La télévision, une arme idéologique ?

lundi 29 mars 2010.
 

1) Rappel des faits

Le Jeu de la mort, documentaire de Christophe Nick diffusé mercredi 17mars sur France 2, a créé une vaste polémique depuis une quinzaine de jours. Retour.

Dans le Jeu de la mort, l’auteur reproduisait l’expérience de l’Américain Stanley Milgram, réalisée dans les années 1960, dans le cadre d’un jeu télévisé, avec un public et une animatrice. Des candidats étaient censés envoyer des décharges électriques de plus en plus fortes à chaque mauvaise réponse d’un faux candidat (en fait, un acteur). Résultat de l’opération  : 81 % d’entre eux ont continué à activer  la manette qui envoyait ces décharges. Cette expérience a-t-elle une signification  ? Signifie-t-elle que nous avons tous intégré les codes de la télévision, qu’elle est une autorité à laquelle nous nous soumettons spontanément  ? Ou n’est-elle qu’un test contesté sur l’obéissance  ? Les avis sont partagés. La plupart des chercheurs en sciences sociales ou dans le domaine des médias, comme Éric Macé, estiment que la télévision en tant que telle n’est pas dangereuse. Elle correspond aux contradictions et aux incohérences d’une époque, elle fait partie de notre société. À l’inverse, Christophe Nick, et le philosophe Bernard Stiegler estiment qu’elle n’est pas qu’un meuble. Et que les chaînes privées, notamment, véhiculent de l’idéologie en permanence.

Il est difficile de mesurer l’impact d’émissions télévisées sur les citoyens. En 1999, la sociologue Dominique Pasquier avait réalisé une enquête remarquable sur la façon dont les petites filles regardaient, avec leur mère, la série Hélène et les garçons. Un objet télévisuel dont le scénario tenait sur un ticket de métro, avec une réalisation minimale et des acteurs pathétiques. Pour autant, la sociologue démontrait que la série, pour nombre de petites filles, leur permettait d’entamer un dialogue sur l’amour, la sexualité, la séduction. Entre-temps, la télé-réalité est arrivée. Et nous confronte régulièrement à du vide sidéral ou à l’horreur. En tout cas à l’individualisme. Doit-on s’en moquer, s’en défier ou au contraire s’en inquiéter  ?

Le documentaire de Christophe Nick a été vu par 3,6 millions de personnes. Pourtant, il a alimenté la presse, les blogs et les conversations durant plus d’une semaine. Dans tous les cas, et c’est son mérite principal, il permet de poser ce débat entre les mains des téléspectateurs, le plus souvent exclus de toute discussion sur les émissions qu’ils regardent. Et si on apprenait à regarder la télévision autrement  ?

Caroline Constant


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