DE l’ ECOSOCIALISME A LA DEMOCRATIE ECOLOGIQUE (Ecosocialistas de Murcia à Assises Rodez)

dimanche 13 septembre 2015.
Source : Sélection 27
 

ASSISES POUR L’ECOSOCIALISME (RODEZ, 1er juin 2013). Intervention par visioconférence de David Hernández Castro (Ecosocialistas de la Región de Murcia, España)

Chères ami-e-s,

De la part des écosocialistes de la Región de Murcia, nous souhaitons vous manifester le grand intérêt que nous portons au processus de convergence écosocialiste qui vous avez convoqué en France. Nous sommes très fiers que vous nous ayez invité à participé à une de vos assises [décentralisées de l’écosocialisme], et nous vous promettons que nous essaierons de diffuser votre travail et l’esprit de la constitution écosocialiste que vous êtes en train de promouvoir avec le soutien du Parti de Gauche, et de plusieurs autres collectifs qui nous accompagnent dans la lutte pour la justice sociale et l’environnement. Mais avant de continuer, permettez-moi de vous transmettre notre très profonde solidarité devant la mort du jeune Clément Méric, qui est la dernière victime de ceux qui veulent livrer le monde à la haine et aux cendres. Clément Méric n’est plus seulement un citoyen français. Il est devenu le porte-parole universel du rappel à l’Europe que le fascisme n’est pas seulement une chose qui appartient au passé, mais une menace réélle pour notre futur. La seule manière de vaincre le fascisme, c’est la solidarité des peuples.

Ecosocialistas de la Región de Murcia

« Ecosocialistas de la Región de Murcia » est un parti politique qui fait partie de Izquierda Unida. Nous nous sommes fondés en 2011, et notre implantation est la région de Murcia, dans le sud-est de l’Espagne, entre les communautés autonomes d’Andalousie et de Valence. Nous sommes donc une formation politique très jeune, mais nous avons une représentation institutionnelle, à travers IU, dans plusieurs communes de la Région de Murcia. Nous sommes au gouvernement de la mairie de Mazarron, où notre camarade David Fernández est actuellement conseiller à l’environnement et à la participation citoyenne. Dans notre parti, nous avons des activistes importants dans les domaines sociaux, syndicalistes et écologistes.

Certains de nos camarades ont participé à la fondation de la « plateforme des victimes de l’hypothèque » (PAH), qui est à la tête de la lutte contre les expulsions, un terrible fléau dans notre pays, où déjà plus de 120 suicides se sont produits en lien avec les expulsions, et où une famille se fait expulser de son logement tout les 15 minutes. Murcia est une région particulièrement concernée par la bulle immobilière : grâce au soutien du Parti Populaire [parti rassemblant la droite depuis l’extrême droite héritière du franquisme jusqu’au « centre-droit »], notre zone côtière a été assaillie par les grandes entreprises de BTP, et notre système d’irrigation traditionnel de la huerta de Murcia a été systématiquement démantelé pour y construire à la place des grands lotissements, avec terrains de golf inclus.

La région de Murcia possède des conditions extraordinaires pour la production agricole, et un savoir-faire traditionnel hérité des siècles passés pour la gestion durable de la terre et la production écologiste. Mais la cupidité de quelques uns a aboutit à la spoliation d’une grande partie de notre huerta, et à un grand péril pour les zones protégées de notre littoral. Nous, les écologistes, avons lutté durant 11 années pour arrêter un des grands projets du gouvernement régional, qui consistait en l’urbanisation de 11 500 hectares de paysages côtiers de « Marina Cope », où se trouvent 17 habitats communautaires, 16 espèces protégées de la flore et plus de 80 espèces de la faune locale, dont la tortue maure, et des variétés de rapaces comme le hibou royal. Après 11 années, nous avons remporté cette bataille, grâce au jugement du tribunal constitutionnel qui est tombé en faveur des demandes des écologistes. C’est la seconde fois en 40 ans que les écologistes sauvent ce magnifique espace protégé. La première fois a été dans les années 1970, quand le gouvernement a voulu y installer une centrale nucléaire. A l’époque déjà nous avions réussi à l’arrêter. Je vous raconte cette histoire, camarades, parce qu’il convient de se souvenir que l’histoire n’est pas écrite, nous l’écrivons avec nos luttes, et l’échec des puissants lobbys de l’énergie nucléaire et de la construction qui se sont briser deux fois contre Marina de Cope, témoigne qu’un autre monde est possible. On peut. Si on peut.

