les "classes dangereuses" font un retour en force... dans le discours de la droite. Dos au mur politiquement, Nicolas Sarkozy ressort ses vieilles ficelles sécuritaires. Parmi elles, la suspension "systématique" des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire d’un enfant (plus de quatre demi-journées d’absence dans le mois). C’est dorénavant le Préfet qui aurait, aux termes d’un énième projet de loi sécuritaire, la maîtrise de cette mesure.

Dans un rapport d’octobre 2007 sur la pauvreté en France, l’INSEE indiquait que "dans le Nord, les Bouches-du-Rhône et la Seine-Saint-Denis, les familles nombreuses sont particulièrement touchées, ce qui entraîne une pauvreté plus fréquente des enfants". Par ailleurs, les statistiques indiquent que huit millions de Français dont deux millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté (908 euros par mois pour une personne seule).

Toujours selon l’INSEE, sur l’ensemble du territoire français, 17,9% des enfants de moins de 18 ans vivent sous le seuil de pauvreté contre 13,4% pour l’ensemble de la population.

Dans le département même de Seine-Saint-Denis où le Président de la République a fait hier son show sécuritaire, 17% des habitants résident dans un foyer vivant en-dessous du seuil de pauvreté (contre 10% en moyenne dans les autres départements d’Ile-de-France). 55% de la population y sont allocataires d’au moins une prestation sociale. Pour eux évidemment, la suspension des allocations familiales menace leur survie même.

C’est donc à une véritable guerre aux pauvres que se livre celui qui devrait être le garant de l’intérêt général.

En outre, la suppression des allocations à toute une famille suite à l’absentéisme d’un seul enfant réintroduirait une punition collective à l’échelle d’une famille, notion disparue depuis la Révolution Française, avec des conséquences néfastes imprévisibles sur l’équilibre psychologique et éducatif déjà précaire de nombre de ces foyers. De l’art d’appuyer la tête sous l’eau à ceux qui suffoquent déjà...

En filigrane se dessine l’idée selon laquelle les parents des quartiers populaires seraient le plus souvent des mauvais parents, se fichant que leurs enfants réussissent, des parents "démissionnaires" (alors que ceux des quartiers des beaux quartiers sont, c’est bien connu, très "occupés"). Ce mépris social se meut en machine-à-claques pour les pauvres. C’est insupportable !

De nombreux détracteurs de la suspension des allocations familiales insistent sur le caractère "inefficace" de cette mesure, existant légalement depuis longtemps mais supprimée en 2004 et de nouveau en vigueur depuis 2006, jusqu’à présent confiée aux Présidents de conseils généraux (dont 40% sont à droite), rarement appliquée.

Le Parti de Gauche y voit une mesure profondément injuste à plusieurs titres, s’y opposera sans trêve et s’engage à y mettre fin dès qu’il accèdera aux responsabilités.


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