Le président Zelaya est de retour au Honduras dans l’ambassade brésilienne en état de siège (4 articles)

jeudi 24 septembre 2009.
Source : Telesur
 

Communiqué du Parti de Gauche

L’Assemblée générale des Nations-unies, l’Union européenne et la France doivent activement soutenir le retour de Manuel Zelaya et de la démocratie au Honduras

Rassemblement de solidarité avec le peuple du Honduras à Paris le 28 septembre ( Place Saint-Michel, 19 heures)

Près de trois mois après le coup d’Etat dont il a été victime (28 juin), le président démocratiquement élu du Honduras, Manuel Zelaya, est de nouveau dans son pays depuis lundi 21 septembre.

Ce retour, qui correspond aux exigences de l’Assemblée générale des Nations-unies et de l’Organisation des Etats américains, est salué par le Parti de Gauche et toutes les forces démocratiques dans le monde.

Nous nous réjouissons de cette bonne nouvelle pour la démocratie.

Manuel Zelaya est actuellement accueilli par l’ambassade du Brésil (l’engagement brésilien indique le niveau de la solidarité politique dont le président hondurien bénéficie en Amérique latine). C’est de là qu’il s’adresse à la presse, à ses partisans, et à la communauté internationale.

Celle-ci, actuellement réunie au sein de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, doit confirmer son engagement - alors que certains gouvernements, notamment celui des Etats-Unis, entretiennent une large ambiguïté sur leur rejet du Coup d’Etat - en faveur du retour sans conditions de la constitutionnalité et de la démocratie au Honduras.

Elle doit le faire alors que le gouvernement putschiste de Roberto Micheletti a décrété le couvre feu général dans le pays et ne répond toujours pas aux propositions du président Zelaya - qui a demandé aux militaires de ne pas utiliser la force contre le peuple - d’ouvrir un espace de dialogue, sous l’égide de la représentation de l’ONU dans la capitale hondurienne, pour " faire face au conflit qu’entretient le groupe qui a fomenté le Coup d’Etat, et le résoudre".

Dans ce processus, l’Union européenne et la France doivent prendre toute leur part pour encourager le retour de la démocratie en Amérique latine.

La pression populaire se développe au Honduras malgré les mesures répressives imposées par le gouvernement putschiste. Il faut tout faire pour que ce dernier accède aux demandes du Président Zelaya.

Restons vigilants ! Le Parti de Gauche, présent dans les rassemblements de soutien au Président Manuel Zelaya démocratiquement élu et au courageux peuple hondurien depuis le 28 juin 2009, saura une nouvelle fois se mobiliser.

Il participera au rassemblement prévu à Paris le 28 septembre à 19 heures à la Place Saint Michel.

Joëlle Ellert et Christophe Ventura

1) Zelaya de retour au Honduras

Le président Manuel Zelaya est entré en territoire hondurien par voie terrestre. Après avoir échappé à toute une série d’obstacles pendant quatre jours, il a réussi à rejoindre la capitale, Tegucigalpa. Là, il s’est réfugié dans l’ambassade du Brésil, d’où il a demandé aux forces armées honduriennes d’éviter la violence et de maintenir la paix grâce au dialogue.

« À partir de maintenant, personne ne nous fera bouger d’ici, notre slogan c’est la patrie, la restitution ou la mort. Je veux vous témoigner mon engagement aux côtés du peuple hondurien. Je n’aurai pas une minute de repos tant que les dictateurs occuperont un poste qui n’est pas le leur. Les autorités putschistes pensaient pouvoir m’arrêter à la frontière, mais je suis là, bien en vie ».

D’après Telesur, le président constitutionnel du Honduras, Manuel Zelaya, serait arrivé lundi matin à Tegucigalpa. La chaîne d’information a d’abord annoncé qu’il se trouvait au siège de l’ONU où il devrait se réunir avec des représentants du gouvernement de facto, pour négocier une sortie de la crise politique que traverse le pays depuis le coup d’État du 28 juin dernier. Il a ensuite été confirmé que Manuel Zelaya se trouvait à l’ambassade du Brésil dans la capitale hondurienne.

Le président Zelaya a déclaré que son retour au Honduras répond à l’obligation de faire face au conflit qui secoue son pays depuis le 28 juin dernier et le coup d’État qui a permis l’installation d’un gouvernement de facto, avec à sa tête Roberto Micheletti.