D’autres écosocialistes en Espagne

En Espagne, il y a différents courants politiques qui se dénomment « écosocialistes ». Le plus ancien est « l’initiative pour la catalogne-Verds » (ICV), qui ont été des membres historiques des Verts européens, mais qui ont rejoint aussi Izquierda Unida aux élections territoriales. Récemment un parti politique s’est constitué au niveau de l’état espagnol, EQUO, qui est la synthèse de différents partis politiques verts, et que certains identifient avec les valeurs écosocialistes. Cependant, en Europe, ils gardent une alliance stratégique avec les Verts allemands, et, bien que nous respections les camarades de EQUO, et que nous désirions que leur projet politique fonctionne, nous pensons que les Verts allemands ne représentent pas aujourd’hui l’alternative écosocialiste dont l’Europe a besoin, une alternative qui ne s’oppose pas seulement aux centrales nucléaires, mais aussi aux guerres impérialistes, à l’Europe du capital, et aux attaques contre les conquêtes de la classe des travailleurs. C’est pourquoi nous pouvons nous reconnaître dans le Manifeste français des Assises pour l’Ecosocialisme. Nous allons débattre de ce document, et nous voulons initier un processus de convergence en Espagne similaire à celui que vous avez initié en France.

Sur la Démocratie Radicale

Nous avons beaucoup de choses à partager avec vous. Mais il y a un aspect où il nous semble que notre contribution peut être la plus intéressante. Notre organisation écosocialiste se définit autour de deux principes : la démocratie radicale et l’écologie sociale. C’est autour de la démocratie radicale qu’il nous semble que votre manifeste pourrait obtenir une meilleur définition. Nous pensons que la démocratie radicale n’est pas seulement un objectif pour le futur, un objectif que nous atteindrons quand nous aurons réussi à déterminer la planification démocratique des ressources. Ce serait une vision étroite de ce que la démocratie signifie. En réalité, ce serait s’emprisonner dans la même logique instrumentale qu’ont eu historiquement les partis de la gauche alternative qui se sont caractérisés par la pratique d’un divorce entre les objectifs qui prétendaient poursuivre et la manière avec laquelle ils s’organisaient pour lutter pour ces objectifs. La racine de cette forme d’organisation est le centralisme démocratique, qui rompait avec la tradition politique d’organisation « assembléaire » qui remontait à la Première Association Internationale des Travailleurs. Depuis donc, et sauf quelques exceptions historiques, les formes d’organisation en assemblées sont restées restreintes au milieu anarchiste et libertaire, pendant que les sphères politiques du socialisme et du communisme s’organisaient à travers des structures représentatives d’organisation politique.

L’histoire personnelle de chacun d’entre nous est liée, majoritairement, de l’engagement militant dans des organisations politiques historiques. Notre proximité avec la forme de travail dans ces organisations a fait qu’il nous est difficile de prendre conscience de l’énorme contradiction qui s’introduit entre les fins que nous recherchons et les moyens que nous utilisons pour les atteindre. Nous voulons une société socialiste, où les travailleurs seraient les propriétaires des moyens de production, et où les décisions sur le destin de la communauté seraient adoptées de manière démocratique par ceux qui en font partie.

