Législatives de Poissy : Douillet l’emporte. J’enrage ! (Jean Luc Mélenchon)

lundi 12 octobre 2009.
 

Législative partielle : David Douillet vainqueur à Poissy

Malgré les récentes polémiques sur l’affaire Frédéric Mitterrand ou sur la future nomination de Jean Sarkozy à la tête de l’établissement public de la Défense, l’UMP David Douillet a mis au tapis son adversaire, le maire PS Frédérik Bernard. Ce dimanche, le judoka a remporté l’élection législative partielle des Yvelines, à Poissy, avec près de 52% des voix.

David Douillet avait déjà réussi son premier tour en réunissant plus de 44% des suffrages, soit 23 points de plus que Frédérik Bernard.

Le sportif préféré des Français réussit donc son entrée en politique. Il était soutenu, entre autre, par Valérie Pecresse et un autre élu UMP des Yvelines, Pierre Cardo. Nicolas Sarkozy lui-même avait donné une résonance nationale à ce vote en l’évoquant dans son interview de vendredi au Figaro.

Le PS continue pour sa part de dénoncer le parachutage de David Douillet, nouveau député UMP des Yvelines et met en garde les Français contre une élection "en trompe l’œil".

Source : http://www.latribune.fr

« Notre candidat David Douillet a fait 45% au premier tour dimanche dernier. J’en tire la conclusion qu’il ne faut pas confondre le climat du milieu médiatique […] avec la réalité de la société française. » (Nicolas Sarkozy)

Législatives de Poissy : J’enrage ! (Jean Luc Mélenchon

Le rôle des médias

François Delapierre a fait en vingt jours de campagne un véritable tour de force de présence et de militantisme. Des dizaines de militants du PG sont venus lui prêter main forte, prenant tout sur leur temps disponible, aux côtés des militants communistes des villes de la circonscription, pour gagner, une par une, les voix des cités et des usines. Et, dans les faits, pour l’essentiel, cet effort a payé. Car nous faisons 7% à Plaisir, la deuxième ville de la circonscription et même 9% dans la troisième ville.

Mais nous échouons à Poissy où nous n’atteignons pas les quatre pour cent. C’est d’ailleurs la ville où la gauche fait son plus mauvais total. C’est la ville du maire socialiste allié au Modem, candidat en tête de la gauche dans la circonscription à l’issue du premier tour. Evidemment tout cela se déroule dans une circonscription traditionnelle de la droite. Quand même !

Mais le pire c’est cet océan d’abstention. Un gouffre, un abîme de désintérêt et de mépris pour la politique et ceux qui l’incarnent. Les médias de révérence ont pu jouer tout leur rôle malfaisant. Ils ont en effet fini de vider de toute signification politique la consultation en la réduisant à la célébration du « champion de judo » David Douillet, en spéculant sur le match entre Verts et socialistes, en pré-désignant les candidats « importants », en niant tous les autres, sans dire un mot, un seul, de ce qui pouvait les différencier, quels qu’ils soient, les uns des autres sur les dossiers locaux ou nationaux.

STUPEUR ET SANG FROID

Pour le deuxième tour, le candidat socialiste local, maire allié au Modem, un potentat méprisant, a envoyé son maquettiste ramasser les sigles des autres candidats de gauche, comme un féodal passant collecter son dû par ses vassaux à la Saint Michel. Comme il fut sincèrement étonné que celui du Front de gauche et du PG ne lui soit pas donné séance tenante ! Comme sa stupeur fut grande qu’on ait osé lui demander de certifier d’abord qu’il ne demanderait pas l’appui du Modem, même si le candidat de celui-ci est son adjoint à la mairie ! Aussitôt quels grands airs ! Pitoyable ! Mais la stupeur du hiérarque n’a pas fait pas perdre son sang froid à notre candidat. Pas d’engagement, pas de signature.

Lundi soir on apprenait que la profession de foi était partie chez l’imprimeur sans le moindre échange à propos de son contenu avec qui que ce soit. Seuls les naïfs qui acceptent de signer sans lire auront donc l’honneur de figurer sur le document de référence du deuxième tour. Quelle privation pour les autres ! On peut douter que ce soit performant. Mais pour les socialistes ce deuxième tour semble être une pure formalité. L’essentiel, pour eux, était d’arriver devant les Verts. Que ceux-ci ait progressé de douze points n’atteint pas la cervelle du saurien social démocrate. Que nous soyons passés des 2 % communiste à la précédente élection jusqu’à près de 5% pour le Front de Gauche n’atteint pas non plus ses camarades. Tout semble leur être indifférent. On comprend. La rente du « vote utile sans rien faire » ne peut plus fonctionner le jour où le monopole du deuxième tour leur échapperait. Cette fois ci encore, ils sont hors d’affaire. Ils respirent. Ils se déboutonnent. A quoi bon discuter, se disent-ils. Dont acte.

