Réponse de Jean Luc Mélenchon au communiqué du PCF

samedi 24 octobre 2009.
 

Il est donc spécialement lamentable que des dirigeants du Parti communiste n’aient retenu de toute ma démonstration sur le dossier Sarkozy que ce que j’ai répondu à une question du journaliste Samuel Etienne à propos de ma candidature en Ile de France. On voit bien que la question était destinée à me mettre au pied du mur de la virulence de mes accusations contre le pouvoir de droite.

Le texte ci-dessus et ci-dessous de Jean-Luc Mélenchon fait suite sur son blog à l’argumentation qu’il avait développé sur France 3 dimanche 18 octobre concernant Jean Sarkozy et la Défense. Vous pouvez en prendre connaissance en cliquant sur le titre ci-dessous :

[Sur la Défense et la candidature de Jean Sarkozy]

Pouvais-je faire moins que de me dire disponible pour mener une bataille dont j’annonçais qu’elle nous confronte au plus haut niveau de l’Etat ? Aurais-je dû tourner autour du pot avec des formules en langue de bronze qui ont déjà tué l’expression de tant d’autres ?

Le communiqué du PC est assez offensant. Volontairement, je le crains. Je suis obligé d’y répondre pour ne pas laisser accréditer les sottises qu’il contient. Evidemment je le déplore, car c’est courir le risque d’une escalade absolument inutile qui affaiblit notre crédibilité collective. Lisez : « Quant à la deuxième déclaration de candidature du premier responsable du Parti de Gauche en une semaine, cette fois en Ile-de-France, elle apparaît peu acceptable du point de vue du respect mutuel due aux partenaires et à leurs militants. La démocratie et la concertation sont préférables à l’auto proclamation » explique le communiqué. Avant de parler de la « deuxième » déclaration de candidature parlons de la première. Il s’agit d’une information donnée par le journal « l’Express » et reprise par le journal « Midi Libre » à propos du Languedoc Roussillon, face à Georges Frèche. Je n’y ai aucune part. D’ailleurs ma candidature est évoquée à l’heure qu’il est dans quatre régions. Et chaque fois un bon nombre de naïfs tombent dans le panneau de parler et de s’exprimer sur le sujet. Moi, je me tais, autant que je peux le faire sans devenir discourtois avec la presse locale. Quant à la « seconde » candidature, celle de l’île de France, je ne me suis pas davantage auto-proclamé.

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Tout ce que je vais dire se vérifie sur le site de France 3. Je raconte pour ceux qui n’ont pas le temps de s’y rendre. Pour répondre à la question de Samuel Etienne, j’ai commencé par lui demander avec le sourire de quelle région il s’agissait. Puis comme il évoquait, lui, Samuel Etienne, l’Ile de France voici ce que j’ai répondu : « si c’était possible, j’en serais (…). C’est clair il y a plein d’autres candidats parfaitement capables au PCF, PG, NPA … Cela m’intéresse, si on le veut. Mais je ne vais créer moi-même une bousculade… ». Alors ? Où est l’auto-proclamation là-dedans ? Et qui provoque la bousculade à cette heure ? De quoi s’agit-il ? De m’empêcher de dire que je peux faire une tête de liste performante dans une région dont j’ai été, moi, élu local et national pendant des années ? Ce serait un comble ! Je suis heureux que Patrick Braouzec ait pris spontanément un contact amical avec moi pour détendre l’atmosphère. Car sur quel ton venimeux m’a été faite cette absurde prise à partie !

BLESSE MAIS PAS EBRANLE

Je suis blessé, on le voit, par ces méthodes si éloignées de la bonhomie qui a été la règle de vie du Front de Gauche ! Mais je ne suis pas dupe de ce que cette bouffée doit aux circonstances. En fait, l’existence même du Front de gauche est en jeu ce samedi au conseil national du PCF. Peut-être est-ce un signe avant coureur qu’il n’y aura plus de Front de gauche dimanche. Car si le Front de gauche n’est pas présent dans des listes autonomes de l’autre gauche au premier tour il n’y a plus de Front de Gauche. Tout le monde le sait et le comprend. C’est de la politique simple. Nous, nous n’irons pas avec le PS au premier tour. Nous, bien sûr, nous serons autonomes, en toute hypothèse. Et nous agirons dans l’union avec d’autres car il est évident que c’est possible au vu des réunions du groupe de travail. Mais quel gâchis ce serait d’avoir à le faire sans le PCF, notre partenaire naturel ! Notre stratégie c’est le Front de Gauche d’abord. Avec en vue l’émergence d’une force politique nouvelle. Puis il y a l’alliance de toute l’autre gauche. C’est assez simple. S’il y a des embrouilles elles ne viennent pas de la complication du projet. Elles ont une autre source. Dans toutes nos formations des discussions âpres ont lieu. Quoi de plus normal. Rien n’est écrit dans aucun manuel sur ce qu’il faut faire. Nous créons un chemin totalement nouveau. Divers points de vue s’expriment et des compétitions de tous ordres sont ainsi engendrées. C’est le cas aussi à la tête du PCF. Rien de plus normal… Ce n’est pas mon affaire, à vrai dire. Mais faut-il pour mener ces débats s’en prendre à moi ? Je veux être respecté par ceux qui veulent que je les respecte. J’ai toujours su me donner les moyens de cette exigence. Peut-on fonctionner collectivement autrement ?

