Et la présidentielle ?

mardi 2 mars 2010.
 

Dans cette note il va être question de Rhône Alpes, de train, et de l’élection présidentielle pour le Front de gauche. J’ai écrit au fil des heures passées en déplacement entre la Drôme, l’Ardèche et Perpignan. En TGV j’ai ressenti l’habituel puissant sentiment de tranquillité. J’ai été mené à bon port, agréablement et sans aucune des grossières humiliations que vous inflige un voyage en avion. Humiliation de la fouille, des portiques à déshabillage graduels, bientôt des scanners obscènes, et, en toutes circonstances, du confinement dans les sièges grotesques que vous savez. Je crois que je ne monterai plus dans un avion à moins d’y être vraiment contraint. Cette histoire de scanner m’a donné le coup de grâce. Trop c’est trop ! Bien sûr, j’en ai assez écrit moi-même pour savoir aussi quelles sont les limites du TGV compte tenu de l’usage fait de la priorité donnée à la grande vitesse par rapport aux dessertes de cabotage ferroviaire. Mais là, place au bonheur !

CROCHET

Ce jour lundi donc, j’ai pris le train pour Valence dans la Drôme. Sitôt rendu à pied d’œuvre, en route ! On passe sous le Vercors, on traverse le Rhône et, hop, premier crochet en arrivant dans l’Ardèche. Un saut chez la tête de liste UMP dont la commune ne respecte pas l’obligation de quotas de logements sociaux. Pauvre gars ! A tous les coups, il doit penser que le logement social se remplit de sauvages qui vont lui gâcher la bonne ambiance de sa ville blanche, classe moyenne et retraités. La haine de la vie en quelque sorte. Ce sera donc juste un saut pour saluer les camarades venus en petite cohorte ardente. Je passe un moment dans une cité HLM, tranquille comme baptiste, où l’on se salue aimablement avec une vieille dame qui ouvre sa fenêtre au premier étage le temps d’un bonjour aimable. De la, zou !, on repart sur la Drôme à Portes les Valence, cité cheminote où je vais être comme un poisson dans l’eau. Le rendez vous est à onze heure et demie pour un meeting.

ELECTION NATIONALE

Ca m’a fait drôle un meeting le midi. Qui peut être libre à ce moment là ? L’heure fixe la sociologie des participants, c’est sûr. Mais chômage et retraites à la clef, le public est plus mélangé que ce que j’aurais cru d’abord. Et selon le maire il y avait là pas mal de gens qu’il n’avait pas vu dans une réunion depuis longtemps. C’était donc réussi. Je ne peux pas le confirmer car je ne connais rien à ce coin de France. Je compte large avec deux cent personnes. C’est le maire qui fait le monsieur loyal de la réunion. Il s’appelle Pierre Trapier, homme calme et liant, bon connaisseur des siens en pays cheminot. Un communiste de ces élus qui mettent aussi leur autorité et leur entregent au service de la cause commune plutôt que de leur seule précieuse personne.

Elisa Martin la tête de liste du Front de gauche dans la région Rhône Alpes et Corinne Morel Darleux, tête de liste dans la Drôme prennent la parole à leur tour dans une scénographie sobre et efficace. Les deux m’impressionnent par leur maîtrise. Maîtrise du temps de parole, car il faut faire tous compact, des sujets à traiter, de l’art oratoire ensuite. Elisa a cartonné la veille dans le débat de France trois. Evidemment nous avions été relégués dans les « petites listes », suivant l’inimitable classification de cette chaine du prétendu service public. Sur le modèle d’Arlette Chabod en quelque sorte ! On n’y peut rien. Il faut les subir en rêvant que s’ils échappent à notre écœurement du moins leur maître soit assez capricieux pour nous en débarrasser quand même. Bon, j’en reviens à mes deux camarades. Comme ce sont deux membres du bureau national du PG, je me paonne en secret. De toutes les façons, ici comme ailleurs, les dossiers régionaux sont sans surprise : logement, éducation, emploi, service public. Ce qui me frappe c’est à quel point les camarades ont travaillé pour élaborer des réponses régionales concrètes, en ligne avec l’orientation anti-capitaliste et anti-productiviste. Quoiqu’il en soit, je ne peux m’empêcher de brocarder in petto le mythe de la proximité qui paraît-il devait nous faire des révélations. Cette élection régionale est une élection nationale de quelque côté qu’on la regarde.

