Solidarité avec Taoufik Ben Brik et sa famille contre la dictature tunisienne de Ben Ali (2 articles)

lundi 11 janvier 2010.
 

1) Tunisie - La santé de Taoufik Ben Brik en danger

Condamné depuis fin octobre 2009, quelques jours après la réélection du dictateur Ben Ali, à six mois de prison à la suite de ce qui apparaît comme un coup monté, le journaliste opposant Taoufik Ben Brik n’a toujours pas pu obtenir une date de procès en appel.

Incarcéré dans des conditions qu’on peut imaginer à 30 kilomètres de Tunis, il a été transféré à 130 kilomètres, ce que son épouse Azza Zarrad dénonce comme une tentative de l’éloigner de sa famille en rendant les visites encore plus difficiles. Elle dénonce également, dans un blog, les coupures de téléphone et de connexions internet dont sa famille et elle-même sont l’objet.

Elle évoque aussi le problème de l’état de santé du journaliste ; ses amis et sa famille n’ont eu de cesse de réclamer sa libération, particulièrement en raison de la maladie grave dont il est atteint et pour laquelle aucun suivi n’est assuré au fond de sa geôle.

Une journée de grève de la faim a été organisée le 5 janvier en Tunisie, mobilisant une cinquantaine de journalistes tunisiens, d’avocats et de militants des droits de l’Homme. La police avait néanmoins pris les devants en encerclant le domicile de journalistes et opposants connus, afin d’empêcher un regroupement.

Curieusement, on n’entend plus parler de remous dans les sphères gouvernementales françaises, ni du côté de Kouchner, encore moins du côté de Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture qui a sans sourciller participé fin décembre à Tunis à la mise en place d’une « cité de la Culture ».

Son entrevue avec un membre du gouvernement de Ben Ali aurait, selon ses dires, permis « un échange de vues très élargi, plein de confiance » et se serait déroulée « dans un climat de confiance et d’amitié ».

La confiance et l’amitié... entre la clique de Ben Ali et celle de Sarkozy, apparemment rien de plus normal. Quant à l’échange de vues, il n’est pas allé jusqu’à un regard sur les militants et opposants qui croupissent en prison.

Viviane Lafont - Lutte Ouvrière 10 janvier 2010

http://www.lutte-ouvriere-journal.o...

2) Grève de la faim de la famille de Ben Brik

« Les seules armes qu’il nous reste, ce sont nos corps », a déclaré son épouse pour expliquer le recours à cette ultime forme d’action afin de faire libérer le journaliste tunisien.

Ne voyant rien venir, en dépit des lettres adressées aux plus hautes autorités du pays, alors que l’état de santé de Taoufik Ben Brik ne cesse de se détériorer et d’inquiéter ses proches (voir notre édition du 5 janvier), sa femme, Azza Zarrad, mais aussi ses cinq frères et ses deux sœurs ont entamé à partir de mercredi une grève de la faim illimitée « jusqu’à sa libération ». C’est par texto (voir encadré) adressé à l’Humanité qu’Azza Zarrad en a fait l’annonce. « Les seules armes qu’il nous reste, ce sont nos corps », a-t-elle assuré.

Opposant de longue date au régime de Ben Ali, Taoufik Ben Brik, qui avait écrit une série d’articles contre le pouvoir tunisien durant la dernière campagne pour l’élection présidentielle, a été condamné le 29 octobre à six mois de prison au terme d’un procès expéditif pour « agression, atteinte aux bonnes mœurs et dégradation ». Et ce à la suite d’une plainte déposée par une jeune femme se présentant comme femme d’affaires qui, de surcroît, était absente le jour du procès  ! Depuis, il est incarcéré à la prison de Siliana (130 km de la capitale tunisienne) connue pour ses pénibles conditions de détention, et où les visites dépendent souvent du bon vouloir de l’administration péniten-tiaire. Le journaliste souffre de plusieurs maladies « pouvant menacer son pronostic vital » et nécessitant « un suivi et une surveillance régulière » selon le diagnostic établi par le Comité médical de soutien de Taoufik Ben Brik, signé par quatre médecins tunisiens.

Face à ces dénis de justice et atteintes au droit élémentaire d’expression et malgré un lourd climat répressif, la société tunisienne n’est pas restée inactive. Le 30 décembre, un rassemblement de protestation, dispersée brutalement par la police, a eu lieu devant le siège du journal Al Mawqaf, organe du Parti démocratique progressiste (PDP, opposition). Ce premier mouvement protestataire a été suivi d’un second, organisé mardi dernier par le Comité tunisien pour la protection des journalistes pour la libération de Ben Brik et de Zoheir Makhlouf, condamné à trois mois de prison ferme pour un reportage sur la zone industrielle de Nabeul (est de Tunis). À l’appel de ce comité, non reconnu par les autorités, une trentaine de journalistes et de cybernautes ont observé le 5 janvier une journée de grève de la faim. « C’était un acte pacifique pour attirer l’attention des autorités sur les conditions de nos confrères et nous espérons être entendus », a déclaré Mohamed Hamrouni, cité par l’AFP. Cette initiative, selon le Comité tunisien pour la protection des journalistes, a reçu le soutien de plusieurs personnalités de la société civile tunisienne.

Sourd à ces protestations, assuré du silence assourdissant de la France et de l’UE, le régime de Ben Ali fait comme si de rien n’était et poursuit tranquillement sa politique répressive contre l’opposition démocratique.

Hassane Zerrouky


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