En Allemagne, la coalition au pouvoir des conservateurs et des socialistes choisit l’ultralibéralisme et un ultra TCE

lundi 24 août 2009.
 

L’actuelle grande coalition constituée de chrétiens-démocrates et du SPD, au pouvoir pour quelques semaines encore, vient de faire adopter par le parlement allemand un amendement constitutionnel qui limite le déficit public au niveau fédéral, durant un cycle économique, à 0,35% du PIB potentiel – un « ultra-Maastricht » en quelque sorte qui aura force de loi dès 2016. A partir de 2020, les 16 régions allemandes, les Länder, ne pourront plus contracter de dette.

Pour sortir de la crise, l’Allemagne s’oriente vers un choix radical : fini l’Etat social « à l’européenne », bonjour l’ultralibéralisme. Or, les élections au parlement allemand sont en septembre, et si l’on en croit les sondages, ce choix séduirait la majorité des Allemands, ce qui pourrait modifier fondamentalement le visage de l’économie européenne...

De bien mauvaises nouvelles nous parviennent d’Allemagne. Les sondages avant les élections au parlement, le Bundestag, de septembre 2009 indiquent que le pays serait gouverné dès cet automne par une coalition ultralibérale (CDU, CSU et FDP) obsédée par les baisses d’impôts, une flexibilité encore accrue des marchés du travail et une baisse des dépenses sociales.

L’actuelle grande coalition constituée de chrétiens-démocrates et du SPD, au pouvoir pour quelques semaines encore, vient de faire adopter par le parlement allemand un amendement constitutionnel qui limite le déficit public au niveau fédéral, durant un cycle économique, à 0,35% du PIB potentiel – un « ultra-Maastricht » en quelque sorte, qui aura force de loi dès 2016. A partir de 2020, les 16 régions allemandes, les Länder, ne pourront plus contracter de dette.

L’utopie mortifère d’une austérité perpétuelle pointe son nez, du Von Hayek tout craché !

Appliquées aux particuliers, ces nouvelles règles réserveraient la construction de maisons, l’achat d’appartements, de voitures et d’autres biens de consommation durables à quelques héritiers ou parieurs chanceux et aux cadres supérieurs ayant épargné auparavant. Tout développement porté par le crédit, stigmatisé, serait remis aux oubliettes.

Les ultras de la CSU bavaroise, comme Peter Ramsauer, annoncent d’ores et déjà un ambitieux programme fiscal pour la prochaine législature, un « programme éclair », dit-il, réalisé les 100 premiers jours. Il comporterait les décisions suivantes : forte baisse de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, baisse des droits sur les successions et, à l’horizon de 2012, réduction de l’impôt des particuliers. (Source : tagesschau.de du 06.07.2009)

On comprend donc l’aversion des responsables allemands, le « très » social SPD inclus, pour toute réponse, européenne et coordonnée, à la crise ou pour un « grand emprunt » à la Sarkozy :

Disons-le clairement, on veut en finir avec l’Etat social « à l’européenne »

Ce qui signifie réduire massivement le filet social car les recettes publiques, en forte baisse, combinées avec l’interdiction de recourir à l’endettement, même pour financer les investissements publics, ne laisseraient qu’une seule solution : le démantèlement massif de l’Etat social allemand. Car qui pourrait envisager, raisonnablement, que l’Etat allemand se prive de sa police, de son armée ou de ses enseignants ?

Les résultats d’une telle orientation, claire et nette, sont parfaitement connus : exportations allemandes de marchandises et de services en hausse massive ; exportation du chômage allemand grâce à un fort regain de compétitivité des entreprises allemandes payant moins de charges et d’impôts ; bref, une « beggar-my-neighbour policy » pur jus, avec, à la clé, ou l’implosion de l’euro ou un alignement des pays partenaires en Europe sur la stratégie allemande. Par-dessus tout, le risque d’une envolée du protectionnisme dans le monde s’accroît, car qui aura envie d’accueillir les « chômeurs allemands » chez lui ?

Merci, malgré tout, aux responsables allemands, d’afficher franchement la couleur… ! Le Pape allemand a beau plaider dans sa dernière encyclique « Caritas in veritate » pour plus de justice dans l’économie et la société, sur sa terre natale, on ne voudra pas l’entendre de cette oreille.

Retrouvez les articles de Hans Brodersen sur le blog Contre-feux


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