Une nouvelle pratique en travail social : la résistance !

jeudi 9 novembre 2006.
 

Texte de Florence, Assistante sociale en milieu psychiatrique

Dans quelques mois, nous allons devoir nous prononcer sur la poursuite ou non de cette politique de droite « tout sécuritaire » appliquée depuis 5 ans. Est venu l’heure des bilans. En travail social, nous avons pu observé une évolution ou plutôt une dérive, de nos pratiques professionnelles. Assistante sociale en milieu psychiatrique, il m’a semblé intéressant de pouvoir communiquer sur ce quotidien.

Tout d’abord, nous avons pu développer notre « clientèle » : pour ma part, je travaille essentiellement avec des personnes SDF adultes mais j’ai pu observer un rajeunissement de ma population. Il n’est plus rare de contacter les services d’aide sociale à l’enfance au sujet d’un mineur à la rue. Ce type de jeune n’est pas un fugueur en pleine crise d’adolescence, mais un jeune livré à lui-même, dont les parents ne sont pas « démissionnaires » mais ne peuvent plus assurer le quotidien. De même, il faut savoir qu’environ 10000 mineurs en 2004 ont été accueillis en CHRS avec leur famille (cf les ASH du 25/08/2006).

De la même manière, nous sommes amenés à développer des compétences d’agence immobilière pour « les plus pauvres ». Effectivement, au vu la construction non modérée des logements « De Robien », de l’augmentation des frais de location mais aussi des garanties demandées à l’accès dans un logement, nous devons développer des « filières parallèles » de carnets d’adresses de propriétaires voulant bien louer à des personnes en situation de grande précarité.

Ensuite, on nous demande de construire une certaine forme de travail en réseau avec des partenaires lointains de nôtre champ d’intervention. A titre d’exemple, je consulte de plus en plus souvent au sein de la maison d’arrêt. Effectivement les services de la pénitentiaire me contactent afin d’accompagner des personnes ayant un trouble psychiatrique avéré durant leur incarcération, mais aussi à leur sortie, car leur service semble démuni face à cette population spécifique en constante augmentation ( cf : « Fresnes histoire de fous », de C. HERZBERG, éditions du Seuil) . De même, je pourrais être amenée à travailler étroitement avec le maire de mon lieu d’exercice afin de participer à la prévention de la lutte contre la délinquance (cf : la loi dite « Perben »)

La liste de ces « nouvelles pratiques » pourrait être encore très longue.

Un seul mode d’intervention semble en recul : la prévention. Pour donner un exemple dans mon champs d’exercice, il y a encore 2 ans, toutes personnes résidant sur le sol français avait des droits à l’accès aux services de santé. Ce n’est plus le cas. Les personnes en situation irrégulière depuis moins de 3 mois, ne peuvent bénéficier d’aucune couverture sociale. Toutes actions de prévention est donc ainsi impossible. Par contre, on demande à ces mêmes personnes étrangères de payer 220€ de timbres OMI pour la visite médicale obligatoire à l’obtention d’un titre de séjour.

Ainsi, si nous ne voulons pas trahir notre code de déontologie mais aussi les valeurs qui sous-tendent l’exercice de nos fonctions, notre nouvelle pratique professionnelle est LA RESISTANCE : résistance contre la misère qui ne peut plus se cacher, résistance pour le respect de la personne, résistance pour que les valeurs de la République perdurent . Avec la droite au pouvoir, la précarité pour tous augmente. Mais ce qui semble d’autant plus dangereux c’est que la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » est quotidiennement remise en cause. Pensez-y en 2007 !


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