OU EN EST L’UNION DE L’AUTRE GAUCHE ?

Je viens au second argument de la prise à partie du communiqué du PCF. Je lis : « Jean Luc Mélenchon salue un accord pratiquement scellé entre le NPA, le PCF et le Parti de gauche. La vérité oblige à dire qu’un désaccord sérieux persiste sur la volonté de construire des majorités de gauche majorités de gauche excluant, certes, toute compromission avec le Modem, mais prenant toutes leurs responsabilités jusque dans les exécutifs, dans l’application des mesures qu’elles auront portées devant les électrices et les électeurs. » Ah bon ? Qu’ai-je dis ? Pour ceux qui ne peuvent aller le voir sur le site de France 3, voici le script du moment clef. On va voir que je n’ai n’a nullement évoqué « un accord pratiquement scellé ». J’ai répondu ainsi au journaliste Samuel Etienne : « vous pensez que nous n’y arriverons pas (à l’accord de toute l’autre gauche) ? Peut-être aurez-vous raison et que je n’y arriverais pas. Mais pour le moment ça avance bien ». J’ai ajouté que le NPA avait obtenu du PCF qu’il ne dise pas « toujours », à propos de la participation aux exécutifs et que le PCF avait obtenu du NPA qu’il ne dise pas « jamais ».

Cette présentation diplomatique est celle qui figure dans le compte rendu de la réunion du groupe de travail de toute l’autre gauche qui s’est réuni la semaine passé. Il est à noter que seul le PCF n’a pas signé ce compte rendu. Dire que les affaires avancent bien est une évidence que nul ne peut nier de bonne foi. En effet, le principe d’une fusion démocratique au deuxième tour avec Region-Ecologie et le PS pour battre la droite est acté. De même, les discussions en cours n’évacuent pas du tout la question des gestions des régions. Le NPA a bien validé dans le compte rendu de la réunion du Groupe de travail du 16 octobre la phrase suivante : « Tout le monde est à ce stade grossièrement d’accord sur la formule suivante : aucune des forces du groupe de travail ne dit « jamais par principe », aucune ne dit « toujours ». Il n’y a donc pas de refus de principe, dans toutes circonstances, de gérer les régions. Et nous, au Parti de gauche, nous sommes partisans d’examiner cette question au cas par cas, en tenant compte du rapport de force, du programme, de la distance au Modem (ce que dit également le PCF), et du déroulement de la campagne. Pourquoi ?

Ce que nous avons vécu à Poissy dans les Yvelines nous a en effet obligé à reformuler plus strictement notre position. Le PS a tout simplement refusé toute discussion entre les deux tours. Il considérait que notre soutien lui était acquis MODEM ou pas. Cette attitude a été encouragée par la fédération communiste qui lui avait donné son logo sans autre forme de procès dés le dimanche soir. Ce n’est pas notre conception. Le candidat socialiste nous a dit l’avant-veille du vote, après avoir tenu meeting et édité sa profession de foi sans aucun débat avec qui que ce soi, qu’il attendait le soutien de François Bayrou et qu’il avait déjà celui de Jean François Kahn et de CAP 21. C’est cela qui sera multiplié par autant de régions qu’il y aura de cas où le PS sera en tête de la gauche. Il ne peut être question de faire confiance par a priori à un tel partenaire ou à lui laisser penser que tout lui est acquis d’avance. De plus, la négociation devra être nationale. En effet on ne peut exclure des situations comme celle qui eut lieue dans la région Nord Pas de Calais lorsque fut élue présidente, par toute la gauche, Marie Christine Blandin qui avait pourtant recueilli 5% des voix des électeurs.


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