8 mars 1910 8 mars 2010 Journée mondiale des femmes (3 articles PCF, NPA, DS)

vendredi 12 mars 2010.
 

1) Cent ans et plus de luttes féministes Article de L’Humanité

8 mars 1910, 8 mars 2010. De l’initiative de Clara Zetkin et des femmes socialistes à la conquête du droit de vote, du droit à disposer de son corps à la revendication de l’égalité, le combat féministe continue.

Cent ans et plus… Olympe de Gouges, Flora Tristan ou Louise Michel, pour ne citer qu’elles, se battaient il y a plus d’un siècle pour la liberté des femmes et pour l’égalité avec les hommes. Mais c’est en 1910, à l’initiative de Clara Zetkin et des femmes socialistes, qu’a été lancée l’idée d’une journée symbolique proclamant par là même, pour la première fois, la dimension internationale de cette lutte et la nécessaire solidarité des femmes de tous les pays. C’est dans ce début du XXe siècle qui a vu l’expansion d’un capitalisme industriel féroce que, de New York à Saint-Pétersbourg, des femmes prolétaires, aux avant-postes des luttes sociales, ont fait se conjuguer la lutte pour l’égalité entre les sexes avec celle pour une société d’ou serait bannie l’exploitation des unes et des uns par les autres.

1910, 2010. Les femmes ont, en France, arraché de grandes conquêtes. Mais « arraché » est un mot bien faible. Ce n’est qu’après la guerre contre les nazis, avec la victoire et la mise en œuvre du programme du Conseil national de la Résistance, qu’elles ont obtenu, en 1944, le droit de vote. Ce n’est qu’après le procès historique d’une très jeune fille défendue devant le tribunal de Bobigny par Gisèle Halimi et l’organisation revendiquée d’avortements clandestins à travers toute la France qu’elles ont obtenu en 1975 le droit à la contraception libre et à l’IVG.

1910, 2010. « Il fallait se battre il y a cent ans, il faut se battre aujourd’hui », lance Maya Surduts, présidente de la Cadac (Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception) et animatrice du Collectif national pour les droits des femmes. Á quelques jours du 8 mars, le 25 février dernier, le Collectif pouvait se réjouir de voir l’Assemblée nationale adopter enfin plusieurs mesures issues de sa proposition de loi contre les violences faites aux femmes, [1] ce fléau que notre société patriarcale tolère encore trop facilement et qui fait que, chaque semaine en France, trois femmes meurent sous les coups de leur conjoint. Le vote des députés est une étape dans un combat engagé depuis plusieurs années par les associations féministes en collaboration étroite avec des députées de gauche, notamment Marie-George Buffet (PCF) et Martine Billard (ex-Verts, aujourd’hui PG), et porté par elles à l’Assemblée. Une étape seulement, puisque le texte voté comporte de nombreuses insuffisances, particulièrement concernant les femmes immigrées, directement dues aux amendements des élus de droite. Mais une étape qui donne néanmoins aux femmes de nouveaux moyens de se défendre et de lutter. Une étape qui est aussi un formidable encouragement à ne pas baisser les bras et à agir sur tous les terrains, dans la rue comme dans les assemblées élues.

« Il faut lier au maximum les luttes pour les droits des femmes avec les autres luttes sociales, parce que nous sommes tous dans le même bateau », poursuit Maya Surduts, en dénonçant toutes les attaques contre le service public et en annonçant, alors que les fermetures de maternités et de services pratiquant des IVG se multiplient, une mobilisation nationale pour la défense du droit à l’avortement, car « les femmes sont conscientes que c’est un acquis fondamental et qu’elles ne peuvent pas se permettre de le perdre ». D’ailleurs, ce 8 mars, la manifestation pour les droits des femmes qui, à Paris, ira de la place de la Nation à la à la place de la Bastille fera une halte à la rencontre des personnels et des syndicats de l’hôpital Saint-Antoine, dont la maternité et le service des IVG, déjà regroupés avec ceux de l’hôpital Tenon, sont menacés de fermeture à la fin de 2010.

Et le 18 mars devant l’APHP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), un rassemblement large et unitaire aura lieu pour défendre une conception de la santé pour tous, respectueuse des patients comme de ceux qui les prennent en charge. Les associations de défense des droits des femmes y seront aux côtés des syndicats et du collectif de défense des services publics.

Mais ce 8 mars sera aussi le jour du lancement de la troisième Marche mondiale des femmes (2) sur les cinq continents. Son objectif : « surmonter l’ordre actuel injuste qui entraine la violence et la pauvreté et construire un monde basé sur la paix, la justice, l’égalité, la liberté et la solidarité. »

Jacqueline Sellem

2) JOURNÉE DES FEMMES : MOBILISONS-NOUS POUR L’ÉGALITÉ DES DROITS ! Article NPA

Depuis un siècle, le 8 mars est la journée internationale des femmes. Cette année encore, il nous faut nous mobiliser contre les discriminations.

C’est en 1910, lors de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes que la décision fut prise, à l’initiative de Clara Zetkin, de célébrer chaque année une journée internationale des femmes dont la revendication centrale était le droit de vote. Cette date aurait été choisie pour commémorer une grève de couturières américaines de 1857. En fait, c’est la direction du parti social-démocrate allemand qui fixa au 19 mars 1911 la première journée des femmes afin de commémorer dans le même temps la Commune de Paris et la révolution allemande de Berlin en 1848. Cette première journée fut un véritable succès. Puis, peu avant la Première Guerre mondiale, le 8 mars a été l’occasion de défendre l’internationalisme pour un petit nombre de femmes socialistes.