Souvent, quand le gouvernement de la nation approuve une loi injuste, nous initions une campagne pour que cette loi soit soumise à référendum entre les citoyens. Nous exigeons que les représentants politiques puissent être révoqués à tout moment par leurs électeurs. Nous voulons que la citoyenneté fasse partie de manière inaliénable du processus de planification démocratique des secteurs stratégiques les plus importants : l’éducation, la santé, l’économie. Et cependant, en même temps que nous nous battons pour ces causes, nous militons dans des organisations politiques qui sont organisées de manière hiérarchique, qui réunissent des congrès une fois tout les quatre ans, qui élisent leurs responsables politiques de manière indirecte, qui prennent leur décisions les plus importantes non pas à travers de consultations ou de référendum internes, mais derrière des portes fermées des organes de direction. Et cela nous semble normal.

Nous croyons que nous sommes démocratiques participatifs parce que nous défendons la démocratie participative. Mais ce n’est pas le cas. Dans une certaine occasion, El Che Guevara a dit qu’un révolutionnaire est celui qui fait la Révolution. Nous pourrions ajouter : ce n’est pas en parlant de la démocratie participative que nous deviendrons plus démocratiques et participatifs, mais en la pratiquant. La démocratie est un sagesse de caractère pratique. C’est une constatation que les anciens savaient déjà, et qu’Aristote traita quand il écrivit que la vertu ne peut pas s’apprendre théoriquement, mais pratiquement, et qu’il ne s’agit pas de savoir qu’est ce que la vertu, mais de savoir comment être vertueux. Donc ce que nous disons, c’est que le vrai problème n’est pas tant de savoir qu’est-ce-que la démocratie participative, mais de devenir, nous-même et la société, des citoyens conséquemment démocrates et participatifs.

La démocratie est une fin en soi

Ce que je pense, c’est que dans la réponse à cette question se joue le futur de la gauche européenne. C’est ainsi parce que nous nous trouvons à un carrefour que nous avons déjà rencontré au Xxème siècle. Ce n’est pas la première fois que nous subissons une crise mondiale. Et ce n’est pas non plus la première fois que suite à cette crise les classes opprimées parviennent à porter au pouvoir certaines de leurs organisations politiques. La question que nous devons nous poser est pourquoi ces expériences historiques ont échoué, et qu’est-ce-que nous pouvons faire pour éviter que l’histoire se répète au XXIème siècle. Pour nous, la clef se trouve dans la démocratie radicale, mais par seulement parce qu’elle serait une manière plus juste d’organiser le travail politique, mais parce c’est sur le terrain de l’organisation, de la forme avec laquelle nous construisons nos relations sociales, où se livre la bataille de la conscience. Contrairement à ce que pensent certains, ce n’est pas en lisant des livres que l’on devient socialiste. Sans doute, dans une certaine mesure, lire des livres aide beaucoup. Tout le monde devrait en lire. Mais si c’était en lisant des livres qu’on devenait socialiste, comment expliquer que Dominique de Villepin proposa une facilitation des licenciements [CPE] quand il était premier ministre, et comment expliquer que nous connaissons tous des camarades qui sont beaucoup plus socialistes que nous-même alors que la vie ne leur a pas donné l’opportunité d’accéder aux études. Ceci, qui est une évidence, a été ignoré de beaucoup de dirigeants historiques de la gauche, qui ont formé une sorte de technocratie politique, valorisant la capacité et la qualité de l’engagement militant en fonction de son curriculum académique. Curieusement, ceci n’est jamais arrivé à Karl Marx, pour qui il a toujours été clair que pour autant que la lecture de ses livres aiderait, ce qui produirait réellement la prise croissante d’une conscience socialiste parmi les travailleurs serait l’association des travailleurs eux-mêmes.

