Prises de position sur l’idée avancée par Ségolène Royal de "jurys citoyens" tirés au sort, jugeant l’activité des élus

mercredi 25 octobre 2006.
 

COMMUNIQUE DE PRESSE d’André LAIGNEL, Secrétaire général de l’Association des Maires de France

« En proposant qu’ « un jury populaire » juge l’action des élu(e)s, Mme ROYAL fait reculer les frontières de la République.

La République, c’est la Démocratie c’est-à-dire le vote du peuple dans son ensemble et non « par tirage au sort ». Cela reviendrait à substituer le sondage au suffrage universel. Juger à intervalle rapproché, ce serait abandonner l’intérêt général aux humeurs et aux modes.

"la démocratie et la République, c’est le suffrage universel"


Réaction de Laurent Fabius parue dans le Parisien / Aujourd’hui en France du 24 octobre 2006.

La démocratie participative, beaucoup d’élus la pratiquent, à juste titre, depuis longtemps : écoute de la population et des associations, conseils de quartiers, comptes rendus de mandats...

Personne n’en a le monopole. Il faut savoir se remettre en cause et innover dans ce domaine. Mais utiliser la démocratie participative pour démolir la démocratie représentative serait une faute. Le juge de paix s’appelle le suffrage universel. C’est la différence entre la démocratie et la démagogie.


L’instauration de jurys populaires ne pourrait que conduire à une remise en cause de la démocratie représentative

Pierre AIDENBAUM, maire du 3ème, Serge BLISKO, maire du 13ème, Pierre CASTAGNOU, maire du 14ème et Michel CHARZAT, maire du 20ème, expriment leur stupéfaction devant la dernière proposition de la candidate à l’investiture socialiste

La dernière proposition de la candidate à l’investiture socialiste visant à instaurer des jurys populaires nous surprend, car, derrière des termes flous, elle signifie une remise en cause de certains principes fondateurs de notre République : le suffrage universel et la légitimité de ses élus.

En tant que maires d’arrondissement, nous lui rappelons, à toutes fins utiles, que les Conseils de quartier, que nous avons mis en place, sont des instances « populaires ». Est-il vraiment utile d’en créer d’autres ?


Mme Royal propose une "surveillance populaire" de l’action des élus (Le Monde - édition du 24 octobre 2006)

Pour Ségolène Royal, "un projet présidentiel se noue avec le peuple pendant la campagne électorale". Mais déjà la candidate à l’investiture du PS, invitée dimanche 22 octobre à la Cité de la réussite, à la Sorbonne, a son idée sur "la façon dont (elle) entend répondre à la crise démocratique dans le pays" - crise "morale, politique" mais aussi "crise du résultat". Interrogée sur la responsabilité des politiques, Mme Royal a ainsi évoqué l’hypothèse d’une "surveillance populaire" de leur action. "Il n’y a pas d’évaluation au long cours. Or c’est une demande profonde des Français, a-t-elle souligné. C’est pourquoi je pense qu’il faudra clarifier la façon dont les élus pourront rendre compte, à intervalles réguliers, avec des jurys citoyens tirés au sort."


« Un vocabulaire de dénonciation lourd de dangers et d’irrationnalismes » (Libération - 24 octobre 2006)

Professeur de sociologie politique à Paris-I, Pierre Birnbaum est l’auteur du Peuple et les gros, histoire d’un mythe (Pluriel).

Ségolène Royal prône des « jurys populaires » pour « surveiller » les élus, c’est du populisme ?

Comme lors des présidentielles de 1995 et de 2002, nous traversons une période de mise en accusation des élites dirigeantes. Les scandales économiques, l’affaire Clearstream... tout cela alimente un contexte favorable à la dénonciation d’élites supposées ne pas remplir leur mission aux yeux du peuple. Mais l’idée de « jurys populaires » introduit autre chose, elle va au-delà du vocabulaire utilisé par Pierre Rosanvallon sur la « contre-démocratie » . Rosanvallon évoque des « agences citoyennes de notation » des politiques, ce qui est un terme relativement neutre. Ségolène Royal fait sien un vocabulaire de dénonciation qui surprend par ses connotations historiques. La « surveillance populaire » évoque irrésistiblement les jurys populaires, les démocraties populaires, un recours à la base lourd de dangers et d’irrationnalismes.

Utiliser la démocratie participative pour démolir la démocratie représentative serait une faute

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