Nous sommes tous des salariés de France Telecom

samedi 17 octobre 2009.
 

La vague de suicides chez l’opérateur de télécommunications illustre l’échec de notre mode de vie et de travail, estime le quotidien de gauche athénien.

En l’espace de dix-huit mois, 23 salariés de France Télécom, société progressivement privatisée depuis 1997, se sont donné la mort. Le 11 septembre, une employée s’est tuée en se défenestrant, après un entretien avec son supérieur. A peine le nombre de victimes est-il mis à jour qu’un nouveau suicide est annoncé dans l’entreprise.

Avec la crise économique en arrière-plan, les raisons de ces actes désespérés ne sont pas à chercher bien loin, semble-t-il. Cette vague de suicides est un phénomène qui va très au-delà des personnes, de l’entreprise, voire de la France. En août, le ministère du Travail américain a annoncé que le nombre de suicides commis sur le lieu de travail était, aux Etats-Unis, en hausse de 28 % pour l’année 2008. [En tout, 251 suicides ont été recensés, le nombre le plus élevé depuis 1992 et l’apparition de statistiques sur le sujet.]

Il faudrait être aveugle pour ne pas voir dans la décision du gouvernement français de transformer à tout prix une entreprise publique traditionnelle en un groupe multinational lucratif l’une des causes de cette vague de suicides chez France Télécom. Mais, quitte à fermer les yeux sur ce point, il est impossible de nier que nous assistons actuellement en Europe à une accélération des privatisations, alors même qu’il est évident que c’est la dérégulation des marchés financiers qui a provoqué la présente crise.

Certes, France Télécom n’est pas une banque, et il lui faut batailler dur pour protéger ses parts de marché face à ses puissants rivaux dans le secteur de la téléphonie mobile. Pourtant, ce n’est pas là le fond du problème. Un an après l’effondrement du système financier, la quête de nouvelles valeurs susceptibles de créer un système plus respectueux de la personne humaine se révèle infructueuse. Les derniers mois ont permis d’en prendre conscience. Personne ne peut en effet nier que la façon dont nous vivons et travaillons aujourd’hui, dans ce système qui nous est imposé, est insatisfaisante et dépassée.

Roussos Varnas 


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