Prenons un exemple : quel livre pouvons-nous lire pour apprendre à jouer de la guitare ? Sans doute y-a-t-il de nombreux manuels de qualité. Mais tout le monde rirait de la personne qui prétendrait apprendre à jouer de la guitare en s’enfermant dans une bibliothèque avec un manuel. Pour apprendre à jouer de la guitare, il n’y a qu’une manière : jouer de la guitare. Et la même chose est vraie pour d’autres compétences pratiques. Nous apprenons à faire du vélo en faisant de vélo. A nager en nageant. Ceci est vrai aussi avec les passions, et aussi avec les valeurs politiques comme la vertu républicaine. Nous apprenons à aimer en aimant ; à être solidaire en pratiquant la solidarité ; et à être républicain en menant une vie républicaine.

Ce semble être compliqué, mais en vérité, cela ne l’est pas du tout. Quand nous nous organisons pour faire ou décider des choses, notre activité se déploie dans deux sphères distinctes. D’un côté, il y a la dimension de la pratique concrète : nous nous réunissons, par exemple, pour discuter sur l’écosocialisme, ou pour décider quel sera la prochaine action revendicative. Mais d’un autre côté, dans le même temps qu’on réalise cette pratique concrète, il y a des valeurs précises qui s’inscrivent dans notre conscience. Au début, nous nous réunissons pour parler de l’écosocialisme, ou pour prendre une décision quelconque, mais durant le déroulement de cette réunion, nous allons nous rendre plus solidaires et participatifs. Arrive un moment où le résultat de notre délibération est le moins important : le plus important est que le fait de nous réunir nous a transformé en personnes plus sociables et plus solidaires, plus intéressées dans le destin de nos camarades, et aussi, plus experts dans la prise de décision. Il se peut que dans certains cas concrets nous nous trompons, mais se dont on ne peut pas douter, c’est que plus on participe à la prise de décision, mieux on apprend à prendre des décisions. Les vertus et les passions sont des qualités auto-amplificatrices : on apprend à mieux jouer de la guitare en jouant plus de guitare ; on aime mieux plus on aime ; et on devient plus solidaire quand pratique plus la solidarité.

Donc, la démocratie participative est une fin en soir. Le simple fait de participer, de s’impliquer dans la gestion de questions qui concernent tout le monde, de se réunir avec les camarades pour établir les priorités et les besoins de l’organisation et de la société, nous réalise comme personne, nous rend meilleurs, nous éduque dans ces valeurs de convivialité que la société du spectacle a relégué dans le dernier recoin. Participer, partager, coopérer, nous rend responsables et solidaires. Au contraire, la délégation instaure la culture de la passivité et de l’égoïsme. La délégation corromps la démocratie.

Sur la Démocratie Ecologique

De plus, et pour conclure, il y a aussi une dimension écologique dans la participation démocratique. Il y a un principe en biologie qui relie la variété réelle des populations avec leurs possibilités de s’adapter à l’environnement, et donc de survivre. Non pas que nous devions importer aux relations sociales les principes d’organisation de la biologie évolutive. Mais nous pensons que dans ce cas concret notre forme politique d’organisation sortirait renforcée si nous prenions en compte ce principe. Il s’agit de considérer que l’écosystème politique qui favorise le plus la gauche, ce n’est pas la lutte des organisations politiques de la gauche entre elles, mais l’articulation de formes d’organisation démocratiques plus riches et complexes, où les organisations et les tendances de la gauche peuvent déployer leur identité politique sans avoir à se rivaliser les unes contre les autres. Au contraire de ce que certains pensent, ce qui renforce une organisation politique, ce n’est pas une forme d’unité qui élimine les différences, mais une forme d’unité qui encourage la diversité. Les conditions sociales et politiques sont dans un processus constant de transformation, et plus les ressources politiques des organisations sociales sont variées, meilleure sera les capacités d’adaptation aux nouveaux défis du système. Nous faisons le pari de l’organisation d’un large front, parce qu’à l’intérieur de valeurs communes, nous sommes convaincus que la diversité des identités politiques favorise la prise démocratique de décisions. Le Front de Gauche est un bon exemple que cette idée peut donner des résultats très positifs. Pour cette raison, et pour d’autres sur lesquelles nous pourrions nous étendre, quand nous parlons de démocratie, nous parlons aussi de démocratie écologique. Le principe du respect de la diversité que nous défendons pour l’environnement fonctionne aussi à l’intérieur de nos organisations politiques.

