Chavez et le pétrole de l’Orénoque : "Etonnament rationel" ! (article du Monde)

mercredi 14 avril 2010.
 

Pétrole : le Venezuela ne met pas tous ses œufs dans le même panier

En dépit de ses fanfaronnades anti-américaines, le président vénézuélien, Hugo Chavez, n’a pas restreint le développement énergétique de son pays à la seule justice divine de Washington. Il a certainement apprécié la récente visite du premier ministre russe, Vladimir Poutine, au cours de laquelle le Venezuela et la Russie ont signé des accords de coopération couvrant l’armement, l’énergie nucléaire, le minerai et le pétrole.

Néanmoins, le modèle de joint-venture adopté par Caracas pour développer l’exploitation des gisements pétrolifères situés dans la région du fleuve Orénoque est étonnamment bien diversifié, avec des sociétés italiennes, espagnoles, vietnamiennes, malaisiennes, indiennes, japonaises et même américaines, impliquées aux côtés de grandes compagnies russes et chinoises.

La "ceinture" du fleuve Orénoque contient des réserves de pétrole légèrement supérieures à celles des sables bitumineux de l’Athabasca, au Canada. Elles sont à peu près équivalentes à l’ensemble des réserves mondiales de pétrole conventionnel actuellement connues. De plus, avec un baril de pétrole à 85 dollars, ces gisements se révèlent économiquement avantageux, en particulier parce que le pétrole des champs de l’Orénoque est sensiblement plus facile à extraire que son cousin du Canada.

Lorsque Hugo Chavez a nationalisé la plupart des exploitations pétrolières américaines du pays, il y a trois ans, les yeux se sont tournés vers les foreurs chinois, bien placés pour ramasser les droits pour développer les réserves de l’Orénoque, étant donné que la Chine avait à la fois la capacité technique et des besoins à long terme en pétrole. En revanche, la Russie, étant un pays exportateur de pétrole, semblait moins susceptible d’avoir un quelconque intérêt à investir des capitaux importants pour s’associer au développement de ces gisements.

L’alternative, qui consistait à exploiter les champs de l’Orénoque de façon autonome via la compagnie vénézuélienne PDVSA, a été compromise par la pénurie croissante de capitaux au Venezuela et par les dysfonctionnements de l’entreprise, qui ont empiré depuis que M. Chavez a remplacé ses dirigeants en 2004. La production de pétrole du pays a baissé d’un tiers au cours des dix dernières années.

STRATÉGIE RATIONNELLE

Le chef de l’Etat vénézuélien a plutôt choisi une stratégie diversifiée, avec sept projets de joint-ventures déjà annoncés, portant sur la production éventuelle de 2,1 millions de barils par jour, un chiffre comparable à la production actuelle du Venezuela tout entier. En contre-partie de l’autorisation donnée à ces co-entreprises, Caracas a reçu d’importantes avances, dont 450 millions d’euros par le consortium russe. En diversifiant les partenaires du Venezuela, M. Chavez a réduit le risque de dépendance économique ou politique vis-à-vis d’un pays ou d’un bloc géopolitique. Compte tenu des contraintes financières du pays et de la détermination de M. Chavez à ne pas dépendre des Etats-Unis - historiquement le principal client du Venezuela pour son pétrole -, cette stratégie semble étonnament rationnelle.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message