Nouvelle phase du Front de Gauche et présidentielles 2012 en débat pour le congrès d’étape du PCF (L’Humanité)

mercredi 28 avril 2010.
 

Le congrès d’étape du PCF, convoqué du 18 au 20 juin prochain à la Défense, est entré dans la phase active de sa préparation. Dans les prochains jours, seront soumis aux communistes les documents préparatoires adoptés par le Conseil national, vendredi soir, et destinés à alimenter les débats et réflexions dans les sections et les fédérations.

Sur la base des orientations décidées au 34e congrès de décembre 2008, ces deux documents se proposent de « tirer les enseignements de la construction » engagée avec le Front de gauche pour le faire entrer dans une « nouvelle phase » dans la perspective des échéances électorales de 2012, et de mener parallèlement les transformations du PCF décidées au précédent congrès. Il s’agit, dit le premier document, de « construire un Front de gauche d’une nouvelle dimension, (…) un front populaire pour une alternative à gauche » pour « porter le plus loin possible » un « projet alternatif » dans « les échéances électorales qui s’annoncent ».

Cela exige de dépasser les « limites » actuelles du Front de gauche, pour faire « émerger les grands repères d’un projet transformateur ».

La question de la manière et du moment d’aborder la candidature à la présidentielle pour porter ce projet a fait débat au Conseil national, certains comme le député du Rhône, André Gerin, souhaitant que l’on affirme dès maintenant le principe d’une « candidature communiste », d’autres souhaitant l’ouverture d’un débat qui devrait trouver sa conclusion au congrès ordinaire de juin 2011. À la majorité, la direction communiste a décidé de maintenir la version du texte qui affirme la priorité au « rassemblement maximum sur un projet partagé », la désignation d’une candidature devant « s’appuyer sur ce processus et non le précéder ». Pour Pierre Laurent, il s’agit, « sans exclure » une candidature communiste, d’« ouvrir le débat » sans le « commencer par cet aspect », le coordinateur du PCF proposant de coupler les campagnes législatives et présidentielle.

Sébastien Crépel

2) Les JC relisent Marx à la lumière des luttes actuelles

Le congrès du Mouvement des jeunes communistes, réuni de vendredi à hier à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), a été traversé par des débats sur l’identité du projet communiste, mais aussi par la mise en commun des pratiques militantes.

« C’est la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à la température normale. » Les Jeunes communistes ont-ils lu Bernanos, avant Marx  ? Les débats, parfois tendus, qu’ils ont tenus ce week-end, à Gennevilliers, à l’occasion de leur congrès national, prouvent en tout cas la vivacité de l’organisation de jeunesse, qui fête cette année ses quatre-vingt-dix ans.

Les questions d’identité du mouvement communiste, qui traversent le PCF, ne pouvaient rester à la porte du congrès. Une large frange des délégués a ainsi réaffirmé, dans un premier texte d’orientation, son attachement à la construction d’un « socialisme du XXIe siècle » comme « phase transitoire » pour aller vers « une société d’émancipation individuelle et collective ». Débats sur l’avant-garde éclairée, sur le centralisme démocratique et la discipline de parti. Comme pour se rassurer sur son identité, au risque de « passer pour des extraterrestres » auprès des jeunes en général, s’inquiète un délégué.

L’affrontement entre salariat et patronat

Entre les passionnés de Marx, Lénine et Engels, et les autres, plus en prise avec le vécu des jeunes d’aujourd’hui, et parfois mis en minorité au moment des votes, les différences affichées dans les discours le sont moins dans la pratique quotidienne. Fabien Marion a bataillé trois jours durant pour que la notion de jeune travailleur soit au cœur du projet des Jeunes communistes. Lui-même milite dans une union de jeunes travailleurs d’Aix-en-Provence. Entier, le verbe haut, il pose l’affrontement entre salariat et patronat comme base d’action de tout militant communiste. Mais comme d’autres militants, ce partisan de la lutte des classes ne dédaigne pas d’autres formes, plus douces, « d’accroche » du public  : son journal d’union, il le « laisse dans les vestiaires » des entreprises où il bosse en intérim. « Quasiment en clandestin »  : « dans ce milieu », il est difficile de s’afficher au quotidien.

Julien Léger, plus nuancé dans le discours, utilise le même mode opératoire pour diffuser l’Humanité, dans les transports en commun ou chez le dentiste. Un travail de contagion que ce membre des JC du Val-de-Marne assimile à « une manière de militer hors des sentiers battus ». Dans le même esprit, depuis 2006, les jeunes de son département rebondissent sur l’actualité pour « monter des actions coup de poing », par exemple en construisant de faux logements sociaux sur le parvis de la mairie de Saint-Maur, hors la loi sur la question. En 2009 et début 2010, pour protester contre les licenciements chez Total puis la fermeture de la raffinerie de Dunkerque, ils ont bloqué trois stations-service du département, soutenus par les automobilistes qui « faisaient demi-tour pour aller faire leur plein ailleurs ». De l’agit-prop décidée au niveau local, mais qui a fait boule de neige, notamment dans la très rouge fédération du Nord. « Preuve que les désaccords politiques ne sont pas un frein au boulot collectif », sourit Julien.

La mise en commun des expériences

Sarah Djanti, elle, milite difficilement dans son lycée de Gisors (Eure). « On est une fédération en reconstruction  : dix adhérents, et très éloignés. » Pas de local, peu de moyens, elle a donc opté pour la discussion individuelle, en face à face et par mail. « Je me suis servie du mouvement lycéen pour me faire connaître, et j’ai six ou sept contacts prêts à adhérer. » Une preuve de plus que si les « débats stratosphériques » que la direction nationale craignait de voir s’installer, font le sel des congrès, ces moments permettent surtout la mise en commun des expériences, faites de petites et de grandes luttes.

Grégory Marin


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