À l’université de Vienne, la contestation fait péter l’Audimax

dimanche 22 novembre 2009.
 

Fait rare, les étudiants autrichiens envahissent les universités. Ils sont même massivement soutenus par l’opinion publique. Les étudiants du reste d’Europe les suivent aussi.

La paisible Autriche est secouée par un vent de colère. Depuis le 21 octobre, les étudiants occupent l’Audimax, le grand amphi de l’université de Vienne. Initialement, une centaine d’entre eux protestaient.

Ils sont désormais plusieurs milliers, rejoints par le personnel des universités et les chercheurs, soutenus par l’opinion. Les salles de cours vivent au rythme de la grève et des manifestations, très médiatisées. « 

C’est étonnant de voir la façon dont les étudiants ont réussi à mettre en place cette communication », témoigne Lucile Dreidemy, doctorante à Vienne et assistante de recherche à l’Institut d’histoire contemporaine.

À l’origine, le mouvement spontané contestait la dégradation de l’enseignement public et l’introduction du numerus clausus, limitant le nombre d’inscrits par spécialité. En remettant ce concept au goût du jour, le gouvernement (l’ÖVP, droite conservatrice, alliée au SPÖ, sociaux-démocrates) a réveillé un monde estudiantin qui n’avait pas pris les rues depuis 2000, lors de l’entrée au pouvoir de la droite populiste. C’est elle qui avait mis en place des droits d’inscription.

« Le SPÖ, en 2006, avait promis l’abolition de ces frais qu’il n’a appliquée qu’à la rentrée du second semestre 2008 », explique la doctorante. Mais en introduisant, dans le même temps, des quotas de places. Les étudiants, eux, veulent plus de moyens, un enseignement général et pas uniquement professionnalisant, démocratisation et meilleur financement des universités. Au fond, ils mettent en cause le processus d’harmonisation européenne des études, le « processus de Bologne », entré en vigueur cette année en Autriche.

Pourtant, l’actuel ministre de la Recherche et de la Science, le conservateur Johannes Hahn, qui proposait 34 millions d’euros pour les universités, une goutte d’eau face aux besoins (150 millions), est pressenti pour devenir commissaire européen. Le 17 novembre, plusieurs milliers d’étudiants battaient le pavé dans la capitale et les grandes villes du pays, avec, pour mot d’ordre : « L’éducation n’est pas à vendre ». Les Allemands, les Italiens aussi reprennent maintenant en chœur ce slogan.

Fabien Perrier


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