Ne pas soutenir Ségolène Royal, est-ce de la misogynie ?

samedi 4 novembre 2006.
 

Depuis le début de la campagne pour l’investiture socialiste, un argument revient sans cesse pour discréditer ceux qui ne soutiennent pas Ségolène Royal : tu es un misogyne.

Cette accusation est profondément désagréable à entendre pour nous, mais elle fait mouche dans les réunions ; aussi, revient-elle souvent. Jean Luc Mélenchon en a fait l’expérience à Rodez, mais aussi ailleurs.

Voici sa réponse sur son blog après un meeting en Champagne, près de Troyes (extraits).

« Libération Champagne » publie une interview de moi. Elle est absolument correcte et relue en parfaite compréhension et bonne intelligence. Mais le journal titre néanmoins et sans crier gare, avec des guillemets sur quatre colonnes : « Je n’ai pas peur de passer pour un machiste ».

Naturellement je n’ai jamais prononcé cette phrase ni dans l’entretien ni nulle part ailleurs. Mais ça marche. Le soir même de la parution a lieu une réunion sur place à Sainte Savine à côté de Troyes, sur le thème de l’Union de la gauche et c’est moi qui l’anime, "au lieu de m’occuper des vrais problèmes."

Vient une exaltée de mon âge (j’aime bien situer les gens par âge sur ce sujet car ça me permet de leur demander ce qu’ils faisaient quand on avait vingt ans et que se menait la lutte pour le droit à l’avortement...). Sur la foi de ce titre, après mon discours elle est la première à demander la parole et alors qu’il n’est absolument pas question du choix du candidat au PS, elle m’agresse devant une salle médusée où il y a des gens de gauche de toutes appartenances « Je suis une adhérente à vingt euros et je viens dénoncer votre misogynie quand vous parlez de Ségolène Royal »

Là dessus elle commence le couplet (sans rapport avec cette première idée) sur les « petits blancs » que je mépriserai et ainsi de suite, lisant l’argumentaire qui m’est consacré depuis plusieurs mois. Elle dénonce mon refus de "l’idée importante de suspendre les allocations familiales" contre laquelle, selon elle, je m’exprimerai par pur parti pris machiste vu que je ne supporterai pas que ce soit "une femme qui ait les bonnes idées de fermeté qui sont d’habitude monopolisées par les hommes"....

Voila le style. Je suis médusé. Pour commencer ma réponse je dis : « madame et dorénavant... chère camarade ». Elle proteste aussitôt : « moi, je ne suis pas une camarade, monsieur Mélenchon ». Rire dans la salle. En effet tout le monde la connaît comme une personne de droite. Mais moi je ne le savais pas.

Donc je réponds point par point. Je lui demande à la fin « Est-ce que je vous ai au moins convaincu que ce n’est pas par misogynie que je prends position mais en raison d’un désaccord sur ce sujet ? » Réponse : « sûrement pas, vous n’avez aucune chance d’y arriver ». Tout est dit. Quoi que j’explique, je ne peux en aucun cas ébranler ses certitudes.

Voila le fanatisme dans sa tranquille simplicité. Voila où nous en sommes grâce à des bourreurs de crâne du genre de Philippe Alexandre et les autres rigolos de ce style. A moi donc, cent fois s’il le faut, de mettre l’ouvrage sur le métier. Pour le confort, je reproduis ici la question de "Libération Champagne"(propos recueillis par Jorge D’Hulst) et ma réponse. Ce sera la conclusion de ce paragraphe.

Question - "Libération Champagne" :

" Vous estimez que la présidentielle n’est pas un concours de beauté (sic !) N’avez vous pas peur de passer pour un affreux macho ? "

Réponse - Jean-Luc Mélenchon :

" Absolument pas. J’ai commencé à employer cette expression bien avant que Ségolène Royal ne soit candidate. Je l’ai utilisée pour expliquer que nos discussions devaient reposer sur des questions d’orientations pour la gauche et le pays et non sur les apparences de chaque candidat. A présent on est servi ! Ces accusations de machisme lancées à tout bout de champ sont insupportables. Que doit-on penser quand madame Royal répond "Poseriez vous cette question à un homme ?" à un journaliste chevronné du New York Times qui l’interroge sur ses objectifs de politique étrangères ? Ou quand madame Alliot Marie dit que "les querelles politiques ce sont des affaires d’homme. Moi je m’occupe des vrais problèmes" N’est-on pas face à une manipulation qui détourne complètement le féminisme ? En fait c’est l’autre versant du sexisme !" .

Et j’ajoute ceci. Que faut-il penser de la conclusion de Ségolène Royal au cours du débat télévisé quand, interrogée sur la différence entre les candidats en présence elle dit " il y en a une qui se voit, je n’insiste pas ?" Imagine-t-on un homme dire de même dans un face à face avec elle ? J’entends déjà les hurlements ! Mais là ? Quoi ? Rien.


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