Mais nous, nous devrons en tenir compte, de toutes les façons possibles. Quarante huit heures après le vote, le cacique social démocrate de Poissy n’avait toujours pas appelé notre camarade François Delapierre. C’est fait depuis. Le jeudi. Deux jours avant le vote. Lisez le blog de François pour apprendre comment cette sorte de socialiste traite les gens qui devrait être ses partenaires. Avec nous peine perdue. Aucune intimidation n’a la moindre chance. Je recommande aux électeurs d’en tenir compte et d’étudier avec soin ce qui sera déclaré par ce candidat avant de lui faire confiance. En particulier, s’il s’acoquine vraiment avec le Modem, seul sujet sur lequel nous avons demandé des engagements qui nous ont été refusés, il ne faudra pas l’encourager par son vote. Quand on est de gauche on ne vote pas avec la droite pour élire son représentant au parlement.

LES MOINS BIEN PLACES

Et, encore une fois, ce cas des Yvelines doit faire réfléchir. En ce qui concerne le Parti de gauche il a été fait le choix de proposer la candidature de son délégué général. Un signal de l’importance que nous avons donné à ce test. Personne ne croit donc dans nos rangs que l’attitude de mépris des socialistes soit purement locale. D’autant que Claude Bartolone s’est lui-même impliqué dans le règlement de ce deuxième tour. Il s’agit là d’un dirigeant socialiste qui non seulement connait le terrain mais aussi la force de notre engagement sur cette élection symbolisée par la présence de François Delapierre.

Il est donc tout à fait logique de penser que le comportement arrogant et méprisant du pacha local est délibéré.

Il couvre les démarches pour faire sa jonction avec le MODEM. Et il s’agit de montrer que ceux qui résistent au coup de sifflet du PS n’existent pas. Vivre par faveur des sociaux démocrates est un statut que nous abandonnons sans problème à ceux qui en sont coutumiers. Si je le relève, c’est surtout parce qu’il est également très probable aussi que ce comportement soit celui que nous devrons affronter si les listes socialistes arrivent en tête aux élections régionales. Car il y a peu de raisons de croire qu’ils changent de comportement d’ici au deuxième tour de ces élections. Il est peu probable que ce soit dans un sens davantage rassembleur que ça va l’être dans cette circonscription des Yvelines. On peut en déduire que pour un deuxième tour ce n’est pas la liste socialiste qui est capable de rassembler le plus efficacement. Nous serons, nous, plus respectueux des autres, inclus les socialistes. Et sans doute les Verts seraient-ils eux aussi plus unitaires. Il faut y penser.

2) Au soir du premier tour Par François Delapierre

Source : http://www.francoisdelapierre.fr/au...

Résultats du 1er tour du 11 octobre 2009

I :71732

V : 21616

E : 21209

Abs :69,87 %

Bernard Huet (DVD) : 266 (1,3%)

David Douillet (UMP) : 9373 (44,2%)

Philippe Gautry (SE) : 432 (2%)

Alain Lipietz (Génération Ecologie) : 3144 (14,8%)

François Delapierre (Parti de Gauche):1032 (4,9%)

Frédérik Bernard (PS) : 4638 (21,9%)

Christophe Le Hot (Parti de la France):681 (3,2%)

Richard Bertrand (MoDem) : 1643 (7,7%)

Cette circonscription est historiquement fort ancrée à droite.

Les droites arrivent en tête dans un océan d’abstention. C’est le principal enseignement du premier tour. L’abstention frôle les 70% et le total des droites (UMP + Modem soutenu par le Nouveau Centre + divers droite + extrême droite) dépasse 58%. L’UMP a hélas réussi son opération. La candidature de David Douillet a désorienté une partie de l’électorat de droite qui s’est abstenu. Mais elle a aussi démotivé l’électorat de gauche qui ne s’est pas mobilisé pour le vote sanction auquel nous l’appelions. Au final, le paravent Douillet a fonctionné pour protéger Nicolas Sarkozy.

Le Front de Gauche enregistre une belle progression. Avec 5%, nous faisons plus du double du résultat de la candidate PCF en 2007 qui avait obtenu 2% des voix. Dans plusieurs communes on peut parler de percée : 6,5% à Plaisir, 9% aux Clayes-sous-Bois. A Poissy en revanche (3,7%), la candidature du maire PS et le climat de campagne municipale permanente a joué en notre défaveur. Une partie importante de l’électorat de gauche déçu est resté chez elle (le total gauche est très bas) et beaucoup de ceux qui se sont mobilisés ont sans doute pensé qu’ils devaient soutenir leur maire de gauche fortement attaqué par la droite et notamment son adjoint Modem.

