La source (poèmes, légendes, toponymie)

mercredi 18 février 2015.
 

1) La source, au coeur du monde humain

Durant des millénaires, la source constituait un repère central pour les humains, dans leur activité comme dans leur espace mental. C’était encore le cas au milieu du 20ème siècle.

La source fournissait l’eau de la famille.

Ainsi, durant mon enfance, j’allais chercher chaque jour en vélo, quatre litres d’eau à la jolie source, propriété de mes parents aux Peyssieyras. Tout le quartier haut du bourg venait également s’y servir, gratuitement bien sûr. En fait, beaucoup de familles changeaient chaque jour de source d’approvisionnement car chacune était réputée plus ou moins bonne, plus ou moins mauvaise pour telle ou telle maladie. La nôtre avait la réputation de favoriser le goitre. Mon père la fit analyser et nous apprîmes qu’elle était excellente, légèrement gazeuse.

Lorsque je vivais chez mes grands parents à Montagut, nous allions aussi chercher l’eau pour boire "a la fon de la vinha vielha" ( à la source de la vigne vieille) que certains appelaient "la fon de las serps" (la fontaine des serpents) tellement ils pullulaient tout autour. Nous marchions environ un kilomètre pour porter les quatre litres nécessaires à la consommation de cinq personnes sur 24 heures. Si la mémé devait mettre au feu une "sopa nova" (soupe neuve), il fallait parcourir le chemin une seconde fois.

La source fournissait souvent l’eau pour les animaux de la ferme

Lorsque l’on sortait le bétail, il fallait toujours penser à l’endroit où ils pourraient boire. Certains points d’eau étaient magnifiquement aménagés en "abeuradors" (abreuvoirs).

Les sources conservaient une fonction culturelle de type religieux

Chaque source portait un nom, très souvent lié à une légende.

1) La Source José-Maria De HEREDIA

L’autel gît sous la ronce et l’herbe enseveli ;

Et la source sans nom qui goutte à goutte tombe

D’un son plaintif emplit la solitaire combe.

C’est la Nymphe qui pleure un éternel oubli.

*

L’inutile miroir que ne ride aucun pli

A peine est effleuré par un vol de colombe

Et la lune, parfois, qui du ciel noir surplombe,

Seule, y reflète encore un visage pâli.

*

De loin en loin, un pâtre errant s’y désaltère.

Il boit, et sur la dalle antique du chemin

Verse un peu d’eau restée dans le creux de sa main.

*

Il a fait, malgré lui, le geste héréditaire,

Et ses yeux n’ont pas vu le cippe romain

Le vase libatoire auprès de patère.


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