Merci beaucoup.

DEL ECOSOCIALISMO A LA DEMOCRACIA ECOLÓGICA

David Hernández Castro Ecosocialistas de la Región de Murcia (España)

Queridos amigos y amigas.

Desde Ecosocialistas de la Región de Murcia queremos manifestaros el gran interés que sentimos por el proceso de convergencia ecosocialista que habéis convocado en Francia. Es para nosotros un motivo de orgullo que nos hayáis invitado a participar en una de vuestras asambleas, y os prometemos que intentaremos difundir vuestro trabajo y el espíritu de constitución ecosocialista que estáis promoviendo con el respaldo del Partido de Izquierda, y de muchos otros colectivos sociales y personas que nos acompañan en la lucha por la justicia social y el medio ambiente. Pero antes de continuar, permitidme que os traslade nuestra más profunda solidaridad ante la muerte del joven Clément Méric, que se ha convertido en la última víctima de aquellos que quieren reducir el mundo al odio y las cenizas. Clément Méric ya no es solamente un ciudadano francés. Se ha convertido en un altavoz universal que está recordando a Europa que el fascismo no es sólo algo que pertenece al pasado, sino una amenaza real para nuestro futuro. Lo único que puede vencer al fascismo, es la solidaridad de los pueblos.

Ecosocialistas de la Región de Murcia

Ecosocialistas de la Región de Murcia es un partido político que forma parte de Izquierda Unida. Nos constituimos en el año 2011, y nuestro ámbito de actuación es la Región de Murcia, en el sureste de España, entre las Comunidades Autónomas de Andalucía y Valencia. Somos una formación política, por tanto, muy joven, pero tenemos representación institucional, a través de IU, en muchos municipios de la Región de Murcia. Estamos gobernando en el Ayuntamiento de Mazarrón, donde nuestro compañero David Fernández es actualmente el concejal de Medio Ambiente y Participación Ciudadana. Dentro de nuestro partido, tenemos a importantes activistas sociales, sindicales y ecologistas. Compañeros nuestros han participado en la fundación de las Plataforma de Afectados por la Hipoteca (PAH), que está a la cabeza de la lucha contra los desahucios, una lacra terrible en nuestro país, donde ya se han producido más de 120 suicidios relacionados con los desalojos, y donde cada 15 minutos se expulsa a una familia de su vivienda. Murcia es una región particularmente afectada por la burbuja inmobiliaria : gracias al apoyo del Partido Popular, nuestra zona costera fue asaltada por las grandes empresas de la construcción, y nuestro regadío tradicional de la huerta de Murcia, fue sistemáticamente desmantelado para colocar en su lugar grandes urbanizaciones, e incluso campos de golf. La Región de Murcia tiene unas condiciones extraordinarias para la producción agrícola, y una sabiduría tradicional, que se remonta muchos siglos en el pasado, para la gestión sostenible de la tierra y la producción de carácter ecologista. Pero la avaricia de unos cuantos, ha producido el expolio de gran parte de nuestra huerta, y una gran amenaza para las zonas protegidas de nuestro litoral. Los ecologistas hemos luchado durante 11 años para detener uno de los grandes proyectos del Gobierno Regional, que era la urbanización de 11.500 hectáreas del paraje costero de Marina Cope, donde se encuentran 17 hábitats comunitarios, 16 especies de flora protegida, y más de 80 especies protegidas de la fauna local, entre ellas, la tortuga mora, y varias aves rapaces, como el búho real. Después de 11 años, hemos conseguido ganar esta batalla, gracias a una Sentencia del Tribunal Constitucional que falló a favor de las demandas de los ecologistas. Esta es, por cierto, la segunda vez en los últimos 40 años que los ecologistas salvan este magnífico espacio protegido. La primera vez fue en los años 70, cuando el Gobierno quiso instalar una Central Nuclear. También entonces, conseguimos pararlo. Os cuento esta historia, compañeros y compañeras, porque es conveniente recordar que la historia no está escrita, la escribimos nosotros con nuestras luchas, y el fracaso de los poderosos lobbys de la energía nuclear y de la construcción, que se han estrellado dos veces contra Marina de Cope, es un testimonio de que otro mundo es posible. Se puede. Sí se puede.

