26 octobre 1956 : La paix des Nementchas (Algérie) : Les blessés sont égorgés au couteau de cuisine

samedi 28 octobre 2023.
 

Robert Bonnaud appelé en Algérie participe le 25 octobre à une opération contre des fellaghas au djebel Bou-Kammech, massif des Nementchas au sud de Chéria (Sud Ouest de Tébessa). L’aviation bombarde les rebelles. Le lendemain vint l’ordre d’entreprendre le nettoyage.

« Les blessés qui n’avaient pu fuir étaient souvent atteints aux jambes, récupérables donc, malgré les pertes de sang et le froid nocturne qui bleuissait leurs chairs. Ils furent massacrés, dans des conditions odieuses qui dépassent une imagination normale mais non la réalité algérienne.

Les cadres européens du G.M.P.R. (Groupe Mobile de Protection rurale), qui dirigeaient le nettoyage, se distinguèrent particulièrement. Ils s’acharnèrent à coups de pieds sur les blessures, et le malheureux suffoquait de douleur. Ils plaisantaient abominablement pendant la prise de photographie (« Allons, fais-toi beau, souris au petit oiseau, fais-nous plaisir... », redoublaient de brutalité sous prétexte d’interrogatoire. Finalement, sortant le couteau de cuisine, ils l’aiguisaient longuement sur le roc, aux yeux du condamné. L’exécution était maladroite et lente, charcutait le cou et évitait la carotide. Mais les mots historiques, prudhommesques, ne manquaient pas après l’égorgement (« Encore un qui est mort comme il a vécu... ». Comble de précaution, une balle de Mas 36, à bout portant, écrabouillait le visage, le transformait en une chose immonde, qui n’a pas de nom dans le langage de l’horreur...

Ils tuèrent donc les blessés, y compris l’un d’entre eux assez valide pour porter sur son dos, pendant les heures que dura le nettoyage, le poste 300 de la compagnie. »

Sources :

Robert Bonnaud, La paix des Némentchas, Esprit avril 1957, Itinéraire, Minuit, 1962 ; Pierre Vidal-Naquet, Les crimes de l’armée française, La Découverte, 2001, p. 56-62.


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