Avec les salariés d’EDF et Yann Cochin Ambiance du jour de Noël en grève de la faim (25 décembre 2009)

mardi 27 décembre 2022.
 

« Et voila, Basile ce que ça te coute de faire le con ! Regarde ta femme et tes gosses dans les yeux maintenant ! Ah il est beau ton noël ! »

Ce soir je suis au chaud parmi les miens dans le Sud de la France. Par habitude depuis tant d’années, je me donne un temps ce soir là pour penser à ceux qui sont dans la peine la maladie ou la souffrance. Cette année, comme depuis combien d’autres déjà, j’aurais croisé sans pleurer tant de pauvres diables couchés dans la rue et cette infamie m’obsède. Mais cette fois ci je dédie cette note aux camarades d’EDF que je suis allé soutenir ce matin de Noël 2009 au centre proche de la gare du nord.

IL NE RESTAIT QUE CETTE FORME D’ACTION

Il y a une grève de la faim dans le centre pour défendre Nouredine, syndicaliste licencié dans la vague de répression qui suit la grève de ce printemps. Yann et Michel font cette grève. Yann a dit que c’était une forme d’action qu’il n’avait jamais utilisé jusque là. C’est juste qu’il ne restait plus que cela à ce moment. Yann a dit qu’il avait passé l’âge des coups de tête. Il l’a dit comme ça. Il se bat de cette façon parce qu’il faut se battre et pas parce que cette forme d’action extrème l’attire. Les deux grévistes de la faim ont petite mine au bout de onze jours. Nouredine a un peu le moral dans les chaussettes. Mais ils vont tenir. Yann Cochin, en grève de la faim, dirigeant du syndicat Sud Enérgie, m’a dit : « je ne les laisserai pas tomber à rester tous seuls à Noël avec leur feuille de licenciement ». Les gars et les filles de la CGT, sévèrement frappés, eux aussi, sont là en rangs serrés. Il faut parler d’eux. Leur lutte ne peut pas être médiatisée autant qu’elle le devrait car Suez et GRDF sont des gros bailleurs de publicité. La presse ne mord pas la main qui la nourrit. Elle a raison car ce sont des sauvages.

MONSIEUR PATRON NE JEUNE PAS

Le patron, ce bon chrétien qui dirige le tiroir caisse de la boite, écrit son nom en lettre de feu dans la longue liste des brutes sociales. Ce soir monsieur dinera en famille. Peut-être y aura-t-il des amis. On parlera de choses et d’autres avec délicatesse et intelligence. Un temps de pause si indispensable quand on a des responsabilités ma bonne amie ! Les copains en lutte, eux, vont essayer d’oublier qu’on leur a interdit l’accès aux douches. Et tous les autres serreront les poings en pensant aux puissants qui les persécutent. Ce mot est le bon. Jugez : 250 sanctions. Infligées avec une subtile cruauté imaginative. Par exemple rétrograder un agent deux ans avant sa retraite. Il pourra méditer pendant des années l’ampleur de sa faute.

Monsieur Patron, lui, a surement sa retraite chapeau, son parachute doré ou je ne sais quoi qui représente plusieurs centaines d’années de retraite amputée d’un syndicaliste sanctionné.. D’autant plus copieuse qu’il aura fait cracher de « la valeur » à ces salopards d’ouvriers syndiqués ou pas. Quelle imagination pour faire mal chez ce monsieur ! Licencier des gens juste avant Noel ! Ah ! Ah ! « Et voila, Basile ce que ça te coute de faire le con ! Regarde ta femme et tes gosses dans les yeux maintenant ! Ah il est beau ton noël ! » Sept mois après la grève ! Sur un motif bidon ? Qu’importe ! Tout le monde sait combien de temps il faudra pour que la justice s’y mette. Le pauvre diable aura du passer à autre chose ! Autre idée : mettre à pied, sans salaires, de jeunes agents histoire de les redresser durablement en punissant toute la famille. Et ainsi de suite.

ILS ONT RAISON DE NE PAS SE LAISSER FAIRE

Donc en bas du bâtiment, on faisait nos prises de parole. Syndicalistes, associatifs, militants politiques. Il y a pendant quelques quarts d’heure toute l’autre gauche. Je cite juste Olivier Besancenot, à cause de sa main dans le plâtre du fait de ses os cassés dans la répression de la manifestation devant l’assemblée nationale. Et Martine Billard parce qu’elle a déposé une question écrite au gouvernement sur cette répression. A la fin des prises de parole une dame a pris le micro. « Moi, je ne suis pas une oratrice. Je suis la mère d’un de ces gars à qui on fait du mal en ce moment et qui se battent. Il ne sera pas là pour le repas de Noël comme c’était prévu ! J’ai quatre vingt sept ans, j’ai de la peine ! Mais ils ont raison de pas se laisser faire ! Merci à tous ceux qui sont venus ce matin ».

FAITES DU BRUIT POUR EUX

Mes amis qui me lisez, voyez autour de vous. De tous côtés, la peine au milieu de la fête. Tachons de ne pas jouer le jeu des puissants ! Ne laissons pas les nôtres dans l’indifférence. Aidons les, comme ils nous ont aidé, ceux qui se sont battus pour nous en défendant notre service public.

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