Otros ecosocialistas en España

En España, hay varios referentes políticos que se denominan ecosocialistas. El más antiguo es Iniciativa per Catalunya-Verds (ICV), que han sido socios históricos de los Verdes europeos, pero que también han confluido con Izquierda Unida en las elecciones territoriales. Recientemente se ha constituido un partido político de ámbito estatal, EQUO, que es la síntesis de varios partidos políticos verdes, y que algunos identifican con los valores ecosocialistas. Sin embargo, en Europa mantienen una alianza estratégica con Los Verdes alemanes, y aunque nosotros respetamos a los compañeros de EQUO, y deseamos que su proyecto político funcione, pensamos que Los Verdes alemanes no representan hoy la alternativa ecosocialista que Europa necesita, una alternativa que no solo debe oponerse a las centrales nucleares, sino también a las guerras imperialistas, la Europa del capital, y el ataque a las conquistas de la clase trabajadora. En este sentido, nosotros podemos reconocernos en el Manifiesto francés de las Asambleas por el Ecosocialismo. Vamos a debatir este documento, y queremos iniciar un proceso de convergencia en España similar al que vosotros habéis iniciado en Francia.

Sobre la Democracia Radical

Tenemos muchas cosas que compartir con vosotros. Pero hay un aspecto en el que nos parece que nuestra aportación puede resultar más interesante. Nuestra organización ecosocialista se define en torno a dos principios : la democracia radical y la ecología social. Es en torno a la democracia radical donde nos parece que vuestro Manifiesto podría alcanzar una mayor definición. Nosotros pensamos que la democracia radical no es sólo un objetivo para el futuro, una meta que alcanzaremos cuando consigamos determinar la planificación democrática de los recursos. Esta es una visión estrecha de lo que la democracia significa. En realidad, sigue siendo presa de la misma lógica instrumental que han tenido históricamente los partidos de la izquierda alternativa, que se han caracterizado por practicar un divorcio entre las metas que pretendían conseguir, y la manera en la que se organizaban para luchar por estas metas. La raíz de esta forma de organización es el centralismo democrático, que rompió con una tradición política de organización asamblearia que se remontaba a la Primera Asociación Internacional de los Trabajadores. Desde entonces, y salvo algunas excepciones históricas, las formas asamblearias de organización han quedado constreñidas al entorno libertario o anarquista, mientras que la esferas políticas del socialismo o el comunismo se organizaban a través de estructuras representativas de organización política.

