Des droits bafoués dans l’industrie du jouet

dimanche 24 décembre 2006.
 

Des rémunérations lamentables

La plupart des travailleurs, en majorité des femmes, sont payés à la pièce. Leur salaire moyen varie entre 430 et 600 Frs par mois. Ils incluent le salaire journalier, les heures supplémentaires, les primes de respect de quota, les primes pour le travail de nuit... De ce salaire, on doit déduire les amendes, les repas, le logement, les médicaments... Ce qui reste à la fin du mois permet à peine de vivre !

Témoignage de Madame Cheung :

" Je suis mariée et j’ai une fille de deux ans qui est restée avec ma mère au village. Mon mari s’occupe d’une petite boutique qui vend des snacks. Nous vivons là ensemble. Je travaille chez Jifu (jouets Tyco et Fischer Price) depuis quatre ans . Ici il n’y a pas de congés de maternité. La plupart du temps la femme qui est enceinte démissionne. Si elle fait partie de l’encadrement, elle a droit à un congé de maternité de un mois avec salaire de base. Je reçois mon salaire chaque mois avec une fiche de paie. En général il arrive avec quinze jours de retard. Et en plus on vous retient un mois de salaire en guise de caution. Certains disent que les hommes qui travaillent dans la section de modelage doivent verser entre 200 et 300 yuan comme " droit d’entrée " au responsable de la section pour être admis là. Cette année j’ai entendu dire que deux manutentionnaires avaient dû payer une amende de 200 yuan avant d’être renvoyés, tout simplement parce qu’ils avaient déclenché accidentellement le système d’alarme pendant qu’ils chargeaient des marchandises. "

Dongguan Jifu Toys Factory (ancienne filiale de Mattel) Produits : - Chine : province de Guangdong

Heures supplémentaires de travail à la pièce

La réglementation chinoise prévoit que le salaire ne doit pas dépasser 8 heures par jour ou 44 heures par semaine. Dans les usines de jouets, la journée normale est effectivement de 8 heures. Mais les quotas de pièces à réaliser par heure sont tellement importants que la plupart des travailleurs sont contraints de travailler entre 10 et 16 heures par jour, 6 ou 7 jours par semaine ! Comme la majorité des ouvriers sont payés à la pièce, il ne reçoivent jamais de rémunération pour heures supplémentaires.

Témoignage d’une ouvrière de l’usine Tri-S :

" Je suis partie il y a trois jours parce que je ne pouvais plus supporter ces bas salaires. Ce mois-ci, j’ai touché seulement 350 yuan, surtout à cause du système des quotas. Chaque jour un groupe d’ouvrières reçoit un quota qui doit impérativement être atteint. Mais le personnel change tellement souvent à Tri-S qu’il faut embaucher beaucoup de nouvelles. La direction les place parmi les ouvrières expérimentées. Comme les nouvelles font les choses plus lentement, le groupe ne peut terminer son quota même si les ouvrières expérimentées accélèrent le rythme. Et en plus, la rémunération à la pièce est en train de baisser. Je gagne de moins en moins. "

Conditions de sécurité et d’hygiène déplorables

Dans bien des cas, la santé et la sécurité des travailleuses est en danger. Beaucoup se sont plaintes de l’existence d’odeurs fortes et nocives dans les ateliers où l’on pulvérise des peintures. Les problèmes respiratoires sont fréquents. La direction interdit l’utilisation des ventilateurs en cas de pluie (afin d’éviter une altération des couleurs des produits), la chaleur devient vite étouffante et provoque des évanouissements !

Atteintes aux libertés syndicales

En Chine, les travailleurs n’ont pas le droit d’établir un syndicat libre qui soit l’émanation de leur propre volonté. L’Etat ne reconnaît qu’un seul syndicat : la Fédération des syndicats de Chine (ACFTU) qui est soumise à l’autorité de l’État. Celle-ci suit la ligne du parti plus qu’elle ne défend les droits des travailleurs. Les grévistes, quant à eux, sont souvent licenciés et leurs salaires retenus.

Enfants au travail ?

En Chine, le travail en dessous de 16 ans est interdit. Dans les usines, les cas d’enfants travailleurs sont plutôt rares. En général la présence d’enfants au travail est plus visible dans les entreprises des villes et des villages proches des campagnes que dans les établissements situés dans les grandes agglomérations. Le travail des enfants n’est pas fréquent dans l’industrie chinoise mais il est bien souvent difficile de vérifier l’âge des travailleurs !

Informations tirées du livre " Des jouets fabriqués dans la douleur " édité par Réseau Solidarité


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