"Chez Les Verts, des compromis, il y en a eu beaucoup trop" (interview de Martine Billard)

dimanche 6 septembre 2009.
 

L’université d’été du Parti de gauche a débuté vendredi 28 août à Clermont-Ferrand. Entretien avec Martine Billard, députée de Paris qui vient de quitter Les Verts pour se rapprocher de la formation dirigée par Jean-Luc Mélenchon. Un rapprochement qui, apparemment, se fait sans « aucun regret »…

« Il y a chez Les Verts un assèchement intellectuel total ! »

Désormais doit-on dire Martine Billard, membre du PG ?

Martine Billard : Non, je n’ai pas ma carte. Avec Paul Ariès (théoricien de la décroissance et rédacteur en chef du journal Le Sarkophage, ndlr), nous avons simplement lancé un appel pour la constitution d’un Parti de gauche écologiste. Il y a pour l’instant une centaine de signatures. Certains des signataires ont déjà démissionné des Verts, d’autres le feront quand la liste sera rendue publique et d’autres avaient été déjà exclus en 2005, soit sur la question du TCE, soit sur le cas Bové. À ceux-là, il faut ajouter des militants issus d’autres forces politiques.

Mais vous êtes pour ainsi dire l’invité d’honneur de cette université d’été. On a l’impression que vous êtes présentée comme une « prise de guerre » du PG ?

« Prise de guerre » ? C’est la presse qui dit ça. C’est une expression un peu militariste et, surtout, un peu trop méprisante à mon goût. Déjà, il ne s’agit pas d’une démarche individuelle mais d’une démarche collective. Notre histoire se terminait chez Les Verts. Aujourd’hui, nous ouvrons des discussions avec le Parti de gauche et nous attendons de voir si nous pouvons peser sur son programme. Pour l’instant, nous n’avons pas de divergences flagrantes. Quand par exemple j’écoute Jacques Généreux à la tribune, je me retrouve, il n’y a pas de problèmes. Après, il faudra voir une fois que les choses vont se cristalliser, si les idées qui sont retenues sont conformes à nos positions.

Vous avez, c’est certain, suivi de près les journées d’été des Verts à Nîmes. Ce rassemblement ne vous a-t-il pas fait regretter votre choix ?

Je n’ai aucun regret. Ça a même provoqué chez nous une sorte de cri du cœur du genre : « Nous avons fait le bon choix ! » Car ce qu’on a pu voir à travers ces journées d’été, c’est qu’il y a bien un projet politique en cours : un projet de recentrage, un projet porté par Daniel Cohn-Bendit, par les gens autour de lui, par « Gaby » Cohn-Bendit avec son association Les Amis d’Europe-écologie et par les proches de Nicolas Hulot. On sait comment ça va se terminer : ça va finir comme en Italie...

Cécile Duflot, lors de ce rassemblement a tout de même tenté de « gauchiser » un tant soit peu son discours pour faire contrepoids à celui de Daniel Cohn-Bendit ?

C’est sûr, certains d’entre eux sont capables de prononcer des discours très à gauche, d’écrire des tribunes très à gauche. Mais les pratiques, elles, ne suivent pas. Chez Les Verts, on trouve beaucoup de militants dans le domaine environnemental, un peu dans le domaine sociétal. Et dans le champ social : personne ou presque...

Vous ne regrettez donc pas non plus de vous être rapproché du PG ?

Non. Au PG, pour nous faire comprendre, fatalement, on est obligé de reformuler nos idées, de préciser notre pensée. Chez Les Verts, tout le monde rabache le même discours depuis des années : il y a chez eux un assèchement intellectuel total ! C’est simple : il n’y a plus d’intellectuels du tout ! Dans le domaine social, à nouveau, les Verts ont des idées pour ceux qu’ils nomment les « exclus ». C’est bien. Je ne vais pas dire le contraire. Mais au-delà des « exclus », pour les autres, ceux qui gagnent le SMIC ou un peu au-dessus du SMIC, qu’ont-ils à proposer ? Rien. Il n’y a pas de programme.

Le PG, en tant qu’artisan du Front de gauche, se fait le trait d’union entre le NPA et le PCF qui ont des points de vue très différents en matière d’environnement, notamment sur la question du nucléaire. La situation risque tout de même d’être délicate pour vous ?

Les alliances, grâce aux Verts, je connais ! Dans le cadre d’alliance, on est obligé d’avoir des désaccords. Le problème, ce n’est pas d’avoir ces désaccords, c’est de vouloir les cacher ou, pire, de chercher une position commune qui ne convient à personne. Et chez Les Verts, des compromis, il y en a eu beaucoup trop. Je vais peut-être passer pour un vieux croûton, mais si on cherche la force politique idéale, on ne fait rien…

Gérald Andrieu -


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