« Mon retour relève d’un cas de conscience ; j’y étais obligé et j’en avais la responsabilité, appuyé par cette résistance pacifique qui a toujours caractérisé l’opposition au coup d’État. Il est nécessaire d’en finir avec l’isolement du pays, avec la crise politique, sociale et économique ; le viol de la démocratie par les putschistes en porte la responsabilité. Le Honduras ne peut être plus longtemps coupé de la communauté internationale, ni condamné par les organismes internationaux pour violations des droits humains ».

Zelaya a remercié le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, ainsi que son ministre des Affaires étrangères Celso Amorim, pour lui avoir ouvert les portes de l’ambassade du Brésil et « favoriser la lutte pour la démocratie en Amérique latine ».

« J’ai toujours été partisan d’une solution pacifique du conflit. La répression et la violence sont des méthodes qui n’existent plus au Honduras depuis plus de trente ans et le retour de la démocratie. Je rentre au pays aujourd’hui pour lui signifier que nous allons reconstruire la démocratie, pour dire aux Honduriens : la démocratie c’est nous, et personne ne doit nous la voler ».

À l’annonce de son retour au Honduras, le gouvernement de facto de Roberto Micheleti a décrété un nouveau couvre-feu national et la fermeture des aéroports internationaux du pays.

« Ils essaient d’intimider le peuple. D’abord ils déclarent l’État de siège parce que le président que le peuple a désigné pour gouverner est de retour. Ensuite ils ferment les aéroports pour s’assurer que le secrétaire général de l’OEA, José Miguel Insulza, ne viendra pas pour aider à résoudre le conflit. En réalité, les putschistes démontrent qu’ils ne souhaitent pas résoudre le conflit ».

Des milliers de manifestants se sont concentrés autour de l’ambassade du Brésil pour appuyer le retour de leur président. Lundi matin, les forces armées honduriennes ont d’abord demandé aux manifestants de se retirer, alors qu’un hélicoptère militaire survolait la zone. Mais les sympathisants de Zelaya ont indiqué qu’ils ne quitteraient pas les lieux. D’après Adriana Sívori de Telesur, ce mardi, à 5h30 du matin, la police hondurienne a commencé à déloger violemment des centaines de personnes qui se trouvaient encore autour de l’ambassade. Les forces armées étaient postées aux alentours de l’édifice afin de dégager la zone, conformément au couvre-feu décrété par Micheletti de lundi 16h à mardi 18h.

Hier lundi, Manuel Zelaya a enfin évoqué le processus électoral mis en œuvre par le régime putschiste, et prévu pour le 23 novembre prochain. « J’ai participé à douze élections avant d’être élu président du Honduras, et je me demande quelles peuvent être les intentions d’un candidat à la présidence lorsqu’il participe à une élection organisée par un régime putschiste, un régime qui a violé l’institutionnalité démocratique du Honduras. Qui peut reconnaître des élections qui émanent d’un régime qui réprime de nombreux secteurs de la population, qui oblige le président élu à s’exiler, qui publie des mandats d’arrêts contre les ministres d’un gouvernement légitime ? Pour quelles raisons un candidat veut-il être président ? Pour faire du tort à son peuple ? Nous voulons des élections libres auxquelles tout le monde puisse participer », a conclu Manuel Zelaya.

Enfin, les gouvernements de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) ont publié un communiqué officiel dans lequel ils appuient le retour du président constitutionnel du Honduras, Manuel Zelaya, à Tegucigalpa. Ci-dessous, l’intégralité du communique de l’ALBA.

2) Communiqué de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique

Lundi 21 septembre 2009

Les gouvernements de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique manifestent leur soutien au retour du président Manuel Zelaya au Honduras, et lancent un appel à la communauté internationale pour qu’elle appuie la décision assumée par le président légitime et constitutionnel de la République du Honduras, de reprendre ses fonctions présidentielles.

Le retour du président Manuel Zelaya au Honduras s’est fait dans le respect des décisions prises par l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique, par l’assemblée générale des Nations unies, par l’Organisation des États américains, par le Groupe de Rio, entre autres, et elle ouvre la voie à la restauration de la démocratie hondurienne, gravement affectée après le coup d’État du 28 juin 2009.

