Roman Polanski, Frédéric Mitterrand, prostitution homosexuelle et pédophilie

samedi 10 octobre 2009.
 

J’en profite maintenant pour dire quelques mots sur ce qui enflamme l’actualité : à savoir le livre de Frédéric Mitterrand et les ennuis judiciaires de Roman Polanski. Dans ce dernier cas, même si j’ignore les détails complexes du dossier, je suis mal à l’aise de voir que beaucoup de gens influents s’indignent devant les difficultés judiciaires de M. Polanski, certes immense artiste et réalisateur, alors qu’elles ne disent mot devant la brutalité de certaines décisions de justice qui frappent si rudement des gens modestes. Cet homme a droit à la justice, mais il n’est pas le seul. Par exemple, le jeune français Salah Hamouri est actuellement, depuis de longs mois, dans les prisons israéliennes car accusé de terrorisme sur la base de « preuves » très peu convaincantes, sans aucune réaction de la part du gouvernement de notre pays. Le Président Sarkozy a même refusé de rencontrer sa mère qui habite la région parisienne. Lors du dernier Conseil de Paris, notre vœu, à l’initiative du Groupe communiste et Parti de Gauche, de solidarité avec Salah a été rejeté par la droite et le PS. Peut-être que Polanski n’a pas eu droit a un vrai procès, et que la justice américaine est très expéditive (ce que je pense en mon for intérieur), mais il est difficile de défendre que le viol, si il s’est réellement produit, d’une jeune fille de 13 ans, et sans conséquence judiciaire, uniquement parce que l’auteur en est un artiste « génial ». Ce serait un simple ouvrier, le problème serait identique.

Mais, concernant la polémique autour de Frédéric Mitterrand, le débat est assez différent. Moi, je n’apprécie pas vraiment ce personnage, amateur de famille royale, dandy mondain et membre d’un gouvernement réactionnaire. Il doit être attaqué, et les autres membres du gouvernement, pour la politique qu’il mène. Mais ici, l’attaque ne porte plus sur la politique, mais sur des histoires de mœurs. Malaise. Marine Le Pen attaque un livre de Frédéric Mitterrand, au nom évocateur « La mauvaise vie », dans lequel, selon elle, il raconterait qu’il paye « des petits enfants thaïlandais » pour obtenir des relations sexuelles. Benoit Hamon, porte parole du PS, attaque lui aussi disant qu’il trouve le livre « choquant », « justifiant le tourisme sexuel » et souhaite la démission du ministre.

Depuis hier, cette histoire fait grand bruit effaçant d’ailleurs des médias toutes les attaques de la droite. Mais, je reste à mon sujet. Ce matin, en arrivant au lycée où je travaille, une collègue me dit être « choquée » par le fait que Mitterrand soit « fier d’être pédophile ». Je ne sais que dire. Durant une heure de pause, dans le quartier Bastille, je passe devant l’étal d’un bouquiniste et je vois cette « mauvaise vie » de Frédéric Mitterrand. Pour 2 euros, je l’achète. Le livre est un douloureux récit autobiographique de 350 pages, où l’auteur parle de son enfance, sa famille, sa passion du cinéma, et de la difficulté à vivre son homosexualité. Le chapitre nommé « Bird » est celui du scandale. L’auteur y raconte, de façon triste et franchement glauque, ses relations sexuelles avec un jeune thaïlandais qui se prostitue. Dans ce récit, il ne s’agit pas de pédophilie, mais de prostitution masculine homosexuelle. Il décrit son « partenaire » ainsi : « Il est presque aussi grand que moi et certainement plus solide, bâti comme les champions de Kick-boxing qui vous allongent en un éclair ». Pas un enfant donc, c’est clair.

Alors, que penser ? Pour moi, le malaise perdure. A mes yeux, la prostitution est un scandale abject, je suis un « abolitionniste », favorable à la condamnation des clients pour faire cesser ce fléau, mais ce n’est pas ce que dit la loi française actuellement, ni même ce que demande le PS à ma connaissance. Le fait de « consommer » une prostituée n’est donc pas un délit de nos jours, on peut le regretter mais c’est ainsi. C’est le racolage qui est interdit et le proxénétisme. Pas la peine donc, d’aller jusqu’en Thaïlande pour se « payer » un jeune homme. Le tourisme sexuel consiste à se rendre dans un pays pour profiter de choses illégales en France, et ce que décrit Mitterrand existe aussi en France. Si je m’attarde à ces détails, alors que je n’ai aucune sympathie pour ce sinistre bonhomme, c’est que je n’aime pas l’amalgame qui se forge autour de cette « affaire ». Non, la prostitution homosexuelle et la pédophilie ne sont pas la même chose.

La gauche doit critiquer po-li-ti-que-ment ce gouvernement, elle doit le faire avec fermeté. Pas de police des mœurs. Pas d’attaque approximative. Sinon, elle glisse sur un autre terrain… Et ce ne sont jamais les idées de gauche qui en sortent renforcées.

Nous mettons en ligne en même temps que cet article la dépêche de l’AFP reprenant les déclarations de Benoît Hamon sur ces sujets

Tourisme sexuel : Hamon (PS) "choqué" par Frédéric Mitterrand, "ministre consommateur"


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