Le candidat de l’opposition sociale-démocrate en tête de la présidentielle croate (article du Monde)

lundi 28 décembre 2009.
 

Le candidat de l’opposition sociale-démocrate, Ivo Josipovic, et le maire de Zagreb, l’indépendant Milan Bandicsont arrivés en tête du premier tour de l’élection présidentielle en Croatie, selon des sondages à la sortie des bureaux de vote effectués dimanche 27 décembre. Les résultats officiels ne devraient être connus que tard dans la soirée de dimanche. Selon ces sondages, M. Josipovic aurait obtenu 32,7 % des voix ; M. Bandic 14,1 %. Le candidat du parti conservateur au pouvoir, Andrija Hebrang, est arrivé en troisième position avec 12,1 % des voix, suivi par un candidat indépendant, l’homme d’affaires Nadan Vidosevic (11,6 %).

Agé de 52 ans, membre du Parti social-démocrate (SDP), M. Josipovic est expert en droit pénal international mais aussi compositeur de musique classique. Décrit par des analystes comme un candidat ayant une "biographie propre", exempte d’affaires de corruption, ses détracteurs lui reprochent son "manque de tempérament" et d’expérience politique.

Milan Bandic, 54 ans, est maire de Zagreb depuis 2000. Il a été exclu du SDP après avoir présenté sa candidature en tant qu’indépendant. La presse a accusé M. Bandic d’implication dans des affaires de corruption mais il n’a jamais eu de démêlés avec la justice pour de tels faits.

Plus de 4,4 millions d’électeurs, dont 400.000 vivant hors de Croatie, notamment en Bosnie voisine, seront appelés à départager mes deus hommes lors du second tour de la présidentielle le 10 janvier.

La mission du vainqueur du second sera d’intégrer dans l’Union européenne un pays en proie à une grave crise économique et dont l’image est ternie par des scandales de corruption à un niveau élevé dans les entreprises et l’administration.

2) Présidentielle croate ce 27 décembre sous le signe du désenchantement

Article de L’Humanité

Rien ne va plus en Croatie à la veille du scrutin présidentiel du 27 décembre. Pour le pays qui faisait pourtant encore récemment figure de « meilleur élève de la classe balkanique », la perspective d’intégration européenne ne cesse de s’éloigner, et il est secoué par des scandales de corruption à répétition.

Corruption et violence

Un de ces scandales a fait vaciller en octobre dernier le gouvernement de droite, dirigée depuis le mois de juillet par Jadranka Kosor  : le vice-premier ministre Damir Polancec était impliqué dans une immense affaire de corruption impliquant le géant de l’agroalimentaire Podrav-ka, qui produit notamment le fameux condiment Vegeta, consommé dans tous les Balkans. Le vice-premier ministre a dû démissionner et, quelques jours plus tard, une autre affaire éclatait, impliquant la direction des chemins de fer croates.

L’année précédente, une série de meurtres avait ensanglanté le pays, révélant les troubles connexions établies, du temps de la guerre, entre les barons du parti de la droite nationaliste au pouvoir, la Communauté démocratique croate (HDZ), les responsables militaires et les chefs des milieux criminels.

Pour sa part, l’ancien premier ministre Ivo Sanader, qui avait démissionné le 1er juillet pour des raisons toujours incertaines, aurait « facilité » le rachat de la banque Hypo Alpe Adria par les Bavarois de la BayernLB Bank. Cette dernière affaire fait couler beaucoup d’encre en Allemagne, car elle implique les plus hauts dirigeants politiques de la région. La CSU bavaroise entretient en effet des relations étroites avec le HDZ croate.

« La Croatie ressemble aujourd’hui à une fourmilière, écrit la journaliste Jasmina Popovic. Le HDZ garantissait l’ordre dans cette fourmilière, mais le parti est désormais divisé en factions rivales, sans que l’on sache qui est encore le chef. Du coup, les fourmis partent dans tous les sens… »

Une crise multiforme

Dans ce contexte délétère, les électeurs devraient désavouer le HDZ, revenu au pouvoir en 2003 après une brève parenthèse sociale-démocrate. Le candidat de ce parti à la présidence de la République, Andrija Hebrang, appartient à la « vieille garde nationaliste » et ne fait guère l’unanimité.

Les deux candidats rivaux issus des rangs sociaux-démocrates, le maire de Zagreb Milan Bandic et le député Ivo Josipovic, font donc figure de favoris du scrutin. Un second tour, toutefois, sera probablement nécessaire pour désigner le successeur de Stjepan Mesic, qui ne pouvait pas se présenter à nouveau, au terme de deux mandats. Une des grandes inconnues concerne la participation. Depuis un an, les grèves et les mouvements sociaux se multiplient. Des actions des étudiants pour la gratuité des études jusqu’aux manifestations parfois désespérées d’employés des usines en train de fermer, ils défrayent régulièrement la chronique.

Problème  : les candidats sont tous également muets sur ces enjeux sociaux. La crise mondiale frappe pourtant très durement le pays, notamment le secteur touristique, pilier de la forte croissance enregistrée depuis une dizaine d’années. Du coup, beaucoup d’électeurs pourraient être tentés de bouder les urnes, et la plupart des analystes pensent que le pays ne pourra pas faire l’économie d’élections parlementaires anticipées pour essayer de sortir de la crise multiforme dans laquelle il est plongé.

Jean-Arnault Dérens


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