Face à la politique que mène Sarkozy de destruction des acquis sociaux, promouvoir des listes autonomes de rassemblement sur des projets régionaux qui doivent être de vrais projets de rupture, à la fois sur les questions sociales, environnementales et économiques (interview de Patrick Braouzec, député PCF de Seine Saint Denis)

vendredi 18 septembre 2009.
 

Comment voyez-vous la situation au PCF à quelques mois des Régionales ?

Par manque de clarification lors du dernier Congrès, on se retrouve dans une situation où il n’y aura pas de stratégie nationale pour les prochaines élections régionales. Il y a eu effectivement une vraie volonté de la direction nationale de partir au premier tour en allant un peu plus loin que le Front de Gauche, en rassemblant des forces politiques diverses, y compris des associations, des collectifs, des réseaux, la « Fédération »… Mais, aujourd’hui, dans un certain nombre de Régions, des alliances dès le premier tour avec le PS sont en train d’être scellées. La direction sait que cette situation sera difficilement réversible. Mais pourquoi ne pas l’admettre ! Il ne faut surtout pas reporter à la fin novembre la décision finale, et notamment la possibilité, a contrario, là où les choses sont mûres, de promouvoir des listes autonomes, de rassemblement, au premier tour, car plus on attendra, et moins on créera les conditions d’un rassemblement d’un type nouveau capable de peser sur l’échiquier politique. Europe Écologie démarche actuellement des associations pour reproduire à une autre échelle ce qu’ils ont fait aux Européennes !

Pourquoi souhaitez-vous de telles listes autonomes au premier tour ?

Si dans chaque Région on peut tirer un bilan plutôt positif des différentes majorités de gauche composites, je pense que nous ne sommes plus du tout dans le mêmes contexte : entre 2004 et 2010, il y a eu l’élection de Sarkozy. Face à la politique qu’il mène de destruction des acquis sociaux, les projets régionaux doivent être de vrais projets de rupture qui s’opposent à la « rupture sarkozyste », à la fois sur les questions sociales, environnementales et économiques. Nous ne pouvons pas être dans le simple prolongement de ce qui a été fait, et nous avons l’occasion de remobiliser l’électorat populaire qui a boudé les urnes au moment des Européennes.

Justement, une liste autonome en Ile-de-France serait-elle envisageable ?

Nous sommes dans la Région la plus riche d’Europe, dans laquelle les inégalités sociales et territoriales ne font que s’accroître depuis dix ans, et le mouvement va en s’accélérant. Face à ces enjeux, nous avons l’occasion de rassembler des forces très diverses allant peut-être du NPA – il ne faut pas les exclure d’emblée – jusqu’à des socialistes insatisfaits par leur parti, sur les questions de logement, de solidarité, de services publics… Quelle métropole voulons-nous pour demain ? Quel type de développement, de croissance ? L’idée est d’avoir un projet autour de cinq adjectifs symboliques : une Région populaire, solidaire, écologique, citoyenne et dynamique ! Nous devons travailler à un projet situant la Région à la fois comme une force de résistance à la politique de Sarkozy, mais aussi comme une force d’innovation, par l’intermédiaire de politiques qui promeuvent un autre type de développement, de solidarité, de rapport à l’environnement, de croissance. Proposer un autre modèle de métropole.

Bref, il s’agirait de porter un véritable projet à l’échelle régionale…

La meilleure façon de se positionner par rapport à d’autres échéances est bien de répondre à la question posée au niveau régional. La force d’Europe Écologie lors du dernier scrutin est d’avoir été sur le bon créneau : ils ont su répondre à la question de l’Europe. Si l’on veut être crédible au niveau national, soyons le déjà dans un projet régional qui pourrait être les prémices d’un projet plus global… La direction devrait acter aujourd’hui qu’il n’y aura pas de stratégie nationale. Ceux qui vont partir au premier tour avec le Parti socialiste prennent une longueur d’avance. Plus on retarde, et plus on pénalise ceux qui sont porteurs d’un projet alternatif. Et je sais que l’Ile-de-France a besoin de rupture.

La direction du PCF semble vouloir « transformer dans la continuité », n’est-ce pas illusoire dans les années à venir ?

Je pense que la forme parti comme modèle d’organisation est dépassé. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas des organisations politiques, et je revendique le fait qu’il y ait une organisation communiste autonome qui porte un projet de transformation de société dans un réseau plus vaste de forces alternatives. Mais au PCF, il y a toujours quelque part, et même s’ils ne l’affirment pas comme cela, l’idée du « parti guide » autour duquel on va constituer le rassemblement. Le PCF ne se vit pas encore comme « une » des forces de rassemblement traitant d’égal à égal avec d’autres forces et d’autres réseaux. Ce n’est pas le parti communiste que je mets en cause, mais son organisation pyramidale, verticale, alors que notre société est beaucoup plus horizontale et tranversale, fonctionnant en réseaux et à partir des territoires.

Interview dans Témoignage Chrétien du 10 septembre 2009

Propos recueillis par Marc Endeweld.


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