Le 8 mars 1917 (23 février du calendrier russe), eurent lieu à Petrograd des manifestations d’ouvrières que les bolcheviks ont désigné comme le premier jour de la révolution. Une nouvelle tradition est alors instaurée et la date est reprise par la IIIe Internationale.

Dans les années 1970, les féministes ont largement raillé cette échéance, dans le slogan «  fêtée un jour, exploitée toute l’année  ». En France, elle est institutionnalisée en 1982, quand Yvette Roudy était ministre des Droits des femmes.

Cette année, à l’occasion du 8 mars, la mairie de Lyon a lancé une campagne qui en dit long sur la façon dont elle envisage la place des femmes dans la société. L’affiche, montrant un homme et une femme sous forme de pictogramme, représente le premier bien plus grand que la deuxième, élevée pour l’occasion sur des ressorts. Au fond, la mairie de Lyon montre, par ce simple dessin, que les femmes ne sont pas à la hauteur, intrinsèquement et qu’il faut les y conduire. N’aurait-il pas été plus juste de dessiner, sur la tête de l’image représentant les femmes, un couvercle qui l’empêche d’être l’égale des hommes  ? Car c’est à ce niveau que se situent les enjeux du 8 mars  : c’est en luttant contre les discriminations de toutes sortes, les attaques de toutes parts et les discours stigmatisants que l’on pourra parvenir à l’égalité.

Une étude publiée par l’Insee, le 23 février, Femmes et hommes en début de carrière, explique que les hommes non diplômés gagnent 23 % de plus que les femmes de même niveau en début de vie active. Et, quel que soit le diplôme, l’écart de salaire entre les hommes et les femmes subsiste. Par ailleurs, le recul de l’âge de la retraite aura des conséquences désastreuses pour les femmes qui représentent 80 % des travailleurs pauvres et précaires.

À la maison, les tâches ménagères continuent d’être très largement assumées par les femmes en particulier à la naissance du premier enfant. Les députés européens ont récemment adopté une résolution visant à harmoniser «  par le haut  » les droits des femmes. Si cette résolution est un point d’appui, il ne faut pas se faire d’illusions puisqu’il ne s’agit que d’une incitation sans sanctions et sans moyens, tandis qu’en France, des centre d’IVG ferment un peu partout. Ce ne sont que discours et hypocrisie… De même, la loi contre les violences faites aux femmes, adoptée par l’Assemblée nationale le 25 février, essentiellement axée sur les violences conjugales est très en retrait de la loi-cadre du Collectif national pour droits des femmes avec très peu de mesures de prévention, de formation des personnels et sans moyens. (voir ci-dessous).

Il faut également condamner l’instrumentalisation des discours féministes par le gouvernement à des fins racistes et la loi sur la burqa dans le cadre du débat sur l’identité nationale en est un exemple.

Partout des manifestations ou des rassemblements se tiendront le 8 mars. Plus que jamais, il s’agit d’aller y exprimer notre refus d’un nouvel ordre réactionnaire, de s’y battre, entre autres, pour un véritable service public de la santé, de l’éducation, de la petite enfance et le respect du droit à l’IVG. Enfin, ce 8 mars est aussi une première échéance pour la 3e Marche mondiale des femmes dont les initiatives rythmeront les mois à venir.

Lisbeth Sal

3) Le 8 mars a cent ans par Simon Thouzeau, Démocratie et Socialisme

Il y a 100 ans, le 8 mars 1910, lors de la de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes, Clara Zetkin, membre de l’aile gauche du parti social-démocrate allemand, propose la création de la journée internationale des femmes, une journée de manifestation annuelle afin de militer pour le droit de vote, l’égalité entre les sexes, et le socialisme. Cette initiative est à l’origine de la journée internationale des droits des femmes.

Si l’on regarde en arrière, au cours du XXème siècle, la condition des femmes a nettement progressé. Sous l’influence du mouvement des femmes, des avancées majeures ont été gagnées. Ce fut d’abord un combat pour l’éducation et le droit à une éducation autre que celle de « la femme à la maison ». Un combat également pour la reconnaissance de droits dans le cercle familial : grâce aux luttes syndicales, les femmes obtiendront le droit de toucher directement leur salaire sans passer par le père ou le mari (1907) mais une femme peut ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de son mari depuis 1965 seulement ! Le droit à l’exercice d’un travail rémunéré fut le résultat de mutations profondes accélérées par les guerres mondiales. Le combat pour la reconnaissance des femmes s’est également concrétisé dans le champ de la citoyenneté (1944, droit de vote pour les femmes en France), du droit à disposer de son corps (1975, pour le droit à l’avortement) et enfin en matière de violences (le viol est un crime en France depuis 1980).

Comme on le voit, les avancées se sont concrétisées par une reconnaissance juridique. Cependant, le droit n’est pas suffisant, il faut qu’il soit appliqué. Que ce soit en matière de parité ou d’égalité salariale, la réalité est encore bien en retrait par rapport au droit. Plus grave encore, les violences faites aux femmes sont encore un fait de société majeur en France : avec une femme violée toutes les 10 minutes et la mort d’une femme tous les 3 jours sous les coups de son conjoint, la situation des femmes est encore loin de ce qu’on peut espérer dans un pays démocratique et développé. Aussi, cette journée des droits des femmes est un moment précieux pour rappeler les avancées mais aussi rappeler tout ce qui reste à faire.

Simon THOUZEAU


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