ET LA PRESIDENTIELLE ?

Si je ne m’attarde pas davantage sur la réunion c’est que j’y ai ensuite passé bien du temps à bavarder avec qui voulait bien. Et comme d’habitude j’y ai fait ma moisson d’impressions et d’anecdotes qui me permettent d’en apprendre sur tous les sujets mieux qu’avec dix mille fiches ! Cependant je ne dirai pas vraiment ce qui se passe si je ne disais pas combien de fois on me parle de la présidentielle de 2012 pour m’interroger sur ce que fera le Front de gauche en général et moi en particulier. J’ai déjà eu l’occasion de dire combien cette question est à la fois légitime et dangereuse. Légitime car le travail de retour sur la scène du courant de la gauche historique française passe évidemment par là, tant que le système institutionnel est ce qu’il est. Même si notre intention est de le défaire de fond en comble, il faudra marquer le territoire en affirmant l’ambition de notre famille politique de diriger le pays. Evidemment il peut s’agir d’une candidature commune du Front de gauche.

UNE DYNAMIQUE A CONSTRUIRE

Les communistes savent comme moi que la question de la présidentielle est déjà en débat dans les esprits. A la base c’est une évidence ! Autant dire qu’on me pose la question sans cesse. Mais j’ai vu qu’au sommet il en va de même. D’abord avec la déclaration de Roland Muzeau, le chef de file des députés communistes, la semaine passée qui s’est exprimé en faveur d’une candidature commune du Front de Gauche. Mais cette semaine c’est Marie-Georges Buffet, elle-même, qui s’est exprimée. Cela s’est passé sur i-télé.

Voici ce que rapporte la dépêche AFP : « Marie-George Buffet n’a pas exclu mardi la possibilité que le Front de gauche, qui réunit le PCF et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, présente un candidat commun à la présidentielle de 2012, indiquant que cette "option" sera débattue lors du congrès du Parti, en juin. "Ce n’est pas à moi de décider, ce sera le débat que nous allons ouvrir à notre congrès de juin et, bien sûr, ce sera une des options qui seront en débat dans le Parti", a déclaré la secrétaire nationale du Parti communiste, interrogée sur i-Télé. »

C’est à la fois une première et un évènement banal. J’y reconnais la patte de mon amie Marie Georges. Sa prudence la protège des coups de tête improvisés. Elle cultive donc l’art que je lui envie de laisser monter les sauces avant de les servir à son tour. La connaissant je lis dans cette déclaration le fait qu’elle est aussi bien informée que moi de ce qui monte des réunions nombreuses et populeuses que nous animons l’un et l’autre.

Le fait est qu’il y a un bonheur dans l’air à se retrouver en masse et dans l’action. Je ne sais comment mettre en mot cet étrange sentiment qui monte à gauche d’être « de retour », grâce au Front de Gauche. Cependant l’erreur serait de se précipiter dans ce qui parait être une évidence. Une candidature commune serait sans doute un puissant levier. Mais il ne faut négliger aucun des aspects de ce qu’elle implique si l’on veut être convaincu et pour en convaincre les autres.

Je rappelle que j’avais proposé au nom du Parti de Gauche de faire un paquet de la série des élections qui viennent. La présidentielle ne peut se penser comme une élection isolée. Sinon nous n’en tirerons rien d’utile. Il faut la réfléchir en lien avec les cantonales qui la précèderont dans la moitié du pays et avec les législatives qui la suivront dans l’ensemble du territoire sur la base du résultat qui aura été acquis. Il faut non seulement convaincre nos amis respectifs mais surtout déclencher une dynamique appuyée sur l’implication des centaines de candidats que ces élections localisées vont mettre en mouvement.


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