La historia personal de cada uno de nosotros proviene, en su mayor parte, de la militancia en organizaciones políticas históricas. Nuestra cercanía con la forma de trabajo en estas organizaciones, ha hecho que nos resulte difícil tomar perspectiva sobre la enorme contradicción que media entre los fines que perseguimos y los medios que empleamos para conseguirlos. Queremos una sociedad socialista, donde los trabajadores sean los propietarios de los medios de producción, y donde las decisiones sobre el destino de la comunidad, sean adoptadas de forma democrática por aquellos que forman parte de ella. A menudo, cuando el gobierno de la nación aprueba una ley injusta, iniciamos una campaña para que esta ley sea sometida a referendo entre los ciudadanos. Exigimos que los representantes políticos puedan ser revocados en cualquier momento por sus electores. Queremos que la ciudadanía intervenga, de forma vinculante, en la planificación democrática de los sectores estratégicos más importantes : la educación, la sanidad, la economía. Y sin embargo, a la misma vez que peleamos por estas cosas, militamos en organizaciones políticas que están organizadas de forma jerárquica, que celebran congresos una vez cada cuatro años, que eligen a sus responsables políticos de forma indirecta, que toma sus decisiones más importantes no a través de consultas o referendos internos, sino detrás de las puertas cerradas de los órganos de dirección. Y esto nos parece normal. Creemos que somos democrático participativos porque defendemos la democracia participativa. Pero esto no es así. En cierta ocasión, el Che Guevara dijo que revolucionario es el que hace una revolución. Nosotros podríamos añadir : no es hablando de la democracia participativa como nos haremos más democráticos y participativos, sino practicándola. La democracia es una sabiduría de carácter práctico. Esto era algo que los antiguos ya sabían, y que Aristóteles se ocupó de declarar cuando escribió que la virtud no se podía aprender teóricamente, sino prácticamente, y de que no se trataba de qué es la virtud, sino de cómo ser virtuosos. Por tanto, lo que nosotros decimos es que el verdadero problema no es tanto saber qué cosa es la democracia participativa, sino cómo convertirnos, a nosotros y a la sociedad, en ciudadanos responsablemente demócratas y participativos.

La democracia es un fin en sí mismo

Lo que yo pienso es que en la respuesta a esta pregunta se juega el futuro de la izquierda europea. Y esto es así porque nos encontramos en una encrucijada por la que ya transitamos en el siglo XX. No es la primera vez que sufrimos una crisis mundial. Y no es tampoco la primera vez que como consecuencia de esta crisis, las clases oprimidas consiguieron aupar hasta el poder a algunas de sus organizaciones políticas. Lo que tenemos que preguntarnos es por qué estas experiencias históricas terminaron fracasando, y qué es lo que podemos hacer nosotros para evitar que la historia vuelva a repetirse en el siglo XXI. Para nosotros, la clave radica en la democracia radical, pero no sólo porque esta sea una manera más justa de organizar el trabajo político, sino porque es en el terreno de la organización, de la forma en la que construimos nuestras relaciones sociales, donde se libra la batalla de la conciencia. Al contrario de lo que algunos piensan, no es leyendo libros como nos hacemos más socialistas. Sin duda alguna, leer libros ayuda mucho. Todo el mundo debería hacerlo. Pero si fuera leyendo libros como uno se hace socialista, eso no explicaría por qué Dominique de Villepin propuso el despido libre cuando era ministro, ni por qué todos conocemos compañeros y compañeras, que a pesar de que la vida no les ha dado la oportunidad de acceder a los estudios, son mucho más socialistas que nosotros. Esto, que es una obviedad, ha sido ignorado por muchos dirigentes históricos de la izquierda, que han fomentado una especie de tecnocracia política, valorando la capacidad y la calidad de la militancia en función de su currículum académico. Curiosamente, esto no le sucedió jamás al propio Karl Marx, que siempre tuvo claro que por mucho que ayudara la lectura de sus libros, lo que realmente producía el incremento de la conciencia socialista entre los trabajadores era la asociación de los trabajadores mismos.

Pongamos un ejemplo : ¿Qué libro tenemos que leer para aprender a tocar la guitarra ? Sin duda, hay muchos buenos manuales. Pero todo el mundo se reirá de aquella persona que pretenda aprender a tocar la guitarra encerrándose en una biblioteca con un manual. La manera de aprender a tocar la guitarra, es tocando la guitarra. Y lo mismo sucede con otras cualidades prácticas. Aprendemos a montar en bicicleta, montando la bicicleta. Y a nadar, nadando. Esto es lo que sucede también con las pasiones, y con los valores políticos, y con la virtud republicana. Aprendemos a amar, amando ; a ser solidario, practicando la solidaridad ; y a ser republicano, llevando una vida republicana.