Le second tour peut être gagné par la gauche. Face à une droite majoritaire au premier tour, ce n’est possible qu’en mobilisant les abstentionnistes qui sont souvent les premières victimes de la crise et de la politique du gouvernement. Il faut donc rassembler la gauche sur un projet clair de partage des richesses et de rupture avec les modes de production et de consommation capitalistes qui détruisent l’environnement. Nous avons rappelé dans cette campagne de premier tour que le Front de Gauche n’est pas favorable à une alliance avec le Modem qui a assumé dans cette élection un projet clairement à droite. Au second tour nous disons donc : rassemblons la gauche sans exclusive, rassemblons la gauche exclusivement.

J’attends maintenant de connaître les intentions de Frédérik Bernard. Les militants du PCF et du PG les examineront dans les prochaines heures. Je ferai connaître pour ma part ma position par voie de presse et accordant comme c’est normal la priorité aux rares médias qui m’ont donné la parole avant le premier tour (TV Fil 78, Yvelines Premières, Médiaseine et l’Humanité).

Compléments :

Election législative partielle dans les Yvelines : François Delapierre confronté au rabougrissement de la démocratie (par Jean-Luc Mélenchon)

Election législative des Yvelines : François Delapierre confronté à la chape du silence médiatique (par Jean-Luc Mélenchon)

Yvelines : des élections jouées fonction de la notoriété accordée par les médias ? (par Alexis Corbière)

Ce 11 octobre, avec François Delapierre qui a mené une campagne exemplaire pour la législative des Yvelines

3) Le combat s’annonce difficile pour David Douillet

Source : http://www.lepoint.fr

Les "Douillet au tapis" s’opposent aux "Douillet à l’Assemblée". Dimanche soir, dans la grande salle du Centre de diffusion artistique de Poissy, les électeurs s’affrontent à coups de slogans. C’est le premier tour de la législative partielle dans la 12e circonscription des Yvelines et David Douillet arrive en tête pour l’UMP avec 44,7 % des voix. Au centre de toutes les discussions, l’ancien champion de judo arrive à 22 heures, escorté du secrétaire général de l’UMP Xavier Bertrand et du toujours très joyeux député souverainiste Jacques Myard, "venu en voisin". Le champion olympique, qui semble un peu déboussolé, est finalement ovationné. Les cris de ses partisans couvrent ceux de ses détracteurs. Un peu en retrait, le "local de l’étape" parce que maire de Poissy, le socialiste Frédérik Bernard (arrivé second avec 21,9 % des voix), fustige une "droite mafieuse qui a fait la salle"... Et déplore la "peoplisation" du débat.

À cette accusation, formulée par l’ensemble de l’opposition, David Douillet rétorque être celui "qui répondra le mieux aux attentes des habitants". Frédérik Bernard ne veut rien entendre : "David il est gentil, mais on ne sait pas trop ce qu’il fait là. Nous avons une semaine pour convaincre les gens qui ont voté pour lui parce que ça fait bien, ça fait mode, qu’ils ont tort." Selon lui, les choses sérieuses commencent : "Il faut amener David Douillet à parler, à s’exprimer sur la politique du gouvernement, ce qu’il refuse pour l’instant de faire. Comme en Aïkido, on l’a attiré vers nous, maintenant il faut le faire tomber."

Les Verts ne réitèrent pas Rambouillet

D’ores et déjà, David Douillet s’est trouvé un excellent avocat. Pendant que lui répond aux télés, Xavier Bertrand, adossé à la tribune, répond aux attaques. Il sait que ses adversaires reprochent à Douillet d’esquiver les sujets nationaux : "David Douillet ne s’est pas présenté en candidat sans étiquette, mais comme le candidat de l’UMP." Ce débat là est donc clos. "Il est secrétaire national du parti en charge de la vie sportive, il assume. Sans compter qu’il aurait pu se présenter dans une circonscription plus facile, il ne l’a pas fait. C’est parce qu’il a un vrai sens de l’intérêt général." Si les 12 députés des Yvelines étaient jusqu’à présent de droite, il est vrai que le combat est loin d’être gagné pour le champion olympique. Dans cette circonscription, la condamnation du député Jacques Masdeu-Arus à dix ans d’inéligibilité pour corruption a laissé des traces.

Surtout que Douillet fera face à une gauche unie. Frédérik Bernard peut compter sur le soutien du troisième homme de la soirée, le Vert Alain Liepitz, qui appelle à voter pour lui. Le candidat écolo est toutefois déçu puisque, avec 14,82 % des voix (3e position), il est loin de réitérer l’exploit de Rambouillet : Il y a deux semaines, la candidate d’Europe-Écologie avait éliminé le PS dès le premier tour avant d’arriver cinq petites voix derrière l’UMP lors d’une législative partielle . Europe-Écologie voulait y voir la preuve d’une dynamique durable. Dimanche soir à Poissy, les acteurs de la gauche locale eux-mêmes y voient plutôt un cas particulier.

Par Charlotte Chaffanjon


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