De même, les gouvernements de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique, conscients des continuelles violations des droits humains et des libertés fondamentales perpétrées par la dictature, prient instamment les gouvernements d’Amérique latine, de la Caraïbe et du monde, les organismes régionaux et internationaux, ainsi que les organisations et les mouvements sociaux, de réaliser des actions coordonnées qui permettent au gouvernement légitime de Manuel Zelaya de reprendre ses fonctions.

Enfin, les gouvernements de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique ratifient que le retour du président Zelaya doit se faire sans conditions et en conformité avec la volonté démocratique exprimée par le peuple hondurien qui, de manière souveraine, l’a élu président de la République du Honduras.

3) L’ambassade du Brésil au Honduras en état de siège

Par Gustavo Palencia et Anahi Rama

TEGUCIGALPA (Reuters) - L’armée et la police anti-émeutes du Honduras encerclent l’ambassade du Brésil, où le président déchu Manuel Zelaya s’est réfugié, dans un face-à-face qui menace de s’éterniser.

Plusieurs centaines de membres des forces de sécurité, certains cagoulés et armés de mitraillettes, ont fermé l’accès aux environs de l’ambassade, qui abrite Zelaya, sa famille et une quarantaine de ses partisans.

Zelaya a mis fin à trois mois d’exil lundi en rentrant clandestinement dans le pays dont il avait été chassé par un coup d’Etat le 28 juin.

Le gouvernement brésilien a promis de garantir sa sécurité à l’intérieur de l’ambassade et appelé le conseil de sécurité de l’Onu à se saisir de la question.

Dans la matinée de mardi, plusieurs centaines de policiers et de soldats ont chassé au moyen de gaz lacrymogènes les partisans de Zelaya qui s’étaient regroupés autour de la représentation brésilienne. On dénombrait trente blessés après cette opération.

Le dirigeant du Honduras porté au pouvoir par le putsch, Roberto Micheletti, a déclaré que Zelaya pouvait rester dans l’ambassade "pour cinq ou dix ans" s’il le souhaitait, annonçant à mots à peine voilés qu’il était prêt à maintenir un siège durable.

L’électricité et l’eau ont été brièvement coupés mardi, mais selon des témoins, de la nourriture a pu être livrée.

COUVRE-FEU PROLONGÉ MERCREDI

Les Etats-Unis, l’Union européenne et l’Organisation des Etats américains ont appelé au dialogue entre les deux camps, et demandent que Zelaya soit restauré dans ses fonctions.

Mais le gouvernement de facto a refusé d’assouplir sa position, et n’envisage pour Zelaya qu’un exil permanent ou un procès pour atteinte à la constitution.

"Zelaya ne redeviendra jamais le président de ce pays", a asséné Micheletti lors d’une interview accordée à Reuters.

Il s’est par la suite dit prêt à discuter avec le président déchu, si ce dernier reconnaissait en retour la légitimité de l’élection présidentielle prévue en novembre. Mais il a souligné que Zelaya devrait toujours comparaître devant la justice, ce qui réduit fortement les chances de négociations.

Le régime hondurien a exigé que le Brésil livre son protégé, ou qu’il lui accorde l’asile politique hors du Honduras.

Le couvre-feu imposé lundi soir, déjà étendu une première fois jusqu’à mardi soir, a été prolongé pour la journée de mercredi. Les aéroports, les écoles et les commerces de Tegucigalpa sont de ce fait fermés.

Selon la police, des pillards ont tenté de profiter de la situation pour cambrioler des magasins mardi soir.

"Je suis très inquiète, parce qu’il ne me semble pas qu’ils tentent de dialoguer. Il n’y a plus que du désordre et du chaos", a déclaré Karen Agustia, une habitante de Tegucigalpa âgée de 32 ans.

Le 28 juin, l’armée avait chassé Zelaya du pays en l’emmenant de force à l’aéroport, après que la Cour suprême avait demandé son arrestation pour enfreinte à la Constitution, en l’accusant d’avoir voulu supprimer la limitation du nombre de mandats pour se maintenir au pouvoir.

Zelaya a rejeté cette accusation et assuré qu’il n’avait pas l’intention de rester en place après la fin de son mandat en janvier 2010.

Dans les derniers mois de son mandat, son rapprochement avec son homologue vénézuélien Hugo Chavez lui avait aliéné les milieux d’affaires honduriens, ainsi que l’opposition conservatrice et même une large frange de son parti de gauche.

Version française Gregory Schwartz


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