Après la victoire de la gauche aux régionales, quels sont les défis auxquels est confronté l’ensemble de ses composantes  ?

Jérôme Fourquet.

Pour le PS, l’enjeu principal est d’éviter que ne se rallume la guerre des chefs à l’approche de la présidentielle. L’autre enjeu, c’est de se forger un programme capable de faire pièce à celui de la droite et de servir de base à un rassemblement large à la présidentielle. Une des premières échéances, grandeur nature, arrive avec le dossier des retraites. Le PS sera-t-il seulement dans l’opposition à Sarkozy ou en capacité à formuler des propositions originales alors que les Français estiment, sur cette question, que le système mérite d’être réformé. La partition du PS sur les retraites sera un exemple déterminant, qui peut préfigurer de sa capacité à avancer des idées nouvelles et cohérentes à tous les problèmes qui se posent dans le pays.

Et pour les autres forces de gauche  ?

Jérôme Fourquet.

Les autres forces de gauche sont confrontées aux mêmes enjeux. Les Verts et Europe Écologie se devaient de pérenniser le bon score des élections européennes. Aujourd’hui, il s’agit de structurer la forme originale de leur mouvement. Demain, devront-ils présenter un candidat ou négocier avec le PS leur non-participation à la présidentielle contre 50 circonscriptions législatives  ? Et quel sera leur positionnement politique  ? On entend moins parler d’un accord avec le Modem. Un espace au centre existe, que l’écologie occupe pour une part. Se positionner plus au centre ou mettre un coup de barre à gauche, comme le souhaite une partie des Verts, c’est l’enjeu.

Et du côté du Front de gauche  ?

Jérôme Fourquet.

C’est, en termes d’organisation, la même histoire qu’Europe Écologie. Une forme inédite lancée au moment des élections européennes, que les régionales ont confirmée et solidifiée. Maintenant, pour la présidentielle, cette expérience sera-t-elle pérennisée, agrégera-t-elle d’autres composantes pour élargir son audience  ? Après les européennes, les régionales, la présidentielle… c’est une affaire plus sérieuse. Des rénovateurs s’apprêtent à quitter le PCF, vont-ils s’essaimer ou se rattacher au Front de gauche  ? Il y a eu affirmation du Front de gauche, pas encore une dynamique. Il faut voir maintenant si, l’enracinement aidant, un phénomène de ce type peut se produire en offrant une réelle alternative.

Entretien réalisé par Max Staat