Parece algo complicado, pero en realidad, no lo es. Cuando nos organizamos para hacer o decidir cosas, nuestra actividad se está desplegando en dos esferas distintas. Por un lado, está el ámbito de la práctica concreta : nos reunimos, por ejemplo, para discutir sobre el ecosocialismo, o para decidir cuál será nuestra siguiente acción reivindicativa. Pero por otro lado, al mismo tiempo que se realiza esta práctica concreta, se están produciendo determinados valores en nuestra conciencia. En principio, nos reunimos para hablar de ecosocialismo, o para tomar una decisión cualquiera, pero durante el transcurso de esta reunión nos vamos haciendo más solidarios y participativos. Llega un momento donde el resultado de nuestra deliberación es lo menos importante : lo más importante es que el hecho de reunirnos nos ha vuelto personas más sociables y solidarias, más interesadas por el destino de nuestros compañeros, y también, más expertas en la toma de decisiones. Puede que en algún caso concreto nos equivoquemos, pero de lo que no cabe ninguna duda, es de que cuanto más se participa en la toma de decisiones, mejor se aprende a tomar decisiones. Las virtudes y las pasiones son cualidades auto-incrementativas : más se aprende a tocar la guitarra, cuanto más se toca la guitarra ; más se ama, cuanto más se ama ; y más se hace uno solidario, cuando más se practica la solidaridad.

Por tanto, la democracia participativa es un fin en si mismo. El mero hecho de participar, de implicarse en la gestión de los asuntos que a todos conciernen, de reunirse con los compañeros para establecer las prioridades y necesidades de la organización y la sociedad, nos realiza como personas, nos hace mejores, nos educa en ciertos valores de convivencia que la sociedad del espectáculo ha relegado al último rincón. Participar, compartir, cooperar, nos hace responsables y solidarios. Por el contrario, la delegación instaura la cultura de la pasividad y el egoísmo. La delegación, corrompe la democracia.

Sobre la Democracia Ecológica

Además, y para terminar, hay también una dimensión ecológica en la participación democrática. Hay un principio en la biología que relaciona la variedad real de las poblaciones con sus posibilidades de adaptarse al medio ambiente, y por tanto, de sobrevivir. No es que debamos importar a las relaciones sociales los principios de organización de la biología evolutiva. Pero sí pensamos que en este caso concreto, nuestra forma política de organización saldría fortalecida si tuviéramos en cuenta este principio. La clave consiste en considerar que el ecosistema político que más favorece a la izquierda, no es la lucha de las organizaciones políticas de la izquierda entre sí, sino la articulación de formas de organización democráticas más ricas y complejas, donde las organizaciones y tendencias de la izquierda puedan desplegar su identidad política sin necesidad de rivalizar unas contra otras. Al contrario de lo que algunos piensan, lo que hace fuerte a una organización política, no es el tipo de unidad que elimina las diferencias, sino aquella que fomenta la diversidad. Las condiciones sociales y políticas están en proceso constante de transformación, y cuánto más variados sean los recursos políticos de las organizaciones sociales, mayor será su capacidad de adaptarse a los nuevos retos del sistema. Nosotros apostamos por la organización de frentes amplios, porque dentro de unos parámetros comunes, estamos convencidos de que la diversidad de identidades políticas favorece la toma democrática de decisiones. El Frente de Izquierda es un buen ejemplo de cómo este principio pueda dar resultados muy positivos. Por esta razón, y por otras sobre las que no podemos extendernos, cuando hablamos de democracia, hablamos también de democracia ecológica. El principio de la atención a la diversidad que defendemos para el medio ambiente, funciona también para el interior de nuestras organizaciones políticas.

Muchas gracias.


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