Le magicien Sarkozy serait-il fatigué ? (article de La Tribune de Genève)

dimanche 28 mars 2010.
 

« La magie de Sarkozy n’opère plus, semble-t-il. » La déclaration publique du président français émise à la sortie du Conseil des ministres n’a guère convaincu...

Nicolas Sarkozy a voulu clore le bilan des régionales dont il sort très affaibli, tant dans son camp qu’auprès de l’opinion publique. Selon un sondage BVA, 59% des Français souhaitent une victoire de la gauche à l’élection présidentielle de 2012 ; 37% des sondés soutiennent encore la droite.

Retour à la tradition

Le président a donc, sans le dire bien sûr, donné le coup d’envoi à la présidentielle et tenté de réanimer sa rhétorique de candidat qui, dans le passé, lui avait si bien réussi. Il a servi en premier lieu l’électorat de la droite traditionnelle. Sarkozy a promis aux médecins privés qu’il s’occuperait de leurs difficultés et aux paysans qu’il irait jusqu’à une crise européenne pour défendre la Politique agricole commune (PAC) qui profite avant tout à la paysannerie française.

Les électeurs du Front national n’ont pas été oubliés. Nicolas Sarkozy a confirmé qu’il interdirait le port du voile intégral et a essayé de donner un tour musclé à sa lutte contre les violences.

Violences : aveu d’échec

« A ce chapitre, le propos de Nicolas Sarkozy m’a vraiment étonné », relève Gérard Grumberg qui poursuit : « Il souligne que la violence n’a été jugulée ni dans les stades, ni à l’école, ni dans les transports. Or, il a fait de ce domaine l’aspect fort de sa politique depuis 2002 lorsqu’il a été nommé ministre de l’Intérieur. Le président n’était pas obligé de consentir à cet aveu. Qu’est-ce que cela traduit ? Du désarroi ? La question reste posée. »

L’intervention présidentielle annonce également un changement radical de sa méthode, estime le politologue : « Jadis, il ouvrait plusieurs chantiers à la fois. Dans sa déclaration, le président affirme se concentrer désormais sur deux, voire une seule réforme, celle des retraites, qui sera d’ailleurs très difficile à mener, surtout dans la fonction publique. »

Autre souci de Gérard Grumberg, les relations entre la France et l’Allemagne : « Sarkozy a précisé, une fois de plus, qu’il n’augmenterait pas les impôts. Ce qui ne va certes pas arranger notre déficit public. Or, lorsqu’Angela Merkel réclame de la Grèce qu’elle respecte la rigueur budgétaire, la chancelière s’adresse aussi à la France dont le déficit l’inquiète. » Nicolas Sarkozy peut-il encore rebondir ? Réponse du politologue : « L’homme a du talent. Mais possède-t-il encore les moyens de remonter en selle ? »

JEAN-NOËL CUÉNOD


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message