Decazeville. Les lycéens grévistes accusent la direction du lycée de les priver de cantine et de leur interdire l’accès à l’internat.

Moins de neuf mois après leur dernière manifestation pour dénoncer le projet de réforme des lycées, les élèves du lycée de la Découverte de Decazeville sont repassés à l’action. Les rapports sont très tendus avec la direction du lycée.

Déjà mercredi, ils étaient environ 150 élèves à se masser devant les grilles de l’établissement. Hier, le même nombre a bloqué l’entrée de l’établissement. « Les élèves demi-pensionnaires ont été interdits de cantine mercredi midi et hier midi, explique Youns Yousfi, élève en BEP outillage. Les internes, eux, ont été menacés de se voir refuser l’accès à l’internat s’ils persistaient dans leur mouvement de grève. Leurs parents ont tous été appelés. »

Hier, les lycéens decazevillois ont obstrué l’entrée du lycée en laissant toutefois passer les élèves non grévistes et les professeurs.

Ces deux journées d’action pour sauver l’histoire-géographie en terminale scientifique et évoquer aussi des problèmes locaux comme l’avenir de la filière STI sont, à Decazeville, en train de se transformer en petite révolution. « Malgré les pressions, on ne baissera pas les bras, souligne Youns Yousfi. À midi les demi-pensionnaires, à qui on a refusé l’entrée du réfectoire, se sont entendus dire d’aller se plaindre à la police. On a été obligés de se cotiser pour manger des sandwiches. M. Reuilles, premier adjoint au maire de Decazeville, est venu nous voir et nous a dit que si la direction du lycée refusait l’accès à l’internat, il nous trouverait une solution d’hébergement. On a bloqué toute la journée et ce matin, on défilera dans les rues de Decazeville entre 9heures et 10 heures. Ensuite, une délégation se rendra au LEP d’Aubin pour rencontrer le recteur et l’inspecteur d’académie de l’Aveyron. »

Ces pressions évoquées par les lycéens n’ont été ni infirmées ni confirmées par la direction du lycée qui a refusé de nous répondre hier. Pour leur part, les professeurs se sont dits choqués par ces « méthodes » dont leur ont parlé les élèves et comptaient bien les évoquer hier soir en conseil d’administration. L’onde de choc s’est répercutée jusque chez les élus locaux. « Je m’interroge sur la manière dont la direction du lycée gère ce conflit, a indiqué hier Pascal Mazet, élu decazevillois en charge de la jeunesse. Elle met la pression aux jeunes et aux parents en menaçant les internes grévistes de les virer de l’internat. Par ailleurs, refuser l’accès au réfectoire me semble une atteinte aux libertés. Ces élèves ont le droit de manifester et de s’exprimer. »

La venue programmée ce matin à Aubin d’Olivier Dugrip, recteur de l’académie et de Christian Patoz, inspecteur d’académie de l’Aveyron, risque d’être mouvementée.

Patoz : « L’internat n’est pas un hôtel »

Christian Patoz,, inspecteur d’Académie de l’Aveyron argumente sur trois points à savoir l’accueil à la cantine, l’internat et le fait que les parents d’élèves aient été avertis.

Sur ce dernier point, Christian Patoz explique « qu’il est de notre devoir d’avertir les parents que des enfants mineurs placés sous notre responsabilité sont dans la rue. » Concernant les refus des demi-pensionnaires à la cantine, l’IA de l’Aveyron a indiqué que « si les lycéens ont le droit absolu de manifester, ils ne peuvent s’absenter de cours toute la matinée et se présenter ensuite au réfectoire. S’ils ne sont pas en cours, ils sont forcément comptabilisés absents et il est impossible de leur préparer des repas. »

Sur le sujet de l’internat, l’IA ne s’est pas déclaré « surpris par l’attitude de la direction du lycée. L’internat n’est pas un hôtel. C’est un choix des familles et de l’élève. »

Néanmoins, aucun interne ne devrait passer la nuit dehors puisque Christian Patoz affirmait hier que « si un interne gréviste réintégrait hier soir l’internat en stipulant qu’il ne prendrait plus part au mouvement ce matin, il serait accueilli